La folie a toutes sortes de nuances...
Mais il se pourrait que Ella Sloane soit la plus pourpre d'entre elles.
Pour Zade Alridge, célèbre courtier qui a la bourse dans le sang, parier sa vie sur des actions est une chose qu'il fait tous les jours...
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- Bon, on s'y met ? Je vais être en retard pour mon coma, sinon.
La raillerie de Zade me force à m'obliquer un instant vers lui, alors que je tiens une liasse de billets entre mes mains.
On a toujours l'impression que les couleurs sont plus vives pour certaines choses. Comme les coquelicots dans un champ de blé, ou encore les étoiles dans un ciel teinté de l'encre la plus noire qui existe dans l'univers.
Cependant, les fleurs sont simplement rouges.
Et les astres, blancs.
Ça n'a rien de particulier, si on les sort de leur environnement.
Mais le sang de Zade sur les billets qu'on peine à ranger dans les sacs ?
C'est la chose la plus aveuglante que j'ai jamais vu.
La lèvre inférieure piégée entre ses dents, sans oublier la sueur qui s'égoutte avec frénésie le long de ses tempes, il est obligé de s'appuyer contre la plateforme en métal qui tenait la fortune, jusqu'à présent.
En effet... Il n'est pas loin du coma.
Je prends donc une rapide inspiration et abandonne ma tâche en marmonnant :
- Je t'ai pourtant soigné !
- L'enfoiré qui m'a tiré dessus ne m'a pas loupé. se défend Zade en essuyant son nez sur son épaule valide. Mais toi, si.
- Tiens bon.
Je remarque malgré moi que je ne dis pas ces mots avec un ton moqueur... Mais de la sincère inquiétude sort de mes lèvres que j'aurais toutefois préféré fermées. Heureusement pour moi, Zade n'y prête pas attention et se rapproche de l'ordinateur et de l'écran qui font défiler une série de graphiques et de chiffres depuis que nous sommes entrés dans le coffre-fort.
- Donc... C'est ça, n'est-ce pas ?
- Oui. Depuis que je connais Judd, il passe au moins une heure chaque soir et chaque matin dans ce coffre, à vérifier peu importe ce qui se trouve là-dessus.
- C'est un beau merdier crypté.
- Ce sont deux cent cinquante millions de dollars, persisté-je en plaquant ma paume sur l'écran, comme si c'était le trésor le plus cher que j'avais en ce monde... Et non les milliers de billets éparpillés au sol.
- Hm.
- Sors-les de là, Zade.
Il fronce le nez en reportant son regard sur moi et presse son index entre mes deux yeux.
- Je ne suis pas magicien, Ella. Réfléchis un peu ! Une chose que je ne peux certainement pas faire, c'est transformer ces chiffres en billets réels. Il va me falloir un compte annexe sur lequel faire le virement.
