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Tu scelles ta décision en entrelaçant vos doigts : tu es décidée, ce n'est pas ton ennemi.

Il te fait alors tourner sur toi-même, ce qui t'arrache un sourire sincère, et te rapproche de lui. Alors que sa main se loge dans le bas de ton dos, tes mains à toi se posent sur son torse. Il resserre avec douceur la pression qu'il exerce sur toi et réduit l'écart qui sépare vos visages. Plus il se rapproche et plus tu sens son souffle chaud contre tes lèvres. Tu fermes alors les yeux, sachant pertinemment ce qu'il va se passer.

"Un peu cliché comme baiser mais je ne vais pas me plaindre."

Ses lèvres effleurent les tiennes mais au moment où elles allaient s'y plaquer, elles dévient leur trajectoire et se dirigent vers ton cou. Toujours les yeux fermés, tu hausses un sourcil :

"Aurais-je parlé trop vite ?"

Tu ouvres les yeux en panique alors que tu sens un contact froid le long de ton cou : ça ressemble beaucoup trop à l'épisode de sa langue sur ta cheville vu plus tôt, tu ne veux pas revivre ça.

- Thomas, je...

Tu cherches à l'écarter mais sa main te maintient solidement contre lui. Avant que tu ne puisses appeler à l'aide, il bascule en arrière sa tête et la rabat violemment contre toi. Tu sens une décharge électrique te parcourir et tu devines que ce sont ses dents qui viennent de se planter dans ta chair. Il te refait ensuite face, un bout de peau dépassant de sa bouche et retombant sur son menton. Tu vois un jet de sang partir de toi et recouvrir la chemise ainsi que le visage de ton cavalier, alors qu'il mâchouille son morceau de viande en souriant.

Très vite, la pression du jet baisse et tu sens ton corps te lâcher. Tes jambes sont les premières à cesser de fonctionner, tu t'écroules donc à genoux. Puis alors que tu entends un duo de voix crier ton nom, à première vue Marie et Julia, le reste de ton corps suit le mouvement et tu finis par t'écraser lamentablement dans ton propre sang.

Là, face contre terre et les yeux grands ouverts, tu sais que tu es morte, bien que ta vue et ton ouïe fonctionnent toujours. Tu entends au loin Paulo et Julia se disputer :

- Ah ! Bien fait, un boulet en moins.

- Oh ta gueule toi !

- Quoi ? Je l'avais prévenue !

Tu assistes impuissante à la scène qui se déroule devant tes yeux : Théo gît à quelques mètres de toi, il a hélas subi le même sort. De ta vision limitée, tu aperçois la fille en costume s'acharner avec sa pelle sur un cadavre, et parfois des silhouettes colorées passent à proximité de toi en courant.

Tu remarques rapidement que tu es en mouvement lorsque tes bras entrent dans ton champ de vision et que le décor semble s'éloigner. Tu observes la trainée de sang qui te suit pendant qu'en arrière-plan les autres prennent le dessus sur les macchabées. Alors que tu quittes pour la dernière fois la salle de bal, tout ce qui t'entoure commence à s'assombrir jusqu'à ce qu'il n'y ait rien de plus que le néant. Comme lors des toutes premières secondes, des lettres blanches viennent te sortir de la noirceur ambiante en se gravant à ta hauteur. Le message a néanmoins changé :


Dommage, vous êtes morte.

Merci d'avoir joué à "Les morts aussi savent danser" !

Les morts aussi savent danserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant