Chapitre 18

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    Les deux hommes l'escortèrent jusqu'à la salle du Conseil.

Une fois dans la pièce, ils firent asseoir Bianca sur l'un des fauteuils pourpres.


Toujours aussi perdue, Bianca examina cette pièce qu'elle voyait pour la toute première fois.

Elle était immense, illuminée par des lustres pendus au plafond. En son centre, se trouvait une sublime table formant un U, entourée de nombreux fauteuils poussiéreux, indiquant qu'ils n'avaient pas été utilisés depuis longtemps.

La jeune fille essaya de demeurer aussi stoïque qu'auparavant, malgré les lames qui s'échappaient de ses membres.

En réalité, elle était apeurée.

Et si ces hommes découvraient qu'elle était un monstre venu d'une région isolée de leur Terre ? Et si on l'avait justement abandonnée pour cacher cette anormalité. Peut-être que le jour où son précepteur l'avait retrouvée devant le château, elle aurait dû en réalité être tuée ?

Ces centaines d'interrogations se bousculaient en elle.


« Je vais chercher le Maître, indiqua Salvin à l'attention du Seigneur qui traversait la pièce de long en large. »

Le blond se dirigea vers la petite porte, et se retourna une dernière fois en direction de Bianca. Les lames brillaient à la lueur des lustres. Mais le reste de son corps demeurait immobile.

Les yeux de Salvin prirent, soudain, une teinte bleu océan, envoûtante, tels des vagues.

« Que lui faites-vous, s'enquit Abzal ?

Bianca sentit son regard être happé par cette lumière bleuâtre, et tous ses membres se raidirent, comme si une corde l'entourait.

-J'empêche la greffe d'user de son corps, expliqua-t-il. »

Abzal se raidit, mais ne s'opposa pas.

Une fois que le corps de la jeune fille fut totalement sous contrôle, Salvin quitta la pièce.


Le Seigneur se rapprocha davantage du corps de sa fille, avant de saisir une chaise et de s'asseoir face à elle. Bianca ne pouvait pas même bouger le cou, mais il lui restait l'usage de la parole.

« De quoi te souviens-tu, cracha Abzal ?

Ses pupilles frémirent légèrement.

-Pardon ?

-Tes souvenirs, reprit-il. Les as-tu trouvés ?

-Je ne comprends pas... »


Cette réponse lui suffit, et Abzal sentit une vague de soulagement. Si Bianca s'était souvenue de lui, elle n'aurait pu s'empêcher de lui poser des questions.

Il ne le souhaitait pas.

Abzal avait mis une année à faire un tant soit peu le deuil de sa fille. Il ne pourrait supporter d'endurer une nouvelle destruction.


Salvin descendit les escaliers de pierres à la hâte. Il parvint à un tunnel étroit, dont le bout était clos par une porte. Salvin s'avança, et ferma les yeux pour se positionner au creux de son cercle bleu.

« Ouvrez-moi », murmura-t-il dans une langue ancienne.

La marque en forme de C au creux de son poignet le fit grimacer de douleur, la sentant gonfler.

Visage de l'oubliOnde histórias criam vida. Descubra agora