Chapitre 25

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Une fois en haut des magnifiques escaliers en marbre, nous nous retrouvons dans un long couloir rêvetu de blanc, parsemé de plantes et statuettes en pierre, qui donne sur plusieurs portes. Noam, qui connaît visiblement les lieux, me soulève presque jusqu'à la porte la plus lointaine, qu'il pousse du coude pour nous faire entrer à l'intérieur. Une fois qu'il referme la porte après nous, le brouhaha sonore du rez-de-chaussée n'est plus qu'un léger murmure. Ce calme m'apaise bien que mes idées partent toujours dans tous les sens. 

Nous sommes visiblement dans une bibliothèque vide, au style ancien avec ses étagères en bois usé, ses petites tables rondes de la même matière et ses chaises vintage, d'un cuir vert démodé. La pièce sent un mélange de vieux parchemin, de livres qui n'ont pas été ouverts depuis belle lurette et de plancher rutilant. 

Lâchant les bras de Noam, je m'affale lourdement et pas vraiment gracieusement au pied d'une des étagères, jouant avec l'une de mes longues tresses. Il vient s'asseoir tout près de moi, nos deux épaules se frôlant. 

— Comment tu te sens ? demande-t-il en tournant la tête vers moi pour m'observer.

— J...je... ça va je crois. Tu t'inquiètes pour moi ? j'ajoute avec un sourire complètement ivre.

Il dépose délicatement sa main contre ma joue, c'est chaud, agréable, doux. Je sors la pointe de ma langue d'entre mes lèvres et, pris d'une pulsion stupide et absolument incontrôlable dans mon état, je lèche la peaume de sa main avant d'éclater de rire.

Il ouvre de grands yeux surpris, récupérant sa main.

— C'est bien la première fois qu'une fille me lèche dès notre première sortie ensemble, dit-il avec un petit sourire en coin. 

Complètement abruti par ce maudit ponche, je ne peux que balbutier des obscénités.

— Tu veux que je te lèche autre part ?

Il soupire, me tapotant la tête en secouant négativement la sienne.

— Lana... t'es complètement ivre. Je vais plutôt te chercher un café et de l'eau, ça va te requinquer un peu.

Il se lève et quitte la bibliothèque, me laissant seul un moment, le cerveau en feu, incapable de rassembler mes esprits. Les minutes passent, que j'occupe en tirant sur le tissu de ma robe ou jouant avec le bout d'une de mes tresses brunes. Il finit par revenir, une bouteille d'eau dans une une main et une tasse remplie de café dans l'autre. Il referme la porte après lui et s'assoit de nouveau à mes côtés, plaçant d'autorité la tasse chaude dans mes mains tremblantes. 

— C'est un double espresso super corsé, ça devrait t'aider. 

Je goutte. Effectivement, c'est très fort comme café. Je grimace en me forçant à finir, écoutant la toute petite partie lucide de mon esprit qui me dit qu'il faut que je retrouve le contrôle de moi-même. Une fois la tasse vide, Noam me la prend gentiment des mains pour me donner la bouteille d'eau. Pourquoi est-il aussi doux avec moi ? Personne ne l'a jamais été...

— Bois de l'eau maintenant, dit-il, ça aide à décuver.

Je m'exécute sans broncher. 

Pendant les deux heures qui suivent, je ne fais que bégayer des choses sans intérêt et dont mon cerveau ne se souvient absolument pas, tandis que Noam m'écoute sans s'ennuyer, me maintient la tête lorsque je pique dangereusement du nez et répond tendrement à mes absurdités, tantôt sérieusement, tantôt avec amusement. Je pars aussi très souvent aux toilettes me vider la vessie. La première fois, Noam m'a accompagné jusqu'à la porte, prêt à me soutenir en cas de besoin. Les fois suivantes, mes pieds semblaient mieux ancrés sur le sol et j'ai pu y aller seul.

La double vie de Raph'Where stories live. Discover now