Chapitre 31 : La tombe dit à la rose

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Lanaya

 — Et Zayne t'a demandé de partir ? s'étonne Juliette quand je finis de lui raconter mon après-midi autour d'un bol de pop-corn. Tu n'as même pas pu l'accompagner ? 

Je secoue la tête. Le général a insisté pour se charger lui-même du jeune homme en pleurs. Et honnêtement, je préfère cela. Je ne voulais pas faire face à une personne en deuil. Je ne m'en sentais pas capable. Tout comme je refuse de me regarder dans le miroir....

 — Ca doit être le père de Kyle, ajoute-t-elle, plus sombrement. Un des plus grands soldats de Zayne. On dit qu'il a tué plus de Boches qu'il n'a de dents dans le bouche... Cela fait un moment qu'il semblait malade, mais ça s'est aggravé, il y a quelques jours...

Elle reprend un peu de pop-corn. 

 — Je n'imagine pas ce que ça fait de perdre quelqu'un si brutalement... Sans même avoir eu le temps de se préparer à lui dire au revoir. C'est fou de se dire que tout peut s'arrêter à tous moments... Le seul avantage à avoir été abandonnée par mes parents, c'est que je ne subirais jamais cette perte.

Je redresse la tête. Son yeux verts sont fixés sur le bol de gourmandises avec une concentration bien intense pour juste du pop-corn. Ca ne m'empêche pas de voir sa lèvre trembler et ses doigts tapoter la couette sur laquelle elle est installée. La seule personne capable de balancer une telle phrase au cours d'une conversation est Cameron. Mais, lui, il le fait pour déstabiliser son interlocuteur. J'ai l'impression qu'il s'agit ici plus d'un appel à l'aide. Je pose ma main sur la sienne. 

 — Tu veux en parler ? lui proposé-je gentiment. 

 Au moment où Juliette va répondre, la porte s'ouvre avec perte et fracas. Je roule pour nous mettre à l'abri entre le lit et le mur et porte la main à ma ceinture à la recherche d'une dague. Que je ne trouve pas. Pas de coup de feu, pas de dagues volantes. Un instant de silence. 

— Euh... Vous allez bien ? demande une voix féminine hésitante. 

— Sacré réflexe... bougonne Juliette en se redressant, la main sur son dos qui a dû rencontrer le sol avec brutalité. Mais la prochaine fois, préviens s'il te plait. Que je me prépare... 

Un sourire sur le visage, elle tente de donner le change, mais son expression est crispée. Et pas que par la douleur. Je me relève à mon tour. Mon cœur bat la chamade, encore biberonné à l'adrénaline. 

— Désolé... marmonné-je à son attention.

Christine et Eva, les deux amis de Juliette, m'observent comme si j'étais une bombe à retardement prête à leur exploser au visage. Mes poings se serrent, je me force à me calmer. 

Une inspiration, une expiration... 

— Vous faisiez quoi pour vous planquer comme ça ? nous demande Eva.

— Des trucs coquins ? renchérit Christine. 

Juliette pouffe en ramassant les pop-corn éparpillés sur le lit.

— Vous croyez que j'aurais laissé la porte ouverte si c'était le cas ? 

Je passe une main dans mes cheveux. Je dois absolument me détendre si je ne veux pas attirer l'attention.... Une inspiration, une expiration.

— Mais en parlant de ça... Comment ça avance avec Charlotte, Eva ? 

La jeune fille rougit en s'asseyant sur le lit avec sa soeur. Chris lui lance un regard pétillant de malice. 

— Elle ne nous confond plus, déjà ! J'ai essayé de l'avoir tout à l'heure et elle m'a salué par mon prénom. 

Eva continue de se triturer les mains, le regard fixé sur le drap soudain bien intéressant. J'esquisse un sourire amer. Le premier amour... On sait tous ce que c'est. L'image de Dante flotte dans mon esprit comme un bateau amené par le courant de mes pensées. Je le chasse avec regret. 

Alementa II- FlammeWhere stories live. Discover now