DIX-HUITIÈME JOUR.

156 11 6
                                    

Nous marchions sans nous échanger un mot depuis hier. Eden avait insisté pour veiller toute la nuit, il disait vouloir que je me repose, mais je le soupçonnais en réalité de ne pas vouloir dormir. 

Peut-être avait-il peur de faire un nouveau cauchemar ? Peut-être avait-il peur de son passé ? Et dans un sens je ne pouvais que le comprendre, qui ne serait pas effrayé par son passé ? Par la personne qu'il était auparavant ? 

J'étais curieuse d'en savoir plus, mais je n'osais poser aucune question, après tout cela ne me regardait pas, mais j'en mourrais d'envie. C'était comme si une force inconnue me poussait à vouloir tout savoir de lui et c'était quelque peu effrayant. 

Je le suivais et observais discrètement son dos. Il était grand et bien bâti, il possédait des muscles saillants que l'on pouvait deviner à travers son blouson. Le soleil se reflétait dans ses cheveux de jais. Il dut sentir mon regard sur lui puisque ce dernier se retourna vers moi.

- On devrait faire une pause, ça fait un moment qu'on marche et il commence à faire vraiment chaud.

Et c'était vrai, le soleil était haut dans le ciel et nous réchauffait un peu trop. Alors on s'assit et j'ouvris mon sac à dos dans le but d'en sortir ma gourde. Je l'ouvris et la portais à mes lèvres, mais rien. Elle était vide. Déçue, je refermai le bouchon et soufflai discrètement. 

Peut-être pas si discrètement que je le pensais, puisqu'Eden releva son regard bleu sur moi, puis le posa sur ma gourde. Il me tendit la sienne pour que je puisse boire. Je regardais à l'intérieur et remarquais qu'il ne restait presque plus rien. Et alors que j'allais contester et la lui rendre afin qu'il puisse boire, il me devança :

- Bois.

Mais il n'y en a pas assez pour nous deux. Lui répondis-je.

- Ce n'est pas grave, je peux attendre d'arriver.

Je ne contestais pas plus et bus le peu qu'il y avait. L'eau fraîche coula dans ma gorge et me fit un bien fou. Eden me regardait toujours alors je lui offris un sourire soulagé et le remerciai. Après quelques minutes, on se remit en marche.

- Tu penses qu'il nous reste combien de temps de marche ? Lui demandais-je.

- Environ une heure si je ne me trompe pas.

Je hochais la tête et ne dis plus rien pour économiser le peu de force qu'il me restait. Mes muscles commençaient à me faire souffrir. La fatigue, le manque d'eau et de nourriture se faisaient de plus en plus sentir.

Cela faisait maintenant dix-huit jours que je me trouvais dans la Réhabilitation et plus le temps passait et plus c'était dur, autant physiquement que mentalement. 

Je ne sais pas à quoi ressemblait ma vie d'avant, mais celle que j'étais actuellement en train de vivre était tout sauf simple. Elle était épuisante. 

En dix-huit jours, je m'étais fait des amis, certains que j'ai vu mourir, j'ai failli mourir plus d'une fois, je m'étais battue et j'avais tué. Chaque jour était une nouvelle épreuve, et si les créateurs de la Réhabilitation y prenaient un quelconque plaisir, ce n'était absolument pas mon cas. 

L'heure passa et je finis par apercevoir au loin les bâtisses en ruine du temple. Un poids s'enleva de mes épaules et un sentiment de soulagement pris place. Puis, ce fut l'inquiétude. 

Kayden était mort, et si Ava l'était aussi ? Comment ferais-je ? Et si elle était vivante, comment allais-je lui annoncer que Kayden était mort ? 

La RéhabilitationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant