Chapitre 29

54 6 1
                                    

Il est dix-neuf heures, j'ai ramené Camille de l'école, lui ai fait faire ses devoirs, préparé le dîner pour elle et maman, que je ne partagerais pas. J'ai attendu que cette dernière rentre pour m'éclipser, les prévenant que je mangerai dehors. "Je suis sûr qu'il va encore voire Lucie maman... ils ont domi ensemble la dernière fois !", ai-je le temps d'entendre avant de partir ainsi que la réponse très intéressée de maman "Oh ? Raconte moi ça !...". Ces deux là vont passer une bonne soirée à commérer sur moi, je le sens.

Une fois dans la rue, je m'engouffre dans une cabine téléphonique, y insérant une pièce et attrapant, tremblant le combinet ainsi que le petit bout de papier sur lequel j'ai inscrit le numéro de Gérard, avant de partir.

Il décroche à la quatrième sonnerie.

— Allô ?

— Salut... c'est moi... Raphaël.

— Raphaël ? Oh... ! Bonsoir. Comment... comment tu vas ?

Super, il est aussi embarrassé que moi... je sens que ça va être gênant.

— Je vais bien...

— Tant mieux... Alors euh... Comment ça se passe la dernière année de lycée ?

— Bien.

— Tu as gardé tes amis des années précédentes ? Sam et...comment déjà...

— Oui... Assia et Hugo...

— D'accord... Et donc... euh... que me vaut ton appel ?

Je dois me faire fureur pour ne pas raccrocher et poursuivre du ton le plus naturel qui soit.

— Tu sais j'ai réfléchi depuis l'autre jour et... je me dis que j'ai été un peu trop dur... je... je veux bien qu'on se voit pour discuter.

Un silence.

— Mais c'est super ça ! Quand tu veux...

— Ce soir ? On peut aller dîner au restaurant ?

— Ce soir...? C'est que ça va être un peu compliqué... j'ai déjà quelque chose...

"C'est qui ?", demande une voix féminine derrière son combinet, qui me hérisse les cheveux sur la tête. Derrière cette voix, se cache la femme avec qui Gérard a trompé maman avant de se barrer. Je sais bien que, même si elle n'a pas eu beaucoup de scrupules à coucher avec un homme marié, ça n'est pas vraiment elle la coupable et que c'est mon géniteur qui est entièrement responsable de ce bordel. Néanmoins, je crois que je ne pourrais jamais ne serait-ce que... ne pas la détester.

"Mon fils...", entends-je Gérard répondre. "Est-ce qu'on peut repousser notre sortie de ce soir...?". Le son du soupir de sa copine parvient jusqu'à moi. "Encore...?! Dis-moi, c'est vraiment ton fils ? C'est pas encore une de tes collègues par hasard...?". Je ris intérieurement, apparemment, ça ne va déjà pas si bien que ça entre eux. Malheureusement, je n'entends plus le reste de leur conversation. Mon géniteur reprend le combinet quelques instants plus tard.

— Ah les femmes... marmonne-t-il. 

Quoi les femmes ? Il est vraiment gonflé nom d'un chien, il se rend pas compte que c'est lui qui a un problème.

— Toutes hystériques... Raphaël ? reprend-il. Prendre un peu l'air me fera du bien donc euh... c'est d'accord pour ce soir. 

— Génial !

— Où veux-tu dîner ?

— Je ne veux pas trop te déranger et te faire traverser Paris donc, à côté de chez toi ça m'irait.

La double vie de Raph'Where stories live. Discover now