Chapitre 2

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J'arrivai à moitié frigorifiée devant les bureaux de l'agence de presse qui m'employait depuis dix ans. J'étais spécialisée dans les articles d'investigations. Mon rédacteur en chef, Jerry, me laissait carte blanche pour traiter les sujets qui me plaisaient. Mais ce qu'il privilégiait, à cette époque de l'année, étaient des histoires remplies d'espoir et d'amour. Malgré mon aversion pour Noël, je n'avais pas d'autres choix que de lui pondre son foutu article. Pour mon plus grand dam, le syndrome de la page blanche me taquinait depuis quelques jours. Avant de rejoindre mon bureau, où j'allais encore me griller une centaines de neurones, je fis un détour par les toilettes. Juste histoire de repousser le moment fatidique. Tout en traversant le couloir du rez-de-chaussée, je vérifiai mes mails sur mon téléphone portable. Occupée à en transférer une bonne partie dans la corbeille, je poussai la porte des toilettes d'un coup de hanche. C'est un raclement de gorge qui me fit lever le nez. Je tombai sur la silhouette d'un homme, de dos, en train de se soulager... dans un urinoir. Il était évident que je n'étais pas au bon endroit.

Bien joué, Veronica ! Tu n'en rates pas une ! me sermonnai-je, les pommettes rosies par ma bourde.

Je reconnus immédiatement cette carrure athlétique et ses fantastiques yeux bleus. Le beau brun. Sans éprouver la moindre gêne, il se retourna et reboutonna son jean. Le même sourire amusé étira ses lèvres, lorsqu'il passa devant moi pour aller se laver les mains.

— Vous me suivez ? lança-t-il par dessus son épaule.

J'avalai difficilement ma salive, et lui répondis aussi dignement que possible :

— Non! Je... je me suis simplement trompée de porte.

Son rire résonna dans la pièce. Il se frotta les mains, puis vint se poster devant moi. Il me dépassait d'une bonne tête. Incapable de bouger, je fixai son torse assez musclé, moulé dans un petit pull crème. Timidement, je levai les yeux vers son visage. Ses traits étaient parfaits. Des joues rasées de près, des lèvres fines et rosées, des sourcils bien dessinés, de jolies boucles brunes. Au delà de cette chaleur que je ressentais face à ce bel homme, une sensation de bien-être m'enveloppa entièrement. Son regard coula sur moi comme une caresse, et d'une voix infiniment sensuelle, il prononça :

— Je n'ai rien contre !

Je clignai plusieurs fois des paupières. Était-il vraiment en train de flirter avec moi ? Le coeur battant à tout rompre, je demandai innocemment :

— Contre quoi ?

Ses yeux bleus scintillèrent de malice, j'en eus le souffle coupé. Il esquiva ma question et replaça une mèche de cheveux blonds, échappée de mon chignon.

— Vous êtes très belle !

Je sentis mes jambes se dérober sous moi. Afin de garder la face devant lui, je tentai un soupçon d'humour.

— Vous ne m'avez jamais vu démaquillée.

Ses lèvres se retroussèrent en un de ces sourires à corrompre le plus endurci de tous les cœurs. Ses doigts glissèrent sur ma joue. Je fermai les yeux, happée par la douceur de son geste. Lorsque je les ouvris à nouveau, il avait disparu. Je tournai sur moi-même pour balayer la pièce des yeux, mais je ne le trouvai nulle part. Encore une fois, il avait filé. Chamboulée par cette rencontre, il me fallut quelques minutes pour reprendre mes esprits. Je poussai cette fois-ci la bonne porte, et jetai un coup d'oeil dans le miroir. Mes yeux brillaient d'une lueur étrange et toute nouvelle, un éclat que je n'avais jamais vu sublimait mes prunelles vertes. Je secouai la tête pour remettre de l'ordre dans mes idées.

Allons, Veronica, reprend-toi ! Ce n'est qu'un gamin !

Le fabuleux Noël de VeronicaWhere stories live. Discover now