Chapitre 7

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     Bianca se réveilla en hurlant.

Il lui fallut quelques minutes pour réaliser qu'elle se trouvait dans le lit, Magda à ses côtés. Comme habituellement.

Sa gouvernante se redressa sur les coussins gris, et caressa son visage blafard afin de la calmer.


« Je suis là Bianca, chantonna-t-elle. Tout va bien. »


La fillette reprit peu à peu son souffle. Les larmes dévalaient son visage, sans bruit.

La douleur dans ses paumes et ses plantes de pied ne cessait pas. Elle la brûlait, comme si l'entièreté de ses nerfs se contractait à la fois, irradiés par un poison intérieur.

Bianca repoussa vivement les couvertures, sous lesquelles elle ne put apercevoir que le liquide pourpre ruisselant de ses pores. Comme dans son rêve...ou son cauchemar.

Une odeur de fer emplissait désormais la chambre.

Mais sans inquiétude, Magda quitta le lit pour accompagner la fillette laver ses mains couvertes de son sang.


« Cela fait plusieurs fois que ça m'arrive, gémit la voix inquiète de Bianca.

Magda n'y réagit pas, se contentant de nettoyer ses mains dans un bol d'eau et d'argile.

-Quelque chose ne va pas, reprit-elle.

La gouvernante se retourna, attrapant plusieurs serviettes qu'elle imbiba d'eau brûlante avant de les déposer avec soin sur les draps de soie. Bianca la suivit jusqu'au lit.

-Magda, appela-t-elle, chancelante. Que m'arrive-t-il ?

La femme ne lui répondit pas.

-Est-ce que je suis malade, comme ma mère, interrogea la fillette ?

Cette fois, la gouvernante se retourna, son visage reprenant une expression douce et apaisante.

-Évidemment que non, mon ange. Il ne s'agit que d'un mauvais rêve. »


Toutes deux savaient que ce n'était pas que cela. Qu'il se passait autre chose, de plus profond. Le corps de la fillette était plus que malade,...il avait perdu une part de son humanité.


Une fois les serviettes ayant épongé la plus grande partie du sang, Magda entreprit de défaire les draps pour les laver une 4ème fois cette semaine-ci. C'était devenu un rituel.

Bianca l'observait en silence, passant machinalement ses doigts le long de son corps, cherchant désespérément la moindre coupure pouvant expliquer le sang.

Mais elle en était totalement dépourvue.

A la demande de sa gouvernante, elle quitta la pièce afin de laver son corps rougit. Tandis qu'elle passait un gant de toilette rugueux sur sa peau, Bianca ne cessait de fixer la chemise de nuit tachée de sang.

La nuit touchant à sa fin, elle choisit de se vêtir immédiatement d'une tunique d'un noir profond et de collants beiges.


Cependant, lorsqu'elle revint à la chambre de Magda, la porte de celle-ci était étrangement close. Les volets du salon étant encore baissés, Bianca put apercevoir une lumière verdâtre brillant sous la porte de bois. Un halo ne pouvant ni provenir d'une bougie, ni de la lumière du jour.

Surprise, la fillette s'approcha davantage, jusqu'à coller son oreille contre la poignée de fer. A l'intérieur, elle entendait Magda murmurer, mais dans un langage qu'elle ne pouvait comprendre. Le Tola.

Visage de l'oubliWhere stories live. Discover now