Chapitre 8

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Debout devant le gouffre inquiétant des escaliers, Macao et Arun hésitent. Les ténèbres et la pierre froide et nue ne leur disent rien qui vaille. La jeune fille attrape le pan de mur ouvert un instant plus tôt par Kassem et l'agite.

- Il n'est pas lourd du tout, conclut-elle.

- C'est bon Macao, pas la peine de me le faire remarquer, gronde gentiment Kassem. Bon, puisque vous hésitez, je vous précède.

Aussitôt dit, le jeune Racé s'élance dans les escaliers avec bonne humeur. Electro le suit immédiatement et les deux autres échangent un regard plein d'appréhension. Finalement, Arun désigne l'escalier d'un coup de tête.

- Passe devant moi, ordonne-t-il. Il faut que tu puisses me protéger si c'est un piège.

- T'as surtout peur de trébucher et de dévaler les escaliers, grommelle Macao pour elle-même.

Elle obéit néanmoins et s'engage dans la route vers les souterrains de la maison. Arun lui emboîte aussitôt le pas et à peine les deux ont-ils entamé leur descente que le pan de mur se referme derrière eux, poussé par le vieil homme de la réception. Le noir se fait alors complet, et ils s'arrêtent un instant, espérant que leurs yeux s'habituent à la pénombre.

Ils n'entendent plus que les pas enjoués de Kassem au loin, ainsi que ses gloussements accompagnés du rire d'Electro. Puis un autre son filtre, plus léger, plus subtil. C'est celui d'une basse, régulière et rythmée. Macao parvient enfin à apercevoir le coin des marches luire légèrement. Elle tend le bras derrière elle jusqu'à sentir la main d'Arun s'accrocher à la sienne puis elle reprend sa route, guidant doucement le jeune homme, marche après marche.

Lorsqu'enfin ils atteignent les bas de l'escalier, où Kassem et Electro les attendent sous un faible néon "issue de secours", les battements de la basse sont plus forts et vibrants. Le Persan jette un œil amusé aux visages pleins d'appréhension de ses deux invités, puis désigne la large double-porte en métal derrière lui.

- Prêts pour le Paradis ?

Puis, sans attendre de réponse, il pousse les battants avec force. Le son s'engouffre alors dans les oreilles des nouveaux-venus alors que la boîte de nuit promise s'étend soudain sous leurs yeux. Des lumières rouges et vertes s'agitent et dansent au même rythme que les clubbers au milieu de la piste, les basses frappent chaque mouvement des pieds, chaque élan, et les cris encouragent le dj de la soirée.

- Joyeux Noël ! crie Kassem pour couvrir le bruit de la musique, avant de courir vers le bar.

Electro l'y suit, invitant leurs invités à faire de même. Là, ils se glissent dans la foule collante de sueur pour tenter de se faire entendre par les barmans.

- Je ne bois pas ce genre d'alcool, proteste Arun alors que Kassem se retourne pour lui mettre une bière dans la main.

- Il va falloir parler plus fort que ça, si tu veux qu'on t'entende, crie le Persan en imposant la boisson à son camarade.

Puis il donne un autre verre de bière à Macao et se retourne à nouveau vers le bar pour récupérer le sien. La foule est compacte et le duo s'éloigne légèrement pour attendre Kassem et Electro. Si certaines personnes jettent des regards surpris au Birman, ils restent tout de même surpris du peu d'intérêt que les gens leur portent.

Rapidement, ils comprennent que laisser le collier à la réception n'était pas une règle uniquement écrite pour eux. Dans la foule, mélangés sans distinction, des bâtards et des Racés. Bien qu'il ne soit pas capable de tous les différencier, il est clair pour le duo que les deux côtés de la Citée sont rassemblés dans cette boîte.

La RaceWhere stories live. Discover now