Alementa II- Flamme

Chapitre 30 : Testée

Lanaya 

— Merci pour ce que tu as dit et désolée de t'avoir entraîné là-dedans... s'excuse Juliette, visiblement embêtée, alors que nous nous éloignons de la maison dans laquelle je vais loger un moment.

— Tu as répondu à mes questions alors que les autres s'y refusaient, je te devais bien ça. 

— Ca été avec Anne ? J'ai vu Coralie rentrer dans la maison peu de temps après. 

Je hausse les épaules.

— Elle est venue me proposer diverses spécialités. 

Le visage de Juliette s'illumine et se tourne vers moi.

— Tu as choisi quoi ? 

— Médecine, lâché-je. 

Son enthousiasme retombe et sa bouche se tord dans une grimace déçue. 

— Oh, on ne sera pas ensemble dans ce cas... Je suis en commerce. 

Ca ne m'étonne pas. La reine des ragots sera servie. Nous traversons de nouveau la rue principale, plusieurs personnes nous saluent d'un signe de tête auquel je réponds d'un sourire de connivence. Je sens leurs regards nous détailler avec curiosité. Mais étrangement, je n'y lis que de la bienveillance. 

— Les profs, ils sont comment alors ? demandé-je.

Coralie a accepté que je commence ma formation chez les médecins, mais avant ils doivent vérifier la maitrise de mon don. Étant en bonne santé, la Sentimentale m'a enjointe si je le sentais à passer dès maintenant une leçon test. Plus vite j'en serais débarrassée, plus vite, je pourrais intégrer une équipe et faire ma fouineuse.

— Ça dépend. Tu es chanceuse ou non dans la vie ? 

Je me mords la lèvre et retiens les larmes qui me montent aux yeux. Au vu des dernières semaines, je pense pouvoir affirmer que la chance m'a tourné le dos. Elle m'a même fait un doigt d'honneur avant de m'abandonner.

— Pas vraiment... Pourquoi ? 

Juliette esquisse une moue compatissante sans se rendre compte de son impaire. 

— Parce qu'il y a deux profs de maîtrise. Cécilia, elle est humaine, mais très pédagogue et gentille. J'espère que tu tomberas sur elle.

J'espère surtout qu'elle sera compréhensive quand je lui expliquerai que je ne peux activer mon don. Je n'ai pas envie de me retrouver face à un nouveau cadavre. 

— De toute manière, il y a peu de chance que tu aies... 

Elle s'interrompt et s'arrête net si bien que je manque de la bousculer. Je suis son regard écarquillé vers un grand bâtiment. Plusieurs jeunes de notre âges en sortent, l'expression dépitée. Un homme est appuyé contre le mur et les observe se disperser. Son attitude altière ne me revient déjà pas. Une petite trentaine, les cheveux noirs en épis. Je ne vois pas ses yeux, mais la description que je peux déjà faire de cet homme entre en écho avec les mots de Juliette. 

— Zayne, j'imagine, lâché-je dans un souffle. 

La blonde acquiesce sans un mot. 

— Il devrait être à l'entraînement pourtant... 

Je vais répondre quand je sens le regard de mon futur entraîneur se poser sur nous. Il décolle son dos du mur et me fait signe de venir avant de rentrer à nouveau dans la salle. Je soupire. J'en connais un qui s'entendrait bien avec... C'est bien le truc de Cameron d'ordonner qu'on le suive sans une explication de plus. Juliette pose une main sur mon bras.