Mort Subite - Mélanie

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J'ai quand même du faire ce maudit portrait avec Barry Claude. En effet. La gentillesse qu'avait eu ma mère à mon égard n'avait était qu'une passade. Elle m'avait forcée à poser avec lui dans la forêt, vêtue d'une stupide robe jaune. Lui portait encore son stupide chapeau melon, et son monocle ridicule. Pourquoi avait-elle si soudainement changé d'avis ? " Pour garder une trace de ce que nous avons vécu par le passé ". Mon œil. C'était surtout parce qu'elle s'était rendu compte que ce porc détenait la seule entreprise de bûcherons à des kilomètres à la ronde, et qu'elle ne pouvait se permettre de le perdre. " Tu verras, lorsque tu seras plus vielle et sage, Mélanie, tu seras heureuse de pouvoir retrouver ce portrait et repenser à ta jeunesse et ses amourettes ". EXCUSEZ-MOI ? Je n'aimais point Barry Claude, et elle le savait très bien.

Le peintre a pris une éternité pour peindre son tableau. J'avais le dos endolori, la plante des pieds douloureuse, et surtout ma tête bourdonnait sans jamais s'arrêter. Je n'avais qu'une envie, c'était de donner un grand coup dans le chevalet, d'enfoncer le melon sur la tête de Barry Claude, et de déguerpir en vitesse. Mais j'étais à peu près certaine que les conséquences allaient être désastreuses. Voire même que ma mère me déshérite.

— Miss Mélanie, a soudain poussé le peintre d'une voix aiguë le peintre, voulez-vous relever légèrement la tête je vous prie ?

Le peintre était si petit que j'aurais pu sans problème le faire tomber d'un coup de pied, et m'occuper ensuite de mon prétendant. Il était tout à fait ridicule perché sur son tabouret en bois.

— Bien-sûr, ai-je soupiré, comme il vous plaira.

J'ai relevé la tête, et j'ai affiché mon plus beau de mes plus faux sourire.

— Comme cela ?

— Parfait, a-t-il ajouté, magnifique !

Je le voyais rajouter de la peinture jaune poussin sur sa palette. Sûrement pour ma tenue.

Nous sommes restés ainsi pendant au moins encore trois heures. De temps à autre, du personnel nous apportait du thé ou de petits gâteaux afin de ne pas tomber dans les pommes. C'était vrai que rester debout ainsi sous le soleil brulant était une épreuve presque insurmontable !

Le peintre n'a plus reparlé depuis qu'il m'avait demandé de redresser ma tête. Il se contentait de faire des petites onomatopées qui nous laissaient croire qu'il était plutôt satisfait de son œuvre.

J'étais perdue dans mes songes, lorsque je me suis remise à penser à mes instants d'enfant en famille au Cowboy Cookout Barbecue. Le souvenir d'une quatrième personne me revenait toujours en tête, mais je ne me rappelais pas qui. Il arrivait parfois que nous soyons accompagnés d'amis de mon père, mais c'était rare, et ce n'était pas d'eux dont je me souvenais. Eux, je revoyais leurs visages. Mais pas cette mystérieuse personne.

— Tout simplement exquis, a crié le petit peintre.

Les yeux jusqu'à présent dans le vague, je les ai redressés vers lui.

— Vous avez terminé, a lancé Barry Claude, ce n'est pas trop tôt.

Il s'est avancé jusqu'à la toile, et a pris une tête des plus étranges, à moitié étonné, à moitié dégoûté.

— Vous avez raté le visage de Mélanie ! Quelle est cette horreur ?

Je me suis avancée à mon tour, et j'ai découvert une horrible caricature de mon visage. J'ai tout simplement éclaté de rire. Chaque gloussement réveillait une nouvelle douleur sur mon corps, mais c'était bon de rire. Si ma mère avait été dans les parages, elle m'aurait très certainement réprimandée. Mon nez était trop gros, mes yeux trop clairs et ma bouche trop large. Le peintre a lancé, au-dessus de mon fou rire et visiblement vexé :

Phantom Manor's Tales : Dans Ton Ombre Pour Toujours...Where stories live. Discover now