CHAPITRE VINGT-DEUX

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Je n'étais pas retourné au dîner, après cela. J'avais préféré m'isoler toute la journée dans ma chambre. Alexios avait été contraint d'y retourner, mais il m'avait dit qu'il viendrait me voir dans la nuit pour que nous discutions de ce que j'avais découvert.

Je savais que je me faisais passer pour une femme détestable en ne me présentant pas à nouveau à la tablée. Mais je n'avais aucune envie de m'énerver contre eux. J'avais envie de hurler, de pleurer.

Si le dieu de la guerre était réellement mon père, pourquoi m'avoir menti toute ma vie ? J'avais tellement de questions qui se bousculait dans ma tête. J'en avais tellement que je n'arrivais pas à les organiser dans mon esprit. Tout était mélangé dans tous les sens.

Si Arès était mon père, le roi de Corinthe n'était pas le mien. Je n'étais pas une princesse. Mes frères n'étaient pas les miens. Ou du moins, je n'étais que leur demi-soeur. Et ma mère dans tout cela ? Savait-elle qu'elle avait trompé mon père avec un dieu ? Après tout, ma mère n'était probablement pas ma mère, puisqu'elle n'était pas une déesse.

J'avais l'impression d'être aussi vulnérable que le jour où Perséphone s'est faite enlever par Hadès pour aller dans les Enfers. J'avais l'impression que j'entrais dedans, et j'étais terrifié.

Toute l'après-midi et toute la soirée, je ne fis que réfléchir à cela, essayant de trouver une explication rationnelle à cette nouvelle. Et malheureusement, avec le dieu de la guerre brutal pour père expliquait énormément de chose sur mon comportement.

J'entendis soudain une porte s'ouvrir : c'était le prince. Il ferma rapidement la porte derrière et s'approcha de moi.

« Je ne pense pas avoir beaucoup de temps à te consacrer, Agria. Il va falloir que l'on réfléchisse vite et bien. » Me dit-il.

J'acquiesçai.

« J'y ai réfléchi, et j'ai une explication. » Dis-je alors. « Ça pourrait expliquer ma colère, et le fait que les dieux me protège. »

« J'ai repensé à ce que le roi d'Ithaque dit. Sur le prince Euryanax. »

Je fronçai les sourcils.

« Je ne veux pas que l'on... »

« Tu m'avais dit qu'il était très grand, et qu'il devait faire trois fois ton poids. Une enfant de treize ans ne peut pas pousser un homme aussi facilement. Et tu m'avais dit qu'il y avait facilement quelques mètres entre lui et le pieu. A mon avis, tu dois avoir une force comme celle d'Héraclès. »

Je levai un sourcil.

« Héraclès, vraiment ? Ne sois pas ridicule. »

« Ou alors il était avec toi. On sait que les hommes qui violent ses filles finissent par mourir. C'est peut-être le cas ici. Peut-être qu'il était avec toi. »

Ça pourrait être cohérent, mais je n'avais aucun souvenir que quelqu'un soit ici. Et je n'avais ressenti aucune présence avec moi ce jour-là. J'avais été seule.

« Et ta détermination à survivre et à te battre quoiqu'il arrive. Ça pourrait l'expliquer. C'est un guerrier, un vrai. Et toi, lorsque tu te bats, tu ressembles à une vraie guerrière. Ce n'est pas pour rien que l'on t'appelle la fille guerrière. »

« D'accord. » Fis-je alors en me grattant l'arrière de la nuque. « Admettons que tout ce que nous avançons sois vrai. Cela n'explique pas que le géant soit mort. »

« Ton deuxième parent est un dieu. »

Je levai les yeux vers le ciel.

« Dans ce cas, qui est ma mère ? »

Chroniques des Mythes Oubliés Tome 1 : La Fille des GuerriersWhere stories live. Discover now