21 Vacances

9 1 0
                                    

Les vacances scolaires approchaient à grands pas. Kelly profitait des dernières minutes ce vendredi avec ses camarades. Elle jouait dans la cour de récréation, à trappe-trappe, poussant des cris d'insouciance.

Fred était au portail, flanqué d'Eliott, déjà en vacances depuis quelques jours. Il marmonnait à propos de sa sœur :

« Mais comment fait-elle pour aimer l'école à ce point !? Tu peux pas l'appeler là qu'on s'en aille ? »

« Elle a raison, elle profite du dernier jour avec ses amies... Elle ne nous a même pas remarqués. »

« N'empêche, ça craint, regarde la ! »

A cet instant, Kelly passa en courant près d'eux. Elle les aperçut et arrêta sa course.

« Touchée ! » dit la fusée filant à son côté.

« C'est déjà l'heure, je m'amuse trop bien ?! »

Fred sourit et consola Eliott un peu plus tard devant un bon goûter et la tablée rassemblée autour d'Émilie.

Certains enfants se préparaient à rentrer dans leur famille, pour une partie des vacances, et pour d'autres s'annonçait un camp, dix jours au bord de l'océan.

Fred et Émilie présentèrent aux enfants le séjour, départ lundi en début de matinée. Pour Eliott, ce camp venait clôturer son semestre sur le groupe avec sa sœur, avant d'aller rejoindre pour la suite des vacances sa nouvelle unité avec des jeunes en pleine crise d'adolescence et de bien d'autres choses encore.

Le lundi matin, l'équipée décolla avec Eliott et Kelly, Charline et Mathias, ainsi que trois enfants d'un autre groupe de Sainte Clotilde. Avec Fred et Émilie, le fourgon était complet, sur la route des vacances. Pendant ce temps, Anthony, Karine et Thomas étaient dans leur famille et Arnaud profitait d'un séjour de loisirs avec un autre centre.

Au menu, de nombreuses baignades, avec Émilie passant son temps à compter les têtes hors de l'eau. Mais également des promenades, jeux, veillées et une visite au parc animalier, bondé de visiteurs : Fred gardait Eliott, Kelly, Charline et Mathias auprès de lui tandis qu'Émilie donnait la main aux trois petits et tâchait de ne pas les perdre.

Chaque soir, après avoir couché les enfants, Fred et Émilie s'installaient dehors et discutaient de la journée écoulée, puis de celle à venir. Eliott, le plus grand de ce groupe, avait droit à son régime de faveur. Il s'assit non loin de ses éducateurs, puis se rapprocha.

« Vous faites encore votre liaison ?! » leur dit-il.

« Oui, et fais au moins semblant de ne pas écouter... », compléta Fred.

Le quatrième soir, Fred tendit un billet à Eliott et l'envoya se chercher une crêpe au nutella au bar de la plage.

« Ça nous fera des vacances », justifia-t-il.

Un peu plus tard, Eliott revint, la bouche pleine et un morceau de crêpe entre les doigts. Il rendit à Fred la monnaie et le ticket de caisse : « Merchi ! » parvint-il à articuler, non sans peine.

Assis légèrement à l'écart, Eliott se délectait encore et commenta la discussion de Fred et Émilie.

« Oui, dit-il d'une voix féminine, il faut surveiller Mathias ! Et Charline et Kelly sont des chipies !... »

Fred se leva alors et souleva Eliott comme un sac de patates pour le déposer plus loin.

« Au secours, Émilie ! » protesta le garçon.

Le camp de vacances se déclinait, alternant le repos et la plage, la piscine et autres activités estivales. Parmi les jeux de baignade, Eliott tentait de couler son éducateur avec la complicité de Mathias : « Tous sur Fred ! » criait-il. Et il aimait quand ce dernier le faisait grimper debout sur ses épaules, puis se faire réprimander par le maître nageur.

Le dernier soir, pas de liaison au programme. Les enfants étaient couchés après une veillée animée à l'occasion d'un repas à la terrasse du restaurant de la plage. Cette fois, Fred offrit une chaise à Eliott qui s'assit fièrement avec ses éducs. Eliott aimait être pris au sérieux et que les adultes lui fassent confiance. A sa façon, il le leur rendait bien.

Avec Fred, ils parlaient de projets et d'avenir, de leur vision du monde. Pendant ce temps, Émilie semblait absente, lointaine, à 345 kilomètres de là.

Quand Eliott s'en aperçut, il la taquina alors avec son humour habituel :

« Émilie, tu as la tête ailleurs, tu es amoureuse ou quoi ? »

Fred sourit, Émilie rougit et Eliott, hilare, se tordit de rire, fier de son trait...

... Et le garçon s'éloigna en fredonnant d'une voix fluette :

« Un jour, mon prince (...), mon joli prince, épouse moi !... Surtout, ferme les yeux et ne t'enfuis pas ! Puis, il poursuivit dans les aigus, à l'intonation désespérée :

Reviens, je t'en supplie, mon cœur ! Reviens, mais reviens quoi ! ... »

Au secours, Émilie !Where stories live. Discover now