46: Le plan

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-Attendez, j'ai à lui parler en privé deux secondes.

Il se leva rapidement et me tira par le bras, me forçant à faire de même pour le suivre vers le fond du couloir. Il lâcha mon poignet après s'être arrêté.

-T'es fou ou quoi, je dois te rappeler quels rapports j'ai avec lui ?

-Il ne pourra rien dire, en classe il doit agir en tant que prof' pas en tant que le connard qui t'as quitté pour l'autre et ses menaces à deux balles.

Je croisai mes deux bras sur ma poitrine face à l'air déterminé de mon meilleur ami. Il semblait complètement persuadé de son plan. Mais sur le coup, j'avouai que je n'avais pas vraiment confiance même s'il ne s'était jamais loupé depuis qu'on se connaissait. Lui il faisait les plans de nos conneries, et moi j'étais celle qui plaidait notre cause devant le directeur.

-De ce que je sache, jusque maintenant tout mes plans ont été de francs succès non ? Me questionna-t-il subitement.

-Oui... Mais là c'est différent, je ne suis pas sûre de vouloir le faire...

Son regard perdit sa combativité et une lueur de douceur vint instantanément la remplacer.

-Je ne t'y forcerais pas alors. Mais dans tous les cas, si c'est un moment seul à seul avec lui que tu veux éviter, c'est peine perdue. Si on est puni, il nous convoquera tous individuellement et tu le sais.

Il marquait un point.

-Bon, j'imagine qu'il en va de notre survie après tout...

-C'est un oui alors ?

-Mouais...

Il me prit brusquement dans ses bras, dans lesquels il me serra comme un fou. Puis finit par me relâcher pour nous entrainer vers nos amis qui ne nous avaient visiblement pas quitté d'un pouce.

-Alors ? Demanda Sasha qui n'était pas concernée mais apparemment curieuse.

-Je vais me mouiller pour vous, fis-je presque dépitée.

-Oh mon dieu, Ryuu je t'aime ! S'exclama Jean.

-Reste à savoir maintenant comment on va faire. Dis-je en me tournant vers mon meilleur ami qui semblait en pleine réflexion.  

-Tu improvises. C'est pas vraiment compliqué, on sait tous qu'il va les réclamer après l'appel. A toi de jouer.

-Eren je crois que c'est de moi dont tu vas devoir avoir peur !

-Oui bein, j'ai la forme du plan mais pas le fond ! Se défendit-il en agitant ses mains devant lui.

-Pendant l'appel tu pourrais ne pas répondre ? Fais en sorte qu'il te voit lorsqu'il arrive. Si tu ne réponds pas et qu'il sait que tu es là il va sûrement comprendre qu'il se passe quelque chose, proposa soudainement Mikasa en posant son dos contre le mur.

-Pas bête ! Et il faudrait que tu lui montre carrément que t'es mal en point, le but c'est qu'il se lève et qu'il vienne jusqu'à toi. Poursuivit Eren d'un air illuminé.

-Je peux essayer oui. Mais qui nous dit qu'il y croira et qu'il m'emmènera lui à l'infirmerie ou je ne sais quoi ?

-Crois-moi qu'il va le faire, me répondit mon meilleur ami.

En effet, il n'avait pas tord. Sur le coup, à moins qu'il soit totalement dépourvu de sentiments, il n'y avait que très peu de chance qu'il ne réagisse pas à mon pseudo malaise.

L'heure approchant, on reprit tous nos sacs sur le dos et on se mit en un espèce de rang juste devant la porte d'entrée de la classe. J'étais juste contre le mur au seuil de l'encadrement de la porte. Eren avait dit que ça nous permettra d'être sûre qu'il me voit bien.

Lorsque le concerné arriva de l'autre bout du couloir, Eren me fit signe de commencer mon numéro.

Sans trop savoir quoi faire, je baissai la tête et plissai mes yeux comme lorsqu'on était fatigué. Je me courbai légèrement en croisant mes bras sur mon ventre pour simuler un mal à cet endroit.

Au même moment, Livaï arriva. Je dus faire preuve d'un effort surhumain pour m'empêcher de relever la tête et de le regarder.

-Ryuu, ça va aller ? Tu tiens le coup ? Me demanda Eren, sûrement pour que le noiraud est la preuve orale que je ne me sentais pas bien.

Comme prévu, à l'entente de la clé dans la serrure qui semblait ralentir, on avait réussi à attirer son attention.

Une fois la porte déverrouillée et ouverte, il entra et nous laissa entrer à notre tour. Avec Eren, on s'installa comme d'habitude depuis qu'avec Livaï s'était « fini » au fond. Je gardai toujours la tête baissée.

Une fois que tout le monde assis, sous les conseils d'Eren, je plongeais ma tête dans mes bras sur le bureau face à moi. Selon lui ça faisait plus mal en point.

Sans trop tarder, il commença l'appelle. Au fur et à mesure des prénoms, je sentais une boule de stresse se former dans mon estomac.

-Ryuu ?

Merde, je n'avais pas compris que c'étais déjà à moi. Mais comme prévu, je ne bougeai pas d'un pouce et aucune réponse ne franchit la barrière de mes lèvres.

Il me rappela encore plusieurs fois. J'entendais plusieurs chuchotements autour de moi, tout le monde semblait se demander ce qui m'arrivait.

-Continu il se lève, m'avertis mon voisin tout en chuchotant lui aussi.

Quelques secondes après son avertissement je sentis une main se poser délicatement sur mon dos et me secouer doucement.

-Ryuu ? Qu'est-ce-qu'il se passe ?

Une fois de plus je restai muette même si sa douceur m'avait surprise.

-Depuis tout à l'heure elle n'est vraiment pas bien, pris soudainement la parole Eren.

-Hey Ryuu, tu m'entends ? Tu as mal ou ? Recommença-t-il à m'inciter.

Je me redressai très lentement pour faire en sorte que ça ait l'air d'un effort immense pour moi.

Après m'être quelque peu redressée, je croisai le regard inquiet du noiraud. Je gardai les yeux plissé.

C'était le moment.

Sans crier garde, et comme prévu, je me laissai brutalement m'effondrer sur le côté.

Heureusement pour moi Livaï eut le réflexe d'empêcher ma rencontre avec le sol. J'en profitai pour relâcher tous les muscles de mon corps et de garder mes yeux fermés.

-Que tout le monde se calme !

Tandis que je l'entendis crier sur les élèves qui s'agitaient comme je ne sais pas quoi, je le sentais me secouer pour tenter de me faire reprendre connaissance.

-Bon, je vais l'ammener à l'infirmerie. Dit-il avant de se lever, me faisant prendre par la même occasion de la hauteur. je compte sur vous pour faire preuve de maturité.

Même si je ne voyais pas vraiment vers où nous allions, je sentais bien qu'il se pressait de se diriger vers l'infirmerie.

Au bout d'un petit temps de course, bien que je ne sentis pas vraiment énormément de secousses, je l'entendis pousser à la hâte une porte.

-Bonjour ! Désolé de vous déranger, une élève a fait un malaise !

PROFESSOR ACKERMANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant