Chapitre 5 : La SPA

Depuis le début
                                    

— N'approche pas, tu risques de briser son illusion en empiétant sur sa concentration.

C'est bien que ce que je pensais. Voilà un moment que je n'avais pas vu la brunette. Depuis l'apparition de la première patrouille du FSG en fait. Je me doutais au fond qu'elle entretenait une illusion pour nous protéger. Surtout depuis que le groupe suivant est passé près du camp sans nous voir. Mais je n'imaginais pas la trouver dans cet état pour autant. 

— Il faut qu'on parte, décrète Caleb. 

Cameron lâche un ricanement tout en observant sa dague avec attention. Quant à moi, je me retiens de lever les yeux au ciel. Il croit qu'on attend quoi le déluge ? Ca fait des jours qu'on aimerait se casser, nous. 

— Sans blagues ? cingle l'Alementa de l'Ombre. C'est que maintenant que tu t'en rends compte ? C'est bien beau de vouloir lever les voiles, mais pour aller où ? Et avec qui ?

— On abandonne personne ! 

La fermeté de Caleb ne semble en rien impression Cameron qui se contente de rouler les yeux. Son attention quitte un instant sa dague pour se poser sur l'ancien membre du Comité.

— On est pas à la SPA ici. C'est pas la société protectrice des Alementas. Et si tu veux l'ouvrir, franchement, ça sera sans moi. 

— Très drôle... rétorque l'Alementa de l'Apparence. Sérieusement Cameron, on ne peut pas les laisser comme ça. Ils ne connaissent rien à ce monde. 

— On ? Toi, tu veux dire. Parce que personnellement, les abandonner ici ne m'empêchera pas de dormir. 

— On parle d'abandonner des gens ici ? Vous ne connaissez pas l'adage, plus on est de fous, plus on rit ? 

Et celui « Plus on est de fous, plus on fait de bruit » il connait ? Ou plus on est de fous, plus on ralentit ? Je tourne la tête vers l'homme qui a prononcé ces mots. Alex s'avance jusqu'à nous tout en s'essuyant les mains pleines de sang dans ce qui ressemble à un vêtement usager. Son incroyable regard blanc se pose sur chaque membre de l'assemblée avec une précision déconcertante. Il est simple d'oublier qu'il est aveugle tant ses déplacements sont aisés. Il croise les bras contre sa poitrine. Sa peau est reluisant de sueur et ses traits tirés par la fatigue. Pourtant, la bonne humeur domine encore sa voix lorsqu'il s'adresse à l'Alementa de l'Ombre.

— Au fait, j'ai réussi à sauver Peter, Cameron.

— Ça me fait une belle jambe, rétorque celui-ci en reprenant son jonglage mortel avec sa dague pleine de sang. Tu ne t'es pas dit que si je lui avais tranché la gorge, c'était pour une bonne raison ?

— Tu ne voulais pas le tuer. Si c'était le cas, tu ne serais pas parti sans l'achever, insiste Lyanna.

Celui-ci soupire avant de daigner lever les yeux de son arme. L'ennuie se lit sur son visage alors qu'il répond d'une voix trainante.

— Non, je me foutais qu'il vive ou crève, c'est différent.

La blonde ouvre la bouche, outrée et visiblement prête à remettre le sujet de son âge sur la table. Epuisée d'avance par la dispute à venir, je lui donne un coup de coude pour l'inciter à se taire. Ses yeux indignés et lassés se posent sur moi et je lui fais signe d'abandonner. Cette discussion ne mènera à rien de toute façon. C'est impossible d'avoir le dernier mot avec Cameron. Et même quand on arrive à l'avoir, il nous fait bien sentir qu'il a lâché l'affaire car nous n'étions pas digne de son intérêt.

— Donc c'est qui que vous parliez de laisser sur le bas-côté ? reprend Alex après un instant de silence.

— Votre bande de casse-couilles.

Alementa II- FlammeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant