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- Non je remonte, et tu viens avec moi.

Comme une enfant pourrie gâtée à qui on aurait refusé un jouet, elle croise les bras et fait mine de bouder. Tu prends son bras pour la relever mais elle est devenue aussi lourde qu'un rocher et refuse d'avancer. Tu te sens comme un mère exaspérée alors tu soupires et cèdes à son petit caprice :

- Si tu viens avec moi maintenant, je te promets de revenir ici avec toi après la prochaine danse. On ira dans le tunnel et où tu voudras...

- Promis ?

Elle avait dit ça avec une voix enfantine et joueuse. Tu te pinces l'arête du nez en soupirant une nouvelle fois et finis par répondre "promis".

Des pas se font entendre devant vous mais tu ne parviens pas à savoir de quel tunnel ils proviennent. En revanche tu remarques qu'ils se rapprochent dangereusement alors sans attendre, vous vérifiez que la voie est libre et sautez sous la nappe. Vous répétez la même opération que précédemment et vous réjouissez de ne pas avoir attiré l'attention sur vous. 

En relevant le tissu tu remarques que la partie droite des cuisines, qui est maintenant à ta gauche, est de nouveau peu occupée. Tu entreprends donc de te rendre derrière l'îlot "T" mais Julia te rattrape et te montres l'entrée de la pièce. Un homme svelte en costume vient d'entrer, une joueuse dans les bras. Tu la reconnais, tu l'avais croisé dans la salle "entièrement blanche" ; tu l'avais trouvé magnifique avec ses longs cheveux roux bouclés, sa peau pale et sa robe somptueuse. C'était une robe légère et flottante qui était ample sur le bas et moulante sur le haut. Elle était couleur caramel et composée de multiples tissus dorés sur les manches, le col, la taille et les volants.

Un bras dans le vide et la tête incliné en arrière, elle se laisse porter, et lui la retient comme si elle ne pesait rien.

"Elle doit être morte."

Un deuxième homme le suit et ouvre les nombreux verrous qui ferment la porte sombre dans le coin de la pièce. Alors qu'il entre avec elle à l'intérieur, tu sens un courant d'air glacial arriver jusqu'à toi. Il ressort de l'endroit quelques minutes plus tard et claque la porte derrière lui.

- Tu sais ce que le chef a prévu d'en faire ?

- Je crois qu'il a parlé de toasts à la moelle. Tu échanges un regard dégoûté avec Julia.

Une fois qu'ils se sont éloignés, vous sautez derrière l'îlot et parcourez à quatre pattes la distance qui vous sépare de la sortie. Vous vous précipitez dans votre cachette insonorisée et régissez sur votre découverte :

- Beurk, je déteste les os à moelle, c'est répugnant.

- C'est tout ce qui te dérange ? Elle te lance un regard suspicieux. Je sais pas moi, peut être le fait qu'il mange des humains qui sont des joueurs en plus ! Tu agites tes bras dans tous les sens de façon dramatique.

- Ahh ça ! Justement, c'est pas génial ? C'est un jeu de cannibales ! Elle tape dans ses mains avec excitation.

- Oui je reconnais que ça pourrait être cool... Si ce n'était pas nous leur repas !

Elle murmure un "rabat joie" et te dépasse pour rejoindre les escaliers. En passant devant les cuisines tu remarques "l'homme en blanc" adossé contre l'entrée de la cave, vos regards ne se croisent qu'une demie seconde mais tu jurerais l'avoir vu se lécher la lèvre. Parcourue d'une sueur froide, tu remontes en quatrième vitesse les marches.

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Les morts aussi savent danserWhere stories live. Discover now