Chapitre 48

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Aéryn observait sa cousine Elésyne par l'entrebâillement de la porte. Comme oncle Lucas et tante Satia, elle se préparait au départ vers la Fédération des Douze Royaumes. Il voulait lui parler, sauf qu'il avait trop hésité, et maintenant, elle était en train d'embrasser ce Léander censé être son garde du corps.

Et qui volait super bien. Axel lui avait conseillé de lui parler avant la cérémonie sur Massilia, mais Aéryn n'osait pas. Surtout qu'il paraissait sacrément occupé. Et...

—C'est toi, Aéryn ? Viens, entre.

Penaud, Aéryn se mordit la lèvre et entra dans la petite pièce. Il y avait deux lits dans la chambre, même si l'un d'entre eux n'avait pas été défait. Léander semblait prendre sa mission très au sérieux.

—Papa m'a dit... que si je voulais, je pouvais... te demander... Je pourrai aller avec toi chez oncle Aioros ? débita-t-il d'une traite.

—Pourquoi ? demanda Elésyne, surprise. Enfin, il en serait ravi, mais... pourquoi cette précipitation ?

Aéryn tritura sa veste entre ses doigts.

—Je n'ai pas envie de partir.

—Je ne comprends pas, avoua Elésyne, perdue.

—Tu es encore jeune, lui sourit Léander. Les voltigeurs ne recrutent pas si tôt.

—Mais Axel a dit... et papa... c'est pas les voltigeurs. C'est quoi les voltigeurs ?

—C'est un groupe de spécialistes du vol, expliqua Léander.

—Waouh ! s'exclama Aéryn, les yeux brillants.

—C'est un apprentissage rigoureux. Avec beaucoup, beaucoup de règles à respecter.

Aéryn grimaça.

—Tu as dit que ce n'était pas de ça dont tu voulais nous parler, reprit Elésyne. Je ne veux pas te presser, mais nous partons bientôt pour la cérémonie, et toi aussi, d'ailleurs.

—Ce sont les Vents, balbutia Aéryn.

Elésyne et Léander écarquillèrent les yeux.

—Les Vents ? s'exclamèrent-ils de concert.

—C'est pour ça, marmonna Léander. Cette assurance qui te guide dans les cieux...

—Je n'utilise pas de pouvoir pour voler ! protesta Aéryn.

—Pas consciemment, nuança Elésyne. Il te faut un Maitre des Vents.

—Je ne veux pas de maitre, balbutia Aéryn, les larmes aux yeux. Je veux rester avec papa et maman. Tu pourras dire à oncle Aioros que ce n'est pas juste d'ailleurs. Papa doit rester tout seul ici.

Elésyne échangea un regard avec Léander.

—Si ton père nous accompagne, dit-elle doucement, quelqu'un demandera sa vie. Quand il était plus jeune, il a choisi de rejoindre l'Empire au lieu de rester avec son peuple.

—Je sais, soupira Aéryn.

—Alors tu sais aussi que tout choix a des conséquences. Ton père a été un ennemi, avant le Traité de Paix. Il a tué beaucoup de Massiliens. Certains trouvent que l'exil est une peine trop douce.

Aéryn fronça les sourcils.

—Oui, mais...

—Ce n'est pas le sujet, coupa Elésyne. C'est avec ton père que tu dois aborder ce sujet. Je n'étais pas née, et toi non plus. Tout ce que nous savons de cette histoire, c'est ce qu'on nous a raconté. Et si tu souhaites rester sur Massilia quelques temps... C'est un sujet dont tu ne dois jamais parler. Jamais.

—Mais...

—Jamais, confirma Léander, soucieux.

—Très bien, maugréa Aéryn.

Comme son père ne serait pas avec eux, ce serait à sa mère qu'il poserait ses questions. Peut-être que Liam et Chloan aussi, pourraient lui expliquer. Eux, ils avaient déjà séjourné chez oncle Aioros. Il tardait à Aéryn de voir tous ces autres ailés dont il entendait parler. Imaginer qu'une planète entière soit peuplée d'ailés... c'était un rêve. Il en avait envie, et il en avait peur. Ici, il n'y avait que ses frères. Là-bas... peut-être qu'ils seraient pleins, à être meilleur que lui. Il frissonna. Ils ne seraient meilleurs que pour un temps.

Car il ferait tout pour être le meilleur de tous.


Les Vents du DestinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant