Mouhamed et Soukeyna

Chapitre 03

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Bonne lecture !!!

Point de vue Soukeyna

La nuit porte vraiment conseil. En vrai je n'ai même pas dormi. Dites vous que le lendemain de ce jour j'étais déjà entrain de prendre mon billet. J'ai déposé ma démission. Je dois avouer que j'y pensais fortement ces derniers temps, j'attendais juste l'occasion pour le faire. Donc me voilà à Dakar direction la clinique où est hospitalisé mon père. Ça fait du bien de revenir chez soi après quatre longues années.

J'arrive à la clinique et pars à l'accueil pour qu'on m'indique la chambre de mon père. Il était onze heures du matin et j'étais la première sur la liste des visites. Je frappe à la porte avant d'entrer. Il était entrain de prendre son petit-déjeuner.

- « Sama pape boss leu dh. Mon père est un boss » dis-je en souriant

- « Viens là » me dit mon père en poussant le chariot de table

Je m'avance et pars me blottir contre lui. On reste dans cette position pendant quelques minutes réalisant que j'étais sûrement entrain de lui faire mal avec ces fils.

- « Oups désolée »

- « Non ça va » me rassure mon père

Il me fait un peu de place et je m'assoie à ses côtés en posant ma tête sur son épaule. Il y a quelques années si on m'avait dit que je serai autant proche de mon père, je ne l'aurai pas cru. Non mais sérieusement on se voyait à peine, on n'avait même le temps de se parler et maintenant je suis dans ses bras et je suis plus qu'heureuse. Il voulait que je fasse médecine mais il a pris le temps de m'écouter et il a respecté mon choix. Depuis lors, et vu qu'on habitait ensemble, on s'est beaucoup rapproché, on discute plus souvent et on est plus affectueux. Que demande le peuple !

- « T'es arrivée quand ? » me demande-t-il

- « Je viens de l'aéroport. C'est Jules (le chauffeur) qui est venu me chercher »

- « Et tu restes pour combien de temps ? »

Mon père et ses questions qui ne finissent pas. Une très longue histoire d'amour.

- « Tu me chasses déjà ? Je suis rentrée définitivement. Th dou lolou nga beugone, c'est ce que tu voulais non »

Mon père rigole franchement puis hoche la tête. Je lui demande ensuite sur son état de santé. Il s'est évanoui au bureau. Makhala il travaille rek. Il ne fait que ça.

- « Tu as 55ans, tu n'es plus jeune pour travailler autant » le grondé-je

- « C'est pour ça que je voulais que tu rentres. Pour prendre la relève »

- « La relève de quoi ? L'entreprise ? Maman nak ? Papa qu'est-ce que je vais aller faire là-bas ? »

- « Le commerce international touche à beaucoup de domaines di. Qu'est-ce que tu crois ? Ta mère a 50ans, elle est vieille aussi. Tu vas être employée jusqu'à ma retraite, tu as largement le temps » déclare mon père

Yallah miniou sakk. Moi PDG d'une entreprise ? Je suis ambitieuse mais je n'ai jamais pensé à être PDG. C'est trop de responsabilité et je suis une femme. Je dois pouvoir prendre soin de mon mari et de mes enfants si Dieu ne m'en prive pas.

- « D'accord je vais y réfléchir. Mais je veux d'abord travailler dans une autre entreprise avant de venir dans la tienne » avisé-je en me levant

- « Il n'y aura aucun souci »

Je décide de prendre congé parce mine de rien je suis vraiment fatiguée. Il faut que j'aille prendre un bon bain et dormir comme un loire.

Deux jours après mon père pouvait enfin rentrer à la maison. Je m'étais proposée pour le ramener mais il a dit qu'il avait déjà un ami qui avait proposé de le faire. Donc je suis seule à la maison. Ma mère est allée au travail. On a pu discuter hier. Il y a toujours une petite gêne entre nous mais j'espère qu'elle ne s'essaiera plus de s'immiscer dans ma vie.

J'entends le portail de la maison qui s'ouvre et je me précipite dehors pour accueillir mon père. Au moment où j'arrive, il était entrain de descendre avec un homme à ses côtés.

Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour le reconnaître. Même s'il avait un peu changé et pris un peu de masse, je le reconnaîtrai entre mille.

Putain.

Putain de merde.

Bal leine ma ci saga yi (pardonnez-moi pour les insultes) mais qu'est-ce que Momo fout ici ? Ils ne m'ont pas encore vu et je veux fuir à l'intérieur mais mes jambes sont comme bloquées.

Il ferme la portière et se retourne enfin vers moi. Ses yeux se posent sur moi, il semble surpris un instant mais fais comme si de rien n'était et avance jusqu'à moi avec mon père.

- « Surprise ! » s'exclame mon père en nous regardant tous les deux

Il me fixait toujours comme pour m'intimider et ça marchera parce que je ne savais plus où me mettre. Je ne sais pas pourquoi je me mets dans cet état alors que c'est lui qui a coupé les ponts.

- « Soukeynatou » finit-il par dire

Il n'attend même pas que je lui réponde. Il passe devant moi et accompagne mon père à l'intérieur. Je reste sur place une bon moment comme hypnotisée avant d'entrer les rejoindre. Hypnotisée par sa beauté oui.

Je les rejoins au premier étage, dans la chambre de mon père. Ce dernier a une autre chambre à part celle qu'il partage avec ma mère. C'est son lieu de refuge en quelque sorte qui fait aussi office de bureau.

- « Je vous sers à boire ? » demandé-je timidement en restant à la porte

- « Oui ma puce. C'est gentil » me répond mon père

Je pars à la cuisine pour préparer le plateau. J'y trouve les deux cuisinières qui proposent de le faire à ma place mais je décline gentiment. Je n'ai pas beaucoup traîner dans la cuisine étant jeune, ma mère me l'interdisait ce qui fait que je ne suis pas une très grande cuisinière. Je sais juste faire quelques plats occidentaux mais les plats sénégalais mome. Mais je vais apprendre InchaAllah.

Je remplis le plateau d'eau fraîche et de jus naturels avant de monter. La ménagère me suit avec l'autre plateau qui contient les verres et quelques viennoiseries. On pose tout sur la table basse et elle part continuer ses tâches. Je fais de mon mieux pour ne pas verser le jus de bissap que je tenais tellement le regard de Mouhamed sur moi me déstabilisait. Depuis quand il a un regard si perçant ?

- « Pourquoi vous faites les timides comme ça ? Mouhamed ça fait combien de temps tu n'as pas vu Soukeyna ? » demande mon père après que je leur ai servis

- « Trois ou quatre ans je pense » répond-t-il simplement

- « En tout cas elle revient pour de bon cette fois. Tu n'aurais pas un poste libre pour elle vu qu'elle ne veut pas travailler avec moi » se plaint mon père et je lève les yeux au ciel

- « Je peux me trouver un travail toute seule papa » j'interviens finalement

- Je vais y aller tonton. J'ai une réunion importante dans une heure » annonce Mouhamed en se levant

Mon père fait de même pour le remercier et me demande de l'accompagner jusqu'à sa voiture. Il me devance et je suis loin derrière mais j'arrive à le rattraper avant qu'il ne rentre dans sa voiture où son chauffeur l'attendait.

- « Est-ce qu'on peut parler s'il te plaît ? » demandé-je un peu essoufflée

Les efforts physiques et moi ... Je peux m'évanouir juste en faisant quelques exercices.

- « Comme je l'ai dit à ton père, j'ai une réunion et je suis pressé »

Il me parle froidement et ça me déstabilise vraiment. Cela me rappelle la première fois que je suis revenue et qu'il était à l'atelier. Cette fois il est directeur et sûrement un millionnaire. C'est tout ce que je lui souhaitais vraiment, je voulais tellement qu'il réussisse et Alhamdoulillah c'est le cas maintenant. Mais je n'ai pas demandé à perdre mon ami.

- « On peut se voir alors ? Si tu as du temps libre » tenté-je

- « Oui tu pourras venir à l'entreprise et prendre un rendez-vous avec ma secrétaire » déclare-t-il sans émotion avant de monter à l'avant de sa voiture

Wa ki dafma yabb wala lane ? Il se fout de moi ? Comment ça je dois prendre un rendez-vous pour lui parler ? Il se prend pour qui ? Qu'il aille se faire foutre. Mo kham.