Au pied du mur

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Lena

- Et enfin, Kara Danvers et Lena Luthor. Je veux toutes vos analyses sur mon bureau la semaine prochaine.

C'est une blague ? De toutes les personnes dans cette classe, il a fallu que je me retrouve à faire un travail de groupe avec la poupée barbie.

Avec n'importe quel autre professeur, j'aurai tenté d'argumenter, quitte à faire le travail seule. Sauf que ce n'est pas n'importe qui, c'est monsieur J'onzz. Et il est impossible de le faire changer d'avis, ce qui n'est pas faute d'avoir essayé par le passé.

- Je vous laisse exceptionnellement la fin du cours pour commencer le travail et vous organiser.

L'entièreté des élèves se met en mouvement, pas moi. Pourquoi est-ce que je me presserais pour rejoindre cette fille ?

- Hey.

Je relève à peine la tête, ayant déjà reconnu sa voix. J'ai plus envie de courir à l'autre bout de l'univers plutôt que de passer du temps avec elle, pourtant je lui indique d'un geste la place libre à côté de moi.

- Alors... Est-ce que tu as déjà lu le livre ?

- Bien sûr, il fallait le faire pour aujourd'hui, je rétorque sèchement.

- Heu oui... Et du coup tu as pris quelques notes ? On pourrait commencer par comparer un minimum pour voir où on en est ?

- On ferait mieux de se séparer le travail. Je m'occupe des chapitres pairs et toi des impairs ?

Elle ne me répond pas, ce qui est étrange pour cette pipelette. Du coin de l'oeil, je la vois se mordiller nerveusement la lèvre.

- Crache le morceau.

- Quoi ?

- J'ai dit, crache le morceau. Je ne vais pas t'attendre indéfiniment.

- En fait, tous les chapitres sont en lien... je ne pense pas que tout séparer de cette manière soit une bonne idée.

Je soupire. Elle a raison, bien que cela me coute de l'admettre. Alors que j'aurais dû le savoir dès le début qu'il faut tout assembler. Un livre découpé de cette manière est complètement stupide. J'ai tellement envie de m'éloigner de cette fille que j'en perd ma capacité de réflexion.

- D'accord. Alors qu'est-ce que tu proposes ? je grogne.

- Tu pourrais venir à la maison samedi si tu es libre ? On pourra discuter au calme.

Tout ce que j'ai envie de faire. D'un autre côté, m'éloigner de la maison des Luthor n'est pas négligeable. Entre Kara et ma famille, j'ai vite fait mon choix.

- Quelle heure ?

- Vers dix heures ? Tu pourrais rester pour manger et on aura toute la journée. Je pense qu'on devrait y arriver.

Je manque de lever les yeux au ciel. Si on m'avait laissée seule, je pourrais certainement abattre le travail en une nuit. A la place, me voilà forcée de travailler avec cette fille qui ne fera certainement que me ralentir.

- Parfait. Dis-moi juste où je dois aller et je serai là.

- Oh oui, une minute.

Elle attrape un morceau de papier sur lequel elle écrit rapidement son adresse et son numéro de téléphone, au cas où je ne trouverais pas. Au moment précis où la sonnerie retentit, je suis dehors, voulant m'éloigner le plus possible de cette blonde.

- Pourquoi est-ce que tu continues à être aussi gentilles avec Lena ?

C'est Alex, la soeur de Kara. J'aurai dû me douter qu'elle nous avait observées, cette fille devrait sérieusement penser à se faire engager par le FBI vu à quel point elle peut être bornée et observatrice.

- Je suis sûre qu'elle n'est pas vraiment qui elle montre. Je le sens, au fond, il y a une autre personne qui ne demande qu'un peu d'aide. Et je serai celle qui lui tendra la main.

Voilà exactement pourquoi je ne peux pas supporter la blonde. Elle a cette mauvaise habitude de se mêler de ce qui ne la regarde pas.

Je ne veux pas d'amis, ou même de connaissances, je suis très bien toute seule. De toute façon, à quoi servent les amis ? Ce ne sont que des personnes qui peuvent vous détruire, vous manipuler. Tout ça à cause d'une prétendue affection.

Les gens n'aident pas les autres sans raison. Il n'y a pas d'exception. Derrière chaque geste se cache une idée. Aucun acte n'est désintéressé.

C'est ce que j'ai appris depuis mon adoption. Chaque once d'amour que j'ai reçu ne m'a finalement apporté que des problèmes, des désillusions.

Tous ces sentiments ne servent à rien. La seule chose que je puisse faire, c'est les mettre dans des boites. Des boites, encore des boites et toujours des boites. Au point où il n'y a presque plus que ces boites. Et plus il y a de boites, moins on est tenté d'en ouvrir une. Impossible de savoir ce qui va en sortir.

Donc je vais faire ce travail avec Kara. Je vais m'investir parce que je n'ai pas d'autre choix, puis je vais enfermer ce moment dans une boite et la laisser prendre la poussière dans un coin. Jusqu'à ne plus savoir où elle se trouve.

Et je ferais toujours ça. Car je ne peux pas laisser toutes ces émotions me submerger.

31 jours (OS Supercorp)✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant