Ticket-gagnant (BxB)

Chapitre 4

Lucas

En début de soirée, je me pose à l'un des bars du palace et commande un verre de whisky. Je discute un peu avec le barman, puis je remarque qu'à quelques mètres de mois, un client lit une brochure en sirotant un coca. Depuis quand un de nos clients s'intéresse aux activités à faire dans la région ? Ils s'en tapent de Cannes, son patrimoine, son économie locale et ses habitants. Soudain, j'ai une illumination. Sans réfléchir à deux fois, je l'accoste :

― C'est vous le gagnant du concours ?

Il relève la tête et fronce les sourcils. Je note dans un coin de mon esprit qu'il est beau à tomber avec son sweat, son jean troué d'une manière stylisée sur les genoux et ses cheveux brun décoiffés. Malheureusement, je sais que son style vestimentaire ne plaira pas dans cet environnement et j'espère pour lui qu'il ne verra pas les regards indignés, ou pire, que lui lanceront les autres clients. J'espère également qu'aucun ne l'abordera pour lui faire des réflexions ou des sous-entendus à peine voilés.

― Comment l'avez-vous deviné ?

Je lui montre les brochures du regard.

― Ce n'est clairement pas le genre d'activités appréciées des clients habituels.

Il peut me croire sur parole. Eux, ils sont du genre à se prélasser dans un spa à faire des commérages ou passer leur temps au casino, ou sur leur Yacht ou encore dans les boutiques de luxe qui décorent le boulevard de la croisette.

― Ils ne savent pas ce qu'ils ratent.

J'éclate de rire.

― Je confirme. Vous venez du nord de la France ?

Il esquisse un sourire. Il a de très belles lèvres, une sublime fossette qui fait son apparition et ses iris aux teintes marron brillent sous la lumière artificielle des plafonniers.

― Ne me dites rien, mon accent m'a démasqué ?

― C'est ça.

Je jette un coup d'œil à ma montre.

― Je suis désolé, je dois vous quitter. Au plaisir de vous revoir.

― Moi de même. Je vous souhaite une excellente soirée.

Je le remercie d'un signe de tête et me dirige vers le restaurant où j'ai réservé une table pour un couple. Les cuisiniers et le reste du personnel de la restauration sont habitués à réaliser des plats spéciaux ou de petites attentions, mais là, les clients souhaitent avoir une nappe de table d'une couleur et d'une matière qui sort de l'ordinaire : du mohair rouge. On ne va pas chercher à comprendre pourquoi ils veulent cette fibre laineuse en guise de nappe, de toute façon ce n'est absolument pas la demande la plus bizarre et insolite que j'ai dû gérer depuis que j'aide mon père. Tout en vérifiant que la table est dressée comme le couple le désire, je repense au jeune homme avec lequel j'ai échangé au bar. Son style dénote dans ce lieu très raffiné et guindé, mais j'adore ça. Je suis même certain qu'il sera un vent de fraîcheur. Et surtout, grâce à lui, je peux enfin affirmer qu'on peut faire de belles rencontres dans un palace.
Ensuite, je pars voir Étienne. J'ai une petite idée pour le revoir et passer du temps avec lui.

― Dis, Étienne, tu peux me dire le numéro de chambre du gagnant, s'il te plaît.

― C'est la 213, Monsieur.

― Lucas, Étienne. Merci du renseignement.

Je rejoins le second étage au pas de course. Quand je suis devant la porte de sa suite, je reprends mon souffle et tape à la porte. Elle s'ouvre et je découvre que notre client atypique n'a qu'une serviette sur les hanches, ce qui me donne une magnifique vue sur ses légers abdos. D'ailleurs, son torse, bien proportionné et tatoué qui plus est, ruisselle de gouttelettes d'eau. Je me force à détourner le regard avant de paraître pour un gros pervers, surtout que je ne connais pas ses préférences en matière de partenaire. J'ai vu des mecs se prendre un coup de poing pour moins que ça.