Mouhamed et Soukeyna

Chapitre 38

- « Babacar comment tu vas ? Je te présente Madame Gueye, Soukeyna. C'est avec elle que tu vas collaborer le plus désormais »

Je lui souris mais au fond je ne sais absolument pas de quoi parle mon mari. Collaborer maname ?

- « Tu penses quoi du terrain ? » me demande Mouhamed en inspectant le lieu

Je fais de même. C'est un terrain très grand et c'est à ce moment que je comprends enfin ce qui se passe. Collaborer. Terrain...

- « Tu construis une maison ? » je demande le sourire jusqu'à Diamniado

- « On construit une maison. Notre future maison InchaAllah » rectifie Momo avec le même sourire

Je me retiens de lui sauter dessus parce qu'il y a le fameux Babacar.

- « J'y crois pas ! Tu l'as acheté quand ? »

- « Ce n'est pas important. Babacar va te montrer des plans pour que tu te fasses une idée » déclare-t-il

S'il savait que j'ai des milliers d'images de maisons et de pièces sur Pinterest. Babacar me prend à part pour me montrer des croquis. Je lui fais part de mes envies et Momo fair de même. Je veux qu'il y ait beaucoup de chambres et un grand jardin. J'adore les jardins et il n'y en a pas chez Momo et ça me manque un peu.

Au milieu de la discussion, Momo reçoit encore une fois un appel et s'éloigne. D'habitude ça ne me dérange pas parce que mine de rien c'est un homme occupé mais je sais pas, j'ai l'impression qu'il y'a quelque chose qui cloche. Ça fait beaucoup d'appels en moins de deux heures.

Le lendemain, c'est dimanche mais je ne cuisine pas. Fatima a décidé de le faire parce que ça lui manque de cuisiner avec de vrais ingrédients sénégalais. Tant que ça me permet de faire la grasse matinée rek ça me va. Mais c'était sans compter sur Zahra qui est venue me réveiller à 9 heures.

- « Nana nana » répète-t-elle

Nana veut dire téter. Un jour elle a piqué une crise, sans plus grand crise jusqu'ici, personne ne pouvait la calmer. J'ai eu la bonne ou mauvaise idée de lui donner mon sein et elle s'est aussitôt calmée. Évidemment je n'avais pas de lait et c'était la première fois pour moi. J'évite de lui faire téter du mieux que je peux mais il y a des jours comme aujourd'hui où elle se réveille avec l'envie de téter et je n'y peux rien sinon elle va être de mauvaise humeur toute la journée.

Pendant qu'elle tête, je caresse délicatement mon ventre. J'ai tellement peur de faire mal au bébé que j'évite de le faire. Une psychose s'est installée, c'est plus fort que moi.

Quelques instants après je vous Mouhamed revenir du balcon, le téléphone dans les mains.

- « Zahra yakouna legui, elle est devenue gâtée » s'exclame-t-il

Zahra était entrain de jouer avec ses cheveux. C'est une petite diva c'est vrai.

- « Qui t'appelait ? Ça a l'air sérieux on dirait ? » demandé-je

- « C'est juste le boulot » répond Momo pas du tout convaincant

- « T'es sûr ? » j'insiste

- « Bien sûr. Qu'est-ce que tu crois d'autre ? »

- « Non rien je demandais juste » dis-je en souriant

Il vient me rejoindre sur le lit.

- « Comment tu te sens ? »

- « Ça va. Je ne ressens rien pour l'instant. J'ai pas encore vraiment l'impression d'être enceinte » je réponds

- « Je ne sais pas comment elle va réagir si un autre prend sa place » dit-il faisant référence à Zahra

- « Je ne veux même pas savoir » dis-je en rigolant

Je suis sûre et certaine qu'elle sera jalouse d'une petite sœur ou d'un petit frère.

- « Attends je teste quelque chose » déclare Mouhamed

Mouhamed fixe Zahra longtemps pour qu'il ait son attention avant de tourner mon visage pour un long baiser. Zahra lâche immédiatement mon sein et nous fixe à son tour. Mouhamed m'embrasse une nouvelle fois et là Zahra se met à pleurer.

- « No no » fait-elle en éloignant son père de moi

Elle pleure et nous, nous sommes morts de rire. Y'a pas à être possessive comme ça. Et le pire c'est qu'elle l'est avec tous les deux. Je suis sûre que si j'avais fait pareil avec Momo, elle m'aurait écartée aussi.

- « Je crois que c'est sa mère qui l'envoie » dis-je pour taquiner

- « Elle en est capable dh » répond Mouhamed sur le même ton heureusement

- « Attends je vais l'emmener à ta mère. On a des choses à faire » dis-je avec un clin d'œil

Point de vue Alima

- « Yaye je ne peux pas faire ça à sa femme. Je ne peux pas » je répète pour la énième fois à ma mère

- « Wa iow ki wané woul, depuis quand tu la connais ? Eh moi je ne suis pas ton égale hein, tu vas faire ce qui était convenu et point barre » s'écrie-t-elle au bout du fil

- « Yaye, je n'aime pas Mouhamed et lui non plus ne m'aime pas. Il respire par sa femme, il ne remarque même pas les autres femmes. Et je le comprends, il a la femme parfaite. Je ne vais pas gâcher ce mariage pour tes désirs nak » dis-je fermement

Je pars fermer la porte de la chambre avant que quelqu'un n'entre. Je la partage avec Fatima et elle peut entrer à tout moment.

- « Façon j'ai déjà appelé Mouhamed et je lui ai dis tout ce que j'avais à lui dire. Depuis qu'il est devenu riche, il ne veut plus de ses proches alors qu'il avait dit qu'il épouserait une de ses cousines » reproche ma mère

- « Ça c'était avant que Soukeyna ne revienne. Il m'a dit qu'ils s'étaient perdus de vue pendant sept ans. Il a épousé sa meilleure amie, tu penses que je vais m'immiscer dans ça ? Jamais. Et puis yaye tu n'es pas reconnaissante. Avec tout ce qu'il fait pour nous, il te donne de l'argent chaque mois, il paie nos études, tu veux quoi d'autre ? » dis-je exaspérée en étouffant un cri

- « Je veux ... »

- « On m'appelle. Passe le salam à tout le monde » je coupe avant de raccrocher

Personne ne m'appelle je suis juste fatiguée d'elle. Juste après je vois un message d'Enzo qui me dit qu'il est bien arrivé. On s'est rapproché ces derniers jours mais je ne veux pas lui donner de faux espoirs. Si je ramène un blanc à la maison, on va me tuer avant que je ne parle.

Je sors de la chambre et il y'a les enfants qui joue avec ma tante. Je fuis même son regard. Ma mère est sa petite sœur et elle veut gâcher une famille qui fait vraiment tout pour elle.

- « Yaye ya ngi tokk. J'espère que les enfants ne te fatiguent pas » dis-je avec un sourire chaleureux

- « Non pas du tout. Mouhamed est un ange. Zahra est une chipie mais on l'aime comme ça » répond-t-elle

- « Zahra kegn. Tu as parlé à ma mère récemment ? »

Je demande pour savoir si elle l'a dit ses intentions.

- « Oui » dit-elle simplement

- « Elle t'a dit ? »

- « Oui. C'est à Mouhamed de décider mais enlève cette idée de ta tête »

- « Je ne suis même pas intéressée. C'est mon frère et ça s'arrête là » m'exclamé-je

- « Bakhna kone. Ne te fais pas manipuler par ta mère »

Désolée pour le chapitre un peu court 😕