Capitaine Osman Celik - Les Anciens Astronautes

3 - Le plus beau jour du reste de ma vie

Fredo regardait le mur en face de lui comme un poisson qui aurait passé trop de temps sous le soleil. Son visage était terne et avait gardé à certains endroit les plis rosacés de son oreiller, il avait une mine affreuse. Il n'avait pas beaucoup dormi et le peu de repos qu'il avait pu s'accorder avait été ruiné par un cauchemar épouvantable. Il se revoyait se perdre dans l'immensité de l'espace sans aucun espoir de retour, isolé au milieu des étoiles qui ne pourrais jamais le guider. Abandonné dans une navette murée dans le mutisme d'une errance lente et douloureuse. Il passa sa main à travers sa chevelure châtaigne et souffla longuement, aujourd'hui était une journée particulière, peut-être même la plus importante du reste de sa vie et elle commençait de la pire des manières. Comment demander une femme en mariage lorsqu'on ressemblait à un zombie ?

Fredo prit une grande inspiration qui gonfla son cœur de la légèreté de l'espoir et décida de se focaliser sur la jeune intermédiaire qui vérifiait l'armature de sa combinaison pour la troisième fois. Il savait qu'une personne avertie en valait deux mais ses gestes étaient maladroits et ne donnait pas vraiment confiance. Il vérifiait furtivement du coin de l'œil ce qu'elle faisait.

_ Je ne vous ai jamais vu avant, c'est votre première fois ?

La jeune rousse baissa la tête en avant tout en terminant ses vérifications.

_ Je suis une élève de mademoiselle Akar, c'est elle qui m'a envoyé ici pour que je puisse me faire une expérience sur le terrain, en réalité j'ai plus d'habilité en théorie que dans la pratique. Elle avoua en souriant.

_ Ça viendra avec le temps, si je peux me permettre un conseil, laissez tomber toutes les idées que vous aviez sur ce métier.

_ Vraiment ? Elle demanda réellement surprise.

_ Soyez curieuse, vous n'avez pas besoin de tout savoir cependant il faut que vous soyez capable de tout faire. Devenir astronaute n'est pas un métier qui doit être étudié, vous devez le vivre et envisager que tout peut arriver. Notre univers est incroyable et n'a pas besoin de nous pour continuer sa course contre le temps, c'est à nous de devancer le temps pour pouvoir faire notre métier.

Elle alla chercher le scaphandre posé un peu plus loin sur un chariot en métal et l'installa sur la tête du capitaine Grinn.

_ Je n'oublierais pas.

Fredo avait aimé voir le feu de la passion qui brillait dans les yeux de sa jeune collègue, il avait ressenti son désir d'être à sa place et son envie d'aller explorer les terres inconnues aux communs des mortels. Un sentiment de fierté dansait dans ses veines, il ne se considérait pas encore comme un vieux croulant mais avait cependant une profonde admiration pour les jeunes qui choisissaient de dédier leur vie à cette noble profession. Il observa tour à tour le docteur O'neill et son second Franck Malabar qui étaient aussi prêt que lui, un signe de la tête et ils étaient en train de se diriger vers la sortie. Avant de partir, le capitaine Grinn se tourna vers sa jeune collègue et lui tendit la main.

_ Vous vous appelez comment ?

_ Emma.

_ Eh bien mademoiselle Emma les prochaines années s'annonces prometteuses, ce sera un honneur de voyager avec vous.

Emma lui rendit sa poignée de main avec une admiration qui transpirait de tout son être. Il n'oublierait pas son sourire déterminé.

Un immense soleil illuminait la piste de lancement, le temps avait l'air d'être assez chaud pour un mois de printemps, une belle journée s'annonçait à l'horizon. Fredo se surpris à espérer que le décollage soit reporté pour pouvoir profiter de ce moment avec Kaleli. Quelques heures de plus allongé sur l'herbe chaude avec sa future femme à parler de tout et n'importe quoi n'auraient pas été de refus, au contraire, chaque moment avec elle étaient les plus incroyables de sa vie et être éloigné lui faisait mal au cœur. Était-ce mal de vouloir repousser quelque chose pour une chose plus importante ? Si kaleli l'apprenait elle le prendrait surement pour un égoïste, elle qui faisait passer son travail avant tout le reste. Or Fredo n'était pas égoïste, il était simplement amoureux.