Chapitre 12 : Deuil

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Sous les grognements peu chaleureux de Rant', Yollan préfère faire un pas en arrière. Dommage, j'aurais aimé assister à son démembrement et pouvoir dire que je n'y étais pour rien. Je hausse les épaules. C'est pas grave, je trouverai un autre moyen. Ce n'est pas comme si l'envie et les occasions allaient venir à manquer... 

— Je voulais savoir quel était votre plan pour la suite, demande-t-il entre les dents. 

Je l'observe un moment avec un intérêt, admiratif de son culot. Il pensait vraiment que je lui déballerais tout notre plan comme ça, juste parce qu'il le demandait ? Il ne veut pas non que je lui fasse une liste de toutes nos faiblesses, un résumé de nos vies et que je lui refile nos adresses respectives ainsi que la matière de nos murs pour y poser les bons explosifs ? Je comprends mieux comment, avec une telle subtilité, il a réussi à intégrer le Comité du Camp. 

— Je te le dirais bien, mais avoue que ça gâcherait un peu le suspense, répliqué-je, lui offrant mon sourire le plus hypocrite.

— Donc vous espérez qu'on vous suive à l'aveugle sans discuter ? Qu'on risque nos vies au hasard ? 

Il hausse volontairement le ton, mimant à la perfection l'ahurissement. Derrière lui, je vois bien que les deux gosses se sont arrêtés pour assurer les arrières de leur leader et aussi pour écouter, j'imagine bien. Je souffle et Rant' lâche un aboiement qui est bien plus que menaçant. Il est prêt à bondir. Le moindre mouvement qui ne lui revient, même de respiration, de la part d'Yollan lui suffira. 

Yollan n'est pas armé. En revanche, la jeune fille qui me fixe avec toute la haine du monde sur le visage l'est bien plus. Elle a failli m'asphyxier ce matin avant que je ne la touche avec de l'azalée. Sa main caresse le métal de son Colt Python, accroché à sa taille. Je la sens prête à dégainer également. Il est hors de question qu'elle touche à mon chien. J'ignore Yollan et soutiens son regard avec toute la moquerie dont je dispose pour concentrer son attention sur ma personne. Elle agrippe la cross de son arme avec vigueur mais son compagnon lui attrape le bras et secoue la tête. L'imbécile face à moi n'a également rien perdu de la scène. 

Lorsqu'il se retourne vers moi, je le vois près à entamer la dispute, mais une vibration dans ma poche arrière attire mon attention. Je fronce les sourcils. Il y a très peu de personnes qui ont mon numéro et encore moins, qui oseront le composer. Sachant que deux d'entre eux sont morts, cela réduit le champ des possibles à globalement cinq. Dont quatre qui sont censés être en mission et une qui ne m'appellera qu'en cas de pépin de majeur. Dans les deux cas, cet appel n'est pas de bon augure. Alors je plante sans plus de cérémonie le Sentimental, le laissant en tête à tête avec mon berger allemand et m'éloigne pour décrocher. 

— Allô ? 

— Cameron ? me répond une voix rauque et essoufflée. 

Je fronce les sourcils. La sentence est tombée. Gabriel. Il y a donc un problème avec la mission d'infiltration dans le FSG... Si le sauvetage de Dante a été avorté, le côté espionnage est toujours d'actualité et pourrait accoucher sur des informations plus qu'avantageuses. Cette infiltration ne doit pas échouer. Je réfléchis rapidement. Si tout s'est passé comme prévu, Nath doit avoir été capturé par le FSG, Gabriel l'a localisé puis échangé avec Jack qui avait pour mission de fouiller le centre avant que Camille ne le fasse revenir. Mais si Gab m'appelle, c'est que quelque chose a foiré.

— Qui veux-tu que ça soit d'autre ? je rétorque, attendant la mauvaise nouvelle.

— Camille est morte, m'annonce-t-il sans péridural, sans délicatesse, les larmes envahissant sa voix. 

Je me raidis instantanément. Merde. Je passe ma main dans mes cheveux et donne un coup de pied rageur dans les feuilles mortes. Fait chier... 

— Que s'est-il passé ? 

Alementa II- FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant