Mort Subite - Mélanie

Start from the beginning
                                    

— Bien, bien, si vous le dites. Je retoucherai son visage dès demain.

— DÈS DEMAIN, a répété Barry Claude, ce n'est pas demain que vous allez rattraper cette horreur ! Mais maintenant !

Je me suis soudainement arrêtée de rire. Je l'ai regardé avec dégoût.

— Je suis désolée, ai-je commencé, mais avec toutes ces douleurs, je ne pourrais tenir une minute de plus.

— Mademoiselle Ravenswood, reprenez place. Quant à moi, je retourne chez moi, puisque j'ai l'air parfait sur ce tableau.

Son narcissisme était de trop.

— Avez-vous simplement écouté ce que je viens de dire ? Je ne pourrais pas continuer à poser pour cette toile, je suis bien trop fatiguée !

Comme un cheveu sur la soupe, ma chère mère est arrivée, et a poussé un juron - pas très distingué pour une femme de son rang - en voyant ma caricature.

— Qu'est-ce donc ça ?

— Votre fille, a répondu Barry Claude, n'est-elle pas immonde ?

Même s'il ne s'adressait pas à moi directement, j'ai eu un petit pincement au cœur.

— Mélanie, a annoncé ma mère, reprends place, nous n'avons besoin que de toi pour rectifier cette horreur.

Je me suis alors retrouvée encore plantée là, pendant ce qui me semblait être un centenaire, ayant mal à peu près partout. Lorsque le peintre avait fini de retoucher mon visage - et il était " majestueux " comme avait dit ma mère - il était déjà le crépuscule. Je suis retournée au manoir, et j'ai croisé mon père dans le couloir menant à ma chambre.

— Mélanie ? Ça n'a pas l'air d'aller, que t'arrive-t-il ?

J'étais dans un si mauvais état que cela ? Il faut dire que j'étais pratiquement pliée en deux ?

— Le tableau, comment dire, ai-je répondu suffocante, m'a totalement affaibli père...

— Oh. Ta mère te l'a donc tout de même fait subir alors. Nous en avions eu une discussion.

— Oui, et ce Barry Claude, ai-je dit en prononçant son nom avec impudence, est un homme tout à fait atroce.

Mon père semblait perdu dans ses pensés, fixant un point avec son regard, les traits du visage plissés.

— Ma mère m'avait dit qu'il a tenu des propos grossiers en ta compagnie. Sache que ma fille a le droit de penser et de s'exprimer comme elle le souhaite.

— En effet, ai-je affirmé, " les femmes n'ont pas besoin de penser ". Cet homme me répugne entre ceci et le fait qu'il m'est abandonnée pendant encore plus d'une heure devant ce maudit tableau. Le lâche...

— Oui. C'est un lâche.

— Dire que mère aimerait me voir mariée et à ses côtés. Que pense-t-elle ? Qu'elle va avoir des petits enfants venant de cet homme ?

Je notais dans ma tête que je n'avais jamais parlé avec autant de cynisme.

— Jamais. JAMAIS, je ne prendrais le nom de cet homme. Mais je sens que mère va encore me baratiner avec lui pendant un très long moment.

Je remarquais que sa main droite était fortement crispée sur l'embout de sa canne. J'avais bien l'impression qu'il était en colère.

— Père, ai-je demandé inquiète, vous êtes sûr que tout va...

— Ne t'en fait plus pour ce guignol, m'a-t-il coupé, je m'en occupe...

Il a repris sa route dans le couloir, me souhaitant juste brièvement une bonne nuit. Je n'avais pas du tout aimé son expression. " Je vais m'en occuper ". Il l'avait prononcé avec un sourire sordide et avec une intonation si étrange... Que voulait-il dire par là ? Allait-il lui toucher deux mots ? Et à ma mère ? Très certainement. Je pouvais être certaine qu'elle me bouderait pendant plusieurs jours.

Phantom Manor's Tales : Dans Ton Ombre Pour Toujours...Where stories live. Discover now