Elle me regarde longtemps et je vois ses yeux s'humidifier. Je déteste la voir comme ça et surtout si c'est à cause de moi. Je ne suis peut-être pas le meilleur des pères mais ma fille est la prunelle de mes yeux. Je ne ferai rien d'intentionnel qui puisse la blesser.

- « Et c'est pourquoi tu me laissais tout le temps seule ? Je te voyais un mois sur trois. Tu étais longtemps en voyage je te rappelle » dit-elle calmement

- « Je croyais que tu m'avais déjà pardonné pour ça ? Mais comme je te l'ai déjà dit, tu ressembles énormément à ta mère et te voir me tuait de l'intérieur. Je n'ai jamais réussi à l'oublier »

- « Comment elle était ? » demande-t-elle avec un petit sourire

- « Quand je dis que vous vous ressembliez, c'est que vous l'êtes vraiment. Aussi physiquement que mentalement. C'est fou mais on dirait qu'elle s'est réincarnée en toi. Elle avait le même caractère que toi. Vous êtes les personnes les plus gentilles que je connaisse mais il ne faut pas vous chercher. Il y'a cette moue que tu fais avec ta bouche pour bouder et elle faisait la même chose. La première fois que tu l'as fait, tu n'avais que 8 mois je crois »

- « Et elle s'appelait Soukeyna comme moi » dit-elle en conclusion

- « Oui. On voulait t'appeler Nafissatou mais je pense que Soukeyna te va mieux. Je sais que tu auras encore besoin de temps mais je te demande pardon encore une fois. Je croyais bien faire. Si c'était à refaire, je te l'aurai dit le plus tôt possible »

- « Je ne veux pas refaire ton erreur. Si je n'avais pas vécu cela je crois que j'aurai fait pareil avec Zahra. Maintenant c'est sûr que je vais lui dire que je ne suis pas sa véritable mère lorsqu'elle sera en âge de comprendre »

- « Je suis d'accord. Est-ce que je peux la voir ? La fille de l'ex de Mouhamed c'est ça ? » je demande

Mouhamed m'a en parlé brièvement et j'ai cru comprendre qu'ils l'avaient adoptée dorénavant. Je n'avais pas imaginé avoir ma première petite fille dans ces conditions mais ça ne change rien. Je suis tout aussi content.


Point de vue Soukeyna

Mon père a joué avec Zahra pendant au moins deux heures avant de partir. Cela m'a fait chaud au cœur de les voir tous les deux, et mon père qui était redevenu un enfant l'espace d'un instant. Il m'avait manqué. Je sais qu'au fond de moi je ne lui en voulais plus depuis longtemps. J'étais juste trop fière pour l'admettre et je dois avouer que notre discussion est venue au bon moment. On n'a pas trop parlé mais on a tout dit. C'est toujours comme ça avec nous.

Momo est rentré aujourd'hui assez tôt donc j'ai pu tout lui raconter. On était couché sur notre lit avec Zahra et on se racontait nos journées comme d'habitude.

- « Nous sommes vraiment un couple de casaniers » dis-je en rigolant

- « C'est toi qui me retient comme prisonnier dh »

Je lui lance le premier oreiller que je vois. En voyant son père éclater de rire, Zahra prend l'oreiller avec ses petites mains et manque même de tomber à la renverse. Je l'aide à frapper Momo avec et elle rigole trouvant la chose amusante. Et comme tous les bébés, il faut refaire l'action encore et encore.

- « Pourquoi sortir alors qu'on a ça ? J'aime pas les gens » déclaré-je en souriant

- « Da nga siss iow. Tu n'aimes pas te mélanger mais ya kham. Au fait il se peut que ma mère arrive avec une autre personne » confie-t-il

Mouhamed et Soukeyna Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon