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Tu glisses ta main dans la sienne et vous échangez un sourire complice, tu choisis de lui faire confiance. Il te fait tourner sur toi-même et réduit l'écart qui sépare vos corps, il parait contrarié.

- Abby, pourquoi gardez-vous cela ? Il est inutile et ne fait que vous encombrer, ne voudriez-vous pas vous en débarrasser.

Tu baisses les yeux vers le buste que tu tiens encore fermement dans ta main. Tu hésites, tu crois Thomas mais d'un autre côté, tout dans ce jeu essaye sans arrêt de te piéger.

"Que faire... Je le lâche ou je ne le lâche pas ?"

Face à ton manque de réaction, ton cavalier commence à s'impatienter : il se met à taper nerveusement du pied et tend une main tremblante vers toi.

- Abby... Donnez-moi donc cela.

Tu croises brièvement son regard : le blanc de ses yeux est parcouru de vaisseaux sanguins éclatés et tu ne peux lire à travers eux qu'un sentiment de rage profond. Il rompt le contact en s'avançant vers toi.

- Abby... Ne me forcez... Il ferme les yeux, inspire profondément et ramène sa main vers lui, pardonnez-moi, je veux seulement que nous passions une agréable fin de soirée. Je crois qu'une petite partie de moi est encore rongée par ce mal mais je vous promets que je le sens me quitter petit à petit. S'il vous plaît, posez cette chose...

- Pardonnez-moi Thomas mais je ne vais pas courir le risque.

Il s'apprête à répliquer mais tu lui assènes un violent coup au crâne. Il s'effondre au sol dans un cris de douleur, du sang s'écoulant du sommet de son front. Il y passe ses doigts et regarde cette substance avec surprise. Consciente qu'avec ta force et son gabarit un seul coup ne suffira pas, tu profites de sa distraction pour enchaîner deux ou trois coups de plus. A chacun d'eux, du sang éclabousse ta robe ainsi que le blanc immaculé de ton arme. Une fois que tu n'entends plus aucun bruit, tu reprends ton souffle et ramènes le buste contre toi. Le visage de Thomas n'est plus qu'une masse informe de cheveux et de bouilli rougeâtre, sa main est cramponnée sur ton pied dans un élan désespéré de survie. Tu la dégages en secouant ton pied avec une mine dégoutée. Alors que tu sondes les alentours, tu remarques que le silence règne et que tout le monde te fixe, Julia est bouche bée.

Ce silence apaisant ne dur pas puisque la dénommée Caroline le brise en poussant un hurlement de terreur. Elle est allongée au sol et tente de s'enfuir en rampant. Un garçon, dont les cheveux noirs cachent ses yeux et dont le nez manque, s'approche d'elle à grands pas. Une fois devant elle, il attrape sa queue de cheval et force sa tête à revenir vers son dos. Elle le frappe en paniquant mais il l'immobilise facilement et plante ses crocs dans son cou. Il lui arrache un morceau de peau sanguinolant et la laisse retomber mollement contre le sol. Alors qu'il s'assoie pour mastiquer son morceau de viande, tu es interpellée par un cri venant de l'autre bout de la pièce : Théo est de nouveau pris en chasse par son cavalier.

Etant plus réactive que vous, La jeune fille à la pelle s'élance vers Yan en s'écriant, son arme fendant les airs. D'un coup unique porté à la tête, l'ancien cadavre est envoyé au tapis en moins de deux. Comme la première fois, les autres macchabées, qui étaient dociles, se réveillent à l'entente du cri de la jeune fille et accourent vers elle. Comme ayant passé un accord silencieux, vous démarrez tous au même moment et plongez dans le combat. Prise d'un élan de folie, tu tournes sur toi-même et jettes ton arme dans le tas, comme un poids ; elle y heurte la cavalière de Noé. Tu t'avances d'un pas lent, le sourire aux lèvres et t'arrêtes devant elle. Le buste est sur son genoux gauche et du sang s'en échappe, elle regarde sa jambe surprise. Elle semble retrouver un soupçon d'humanité lorsqu'elle se rend compte de ta présence :

Les morts aussi savent danserOù les histoires vivent. Découvrez maintenant