Jaëlle Beauregard n'a pas de temps à perdre. Étudiante en médecine, fille d'une mère envahissante, soeur cadette et tante de deux adorables bouts de chou, elle accomplit presque tout à la minute près pour tout caser dans son horaire dense, et le moi...
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Lyvie Beauregard est une femme à part. Elle a aussi des couilles plus grosses que la plupart des hommes que je côtoie. En fait, elles sont plus grosses que les miennes. C'est une façon de parler, évidemment, parce qu'au nombre de fois où je l'ai observé se promener à poil chez elle, les rideaux ouverts, je sais sans le moindre doute que c'est une femme.
Une putain de femme.
Malgré les épreuves que lui fait passer Alaster depuis des semaines, elle ne flanche pas. Elle les affronte toutes les unes après les autres avec force et caractère. Merde, elle a déjà sauté à la gorge d'Alaster pour défendre sa famille. Je soupçonne que c'est son tempéramment de feu et ce côté téméraire qui attirent Alaster.
Ça, et les biscuits qu'elle cuisine pour compenser le stress de mon regard sur elle.
Quand j'ai reçu ma première consigne à l'égard de Lyvie, c'était après la mise en scène orchestrée par Alaster : un faux déversement dans une clairière où la femme et sa famille vont souvent pique-niquer. Par la suite, je n'avais qu'une tâche : la surveiller et intervenir si elle devait aller nous colporter à la police ou à toute autre autorité.
Ce n'était que de l'eau colorée, en fait. J'ignore si elle le sait ou si elle le saura un jour. Si elle venait à le savoir, je voudrais bien voir comment Alaster se sortirait de ce merdier.
Pour le moment, il est devenu évident qu'elle n'a aucune intention de s'adresser aux autorités : elle a même sciemment sorti de sa vie sa seule amie, une avocate de la Couronne.
C'était assez impressionnant, d'ailleurs.
Plutôt que de juste s'éloigner, de couper les ponts calmement, elle a délibérément provoqué la fureur de son amie en embrassant son petit ami.
Lyvie Beauregard est tarée.
Et pourtant, elle a l'air adorable aux premiers abords. Douce mais ferme avec ses enfants alors qu'ils font n'importe quoi en sortant de la maison. Je rajuste l'écouteur dans mon oreille, lequel me permet d'entendre leur discussion aussi bien que si j'étais à quelques pas d'eux.
Le petit est surexcité, il sautille autour de sa mère pendant qu'elle tente d'attacher la plus jeune dans son siège d'auto.
— J'espère que mes amis, ils viendront à mon anniversaire! lance-t-il avec entrain.
— J'en doute, réponds-je pour moi-même.
Alaster y veillera. Je ne sais pas comment il fait, mais il s'est toujours débrouillé pour "déblayer" les parages lorsqu'il le voulait jusqu'à maintenant. À croire qu'il a le bras aussi long que la transnationale.
Raison de plus pour faire ce qu'il me demande sans rouspéter, même si ça me fait chier.
Et puis jusqu'à maintenant il a tenu parole : je n'ai rien fait de bien répréhensible. Tant que Lyvie ne va pas voir les autorités, ce dont je doute également, je suis blanc comme neige. Les micros ont été installés par quelqu'un d'autre, je me contente d'écouter. Parfois je dois entrer chez elle, mais j'ai la clé, alors si quelqu'un demande, je suis un ami.
