Chapitre 22 - Naples : Cité perdue et rêves à déblayer

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— Nous y voilà.

Je plisse les yeux pour tenter de déceler quelque chose à travers les barreaux de l'imposant portail. Pour l'instant, un guichet me barre la vue, mais une pancarte me permet de certifier que nous sommes bel et bien arrivés à destination.

Pompei.

En souriant à mon voisin et nouvel ami, je retrace le fil de mes dernières péripéties. Après qu'il m'ait retrouvé coincé dans mon propre canapé et m'ait proposé de m'héberger, nous sommes allés chez lui. Grande a été ma surprise lorsque j'ai compris que son palier était juste en face du mien. L'octogénaire que j'imaginais écouter de vieilles chansons italiennes... C'était lui ?

Cette question laissée en suspens, nous avons pu faire connaissance. J'ai ainsi découvert que Leonardo, de son nom, est étudiant en biologie en première année de fac, originaire de Salerne, ville voisine rattachée au fameux club de foot de la Salernitana. Évidemment, les deux maillots de foot achetés pour mes frères n'ont pas échappé à son œil aiguisé lorsqu'il m'a aidé à porter mes affaires. Il était tellement fier que je n'ai pas osé lui dire que c'était une blague.

Quand il m'a demandé ce que je venais faire à Naples, je lui ai directement parlé de Pompéi. Il faut dire que cette visite m'enthousiasme particulièrement depuis que j'ai pu entrevoir les ruines romaines. Tout naturellement, il m'a proposé de m'accompagner pour y aller aujourd'hui. Je lui ai précisé qu'il n'y avait pas d'urgence, mais Leonardo m'a dit qu'il était en vacances et qu'y retourner lui ferait plaisir. J'ai donc accepté sans hésiter... 

Ce n'est qu'à l'intérieur de la zone protégée que j'aperçois les premières ruines. Pendant plusieurs centaines de mètres, nous longeons un immense mur d'enceinte en pierre, jusqu'à atteindre une entrée pour pénétrer dans la fameuse cité romaine.

Nous sommes accueillis par une cour rodée de colonnes sculptées. Je m'extasie déjà sur l'état des reliefs, encore si visibles, lorsque Leonardo m'encourage à suivre. « Il y a beaucoup à voir, tu verras », me dit-il. Je lui fais confiance et nous poursuivons notre chemin.

C'est en arpentant le site que je comprends la véracité de ses propos. La cité de Pompéi, ce ne sont pas juste des vestiges éparpillés dans un océan de poussière. Non, c'est une cité entière avec ses trottoirs, son système d'évacuation des eaux et même des rues rigoureusement numérotées...

— Si ce site archéologique existe encore aujourd'hui, c'est grâce à l'activité du Vésuve, m'explique Leonardo pendant que nous marchons. Si l'éruption de ce volcan a provoqué en son temps la mort des plus de quinze milles personnes qui n'ont pas eu le temps de prendre la fuite, c'est également elle qui a permis, en protégeant Pompéi sous une épaisse couche de cendres et de lave, de la préserver durant près de deux mille ans.

À ce moment, nous passons devant des sculptures en plâtre représentant des corps recroquevillés à terre. Intrigué, je tapote l'épaule de mon guide improvisé.

— Hé... Ce sont qui, eux ?

En se retournant, il me déclare d'un air enjoué :

— Oh, ça ? Tu as devant toi des reconstitutions des victimes de l'éruption dans l'attitude ou la mort les a surpris. Ces moulages ont été réalisés grâce à une technique innovante permettant de couler du plâtre dans des poches de cendres !

Choqué par ses paroles, j'ouvre et referme la bouche sans que le moindre son ne s'en échappe. Cette nouvelle découverte me fait froid dans le dos autant qu'elle me fascine. Ces empreintes sont donc de vrais corps de romains ayant vécu ici il y a près de deux mille ans ? Comment Leonardo peut-il m'expliquer ça avec tant de nonchalance ?

Samuel et l'air de l'incertain [Terminée]Where stories live. Discover now