4 - Framboise

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Après la réunion au café, que j'ai écourtée afin d'éviter d'autres réprimandes de la part de Sofia — et aussi parce que j'allais être en retard —, je file me préparer pour l'anniversaire de mon filleul, Emmett

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Après la réunion au café, que j'ai écourtée afin d'éviter d'autres réprimandes de la part de Sofia — et aussi parce que j'allais être en retard —, je file me préparer pour l'anniversaire de mon filleul, Emmett. Ma mère, Johanne, est déjà prête depuis un moment quand j'enfonce presque la porte de la maison que nous partageons. Il ne me faut pas plus de trente minutes pour prendre ma douche, m'habiller et me coiffer, pourtant elle est irritée par notre "retard".

— Maman, je te jure que Lyvie s'en fiche. On n'aura qu'à partir plus tard de chez elle, c'est tout.

De toute façon, je ne me couche jamais tôt. Surtout le vendredi soir, sachant que le samedi matin, je peux dormir.

— Dix-sept heures, c'est dix-sept heures, me rabâche-t-elle en enfilant ses chaussures. Déjà qu'on la voit de moins en moins...

C'est vrai que Lyvie est très occupée, en particulier depuis quelques semaines. Elle est travailleuse autonome et elle a beaucoup de gros contrats à honorer, dont un avec le Three-Piers Hotel. Moi-même j'ai l'impression de ne plus la voir assez, mais je suis mal placée pour la juger, avec mon horaire de ministre. Les études de médecine peuvent rapidement vous tuer une vie sociale — c'est un euphémisme, puisque je croise tout juste ma mère, selon les stages!

Je gonfle et dégonfle mes joues pour éviter de dire n'importe quoi.

— Je suis désolée. Allons-y.

— Tu as pris le vin?

— Oui, m'man. Et le cadeau pour Emmett est dans l'entrée.

— Bien.

Elle se radoucit et me précède à l'extérieur. Même si je n'aime pas particulièrement conduire, je m'installe derrière le volant. Le trajet menant chez ma soeur se fait sans encombres, et en moins de temps qu'il n'en faut pour cligner des yeux, nous sommes accueillies par un petit garçon surexcité...

— Jaja, Mamie!

... et une femme que j'ai du mal à reconnaître.

Malgré l'effort évident qu'elle a mis dans sa tenue en enfilant un jean et un chandail à manches longues et en passant un coup de brosse dans sa chevelure lâche, Lyvie a une mine horrible. Elle sourit, mais l'éclat de ses dents ne se rend pas à ses pupilles, que je trouve éteintes.

— Salut vous deux, contente que vous arriviez, les enfants ont faim.

Jetant un coup d'œil à l'extérieur, elle se pousse ensuite pour nous laisser passer, notre mère et moi. Je ne peux m'empêcher de lancer un regard par-dessus mon épaule, curieuse. Rien, ni personne.

Nous embrassons les enfants qui babillent à tour de rôle sur tout et rien à la fois, et, après avoir déposé la bouteille de vin sur la table, je m'avance jusqu'au tiroir à ustensiles pour en extirper le tire-bouchon. Notre mère disparaît au salon pour jouer avec ses petits-enfants.

Le requin chartreuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant