Chapitre 18

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Théo

Cela fait maintenant une bonne heure que nous sommes en plein milieu de la méditerranée. Entretemps, j'ai découvert que cette balade en mer n'était pas une décision sur un coup de tête de la part de Lucas, mais bien une activité organisée en amont puisqu'il a tout prévu : le frigo et les placards sont remplis, deux maillots de bain et une crème solaire sont rangés dans un sac et le lit double est fait, même si je ne sais pas s'il a prévu une nuit dans le navire. J'aurais pu aller ouvrir le tiroir du chevet pour vérifier s'il y avait des capotes et du lubrifiant, mais je me suis dit que garder la surprise ne me ferait pas de mal, loin de là. 
Je sors de mes pensées et ouvre le gaz pour préparer le déjeuner. En ouvrant les placards, je suis content de voir que le matériel de cuisine, tout comme la vaisselle sont en plastique. Je ne suis toujours pas à l'aise dans cet endroit, mais je ne le montre plus pour ne pas inquiéter davantage Lucas. Comment pourrais-je l'être alors que chaque mètre carré marque le luxe à la française ? Rien que la cuisine pourrait payer mon loyer – assez élevé puisque j'habite en centre-ville – pendant au moins un an. Et dire qu'il y a tant de pauvreté en France...
Mais j'évite d'y penser et essaye de profiter de cette activité que je ferai qu'une fois dans ma vie. De toute façon, faire la tronche parce que je trouve qu'acheter un tel voilier est indécent pourrait pourrir cette sortie romantique et ça, je ne le veux pas. 
Je sors de la cabine et le rejoins à bâbord. L'air marin m'enivre et purifie mes poumons trop longtemps endommagé par la pollution de la ville. J'aime aussi marcher le long du bateau alors que celui-ci ne cesse de tanguer. J'ai l'impression d'être éméché, c'est assez drôle. Ça le sera moins quand je vais avoir le ventre plein après le repas, j'en ai conscience.

― Lucas, tu veux manger quoi ? lui crié-je.

Il a mis le pilote automatique et est en train de s'occuper de hisser les voiles, car le vent se lève.

― T'as besoin d'aide ?

― Il y a des plats de précuit dans le frigo, choisis ce que tu veux, répond-il. Et nous, je te l'ai déjà dit je refuse que tu m'aides. Tu es là pour te prélasser.

Je soupire et retourne dans la cuisine. Depuis qu'on a quitté Cannes, je lui ai proposé mon aide six ou sept fois, mais il a toujours refusé et continue de le faire. Le problème c'est que rester sans rien faire alors qu'un autre travail ce n'est pas dans mon éducation. En plus, je déteste me tourner les pouces. C'est pour cette raison que j'ai voulu préparer le déjeuner, mais apparemment, les cuisiniers du palaces nous ont fait des plats. Je soupire une nouvelle fois et ouvre le frigo. Je fronce les sourcils en découvrant le contenu des deux premières Tupperwares que j'ai sorties : steak haché au parmesan garni de spaghetti et un bœuf sauté au basilic thaï couché sur un mont de riz. Ce sont des plats simples et sans prise de tête, ce n'est pas ça le problème. Le problème c'est que Lucas a oublié de prévenir les cuisiniers que je suis végétarien. Je vérifie quand même les autres Tupperwares, mais il n'y a rien sans viande ni poisson. Tant pis, je prendrai l'un des plats en laissant de côté l'aliment qui ne m'intéresse pas. Je les mets dans le micro-onde et le mets en marche au moment où Lucas apparaît.

― Alors, t'as trouvé ton bonheur ? demande-t-il en finissant de mettre la table

― Bah... tu as oublié de préciser au chef que je suis végé, alors, je vais faire avec...

Il se retourne et fronce les sourcils

―Hein ? C'est ce que j'ai dit en premier.

― Il a dû oublier. Là j'ai pris un plat avec un steak haché et des spaghettis et l'autre avec un bœuf et du riz.

― Théo, le steak haché en question est végétal, fait avec du soja et du blé...

― Sérieux ?

Ticket-gagnant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant