𝗺𝗮𝘃𝗲𝗿𝗶𝗰𝗸

𝗉𝖺𝗇𝗂𝗊𝗎𝖾

Noir.

Il faisait noir. Noir et très froid. Son corps allongé était immobilisé par les crampes dans ses jambes et le haut de son dos. Il avait cette abominable impression d'être écartelé par des cordes invisibles, la souffrance était intenable mais il n'arrivait pas à crier. Ses cordes vocales ne produisaient aucun son et c'est à cet instant précis qu'Haechan paniqua.

L'adrénaline fit valser son cœur plus vite que la musique et il tenta d'échapper à la force invisible qui le maintenait au sol en se tortillant. Il ne sentait plus ses doigts, les liens autour de ses poignets coupaient la circulation de son sang.

1) Ses poignets étaient liés. On l'avait attaché. Et puis, si on réfléchissait bien, ce n'était pas spécialement pour lui faire du bien, enfin, c'était discutable. Mais dans tous les cas, quelqu'un souhaitait contrôler ses mouvements et l'empêcher d'aller bien loin. « Putain » grommela-t-il en frottant rageusement ses paumes l'une contre l'autre.

La corde était bien trop solide pour qu'il puisse l'user à la seule force de ses bras, retournés dans son dos. Sa puissance était divisée par deux et il laissa rapidement tomber, il sentait sa chair chauffer et picoter, sûrement déjà rouge et irritée.

Haechan n'était pas du genre à paniquer. Il avait passé assez de temps seul dans des rues immondes et dangereuses pour développer son instinct de survie. Il avait appris à réfléchir avant d'agir, analysant chaque situation avec soin, pesant chaque détail pour réagir avec efficacité. Il avait peut-être du mal à contrôler ses sentiments, mais il palliait cette faiblesse en aiguisant sa logique et sa perception du réel. Son intelligence était sa plus grande arme.

2) Il ne se souvenait de rien. Un trou noir avait avalé sa mémoire. « J'ai dit au revoir à Monsieur Min... » Haechan tentait de former le puzzle avec des pièces qui n'existaient pas. « Je suis sorti, il faisait nuit. » Les flashs de souvenirs ouvraient de nouveaux champs de possibilités, il se voyait bouger comme dans un film, son corps chancelait comme une poupée désarticulée, il marchait dans une rue lugubre, accompagné de pensées lugubres. « J'avais trop la haine » Il sourit amèrement. « Je me détestais tellement. Je détestais tout le monde. »

« J'ai frappé quelqu'un. »

« J'ai frappé quelqu'un et il m'a frappé encore plus fort. A priori il m'a kidnappé. »

Sa conclusion lui foutu des frissons. Le brouillard dans son cerveau se levait peu à peu, ses pensées empruntaient un chemin qui le mena vers un troisième point : 3) Il était dans un véhicule. Il ne fallait pas être idiot pour entendre le moteur qui tournait à plein régime et sentir des secousses régulières. Son corps était à même le sol, sur un revêtement métallique et glacial « Si je suis allongé, c'est que je ne suis pas dans un coffre. » Il tenta de relever le torse à la seule force de ses abdos, ce qui fut plus compliqué que prévu.