Chapitre 18

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Diane

Dans la prison, tout le monde a les nerfs à fleur de peau. Nous n'avons plus aucune nouvelle depuis le départ des Jumeaux et ça m'inquiète, comme les autres. D'un geste mécanique, je vérifie que la baguette est toujours dans ma poche.

- Que fais-tu Diane ? demande Alexios qui a surpris mon geste.

- Oh, euh, rien du tout... Je... J'ai senti quelque chose d'étrange, je mens. Je crois que je deviens un peu paranoïaque.

Je ne sais pas pourquoi je leur mens. Sûrement une peur irrationnelle. Peur qu'ils ne veuillent me prendre ma trouvaille, ceux que je connais à peine. Ça me semble ridicule et pourtant je n'ose pas leur dire, et je laisse ma terreur me consumer, n'osant pas sortir de mon silence. À chaque fois que je m'apprête à le leur révéler, je trouve une excuse pour ne pas le faire.

C'est alors que j'entends une voix qui murmure, nous faisant tous sursauter :

- Vous êtes bien les compagnons de Suzainia et Damien ?

Je tente de distinguer le nouveau venu, que je n'avais pas du tout entendu venir. C'est un... Dragon, à ma grande surprise.

- Oui, je réponds, sans vraiment savoir ce qui nous attend.

- Je vais vous sortir de là ; ces deux humains sont en grand danger, mais ils représentent aussi notre seul espoir d'échapper à la dictature mauvaise de Drâgion, que certains d'entre nous ont bien cernée. J'ai confiance en eux, mais ils auront besoin de votre aide.

Un mécanisme s'enclenche et la porte s'ouvre, devant nos yeux ébahis. Cela semble être un miracle ou un piège. Sans même nous parler avant d'établir une décision, nous sortons tous, mus par une envie de liberté.

- Suivez-moi : je vais vous conduire à la salle du trône, mais surtout, suivez mes ordres et faites le moins de bruit possible.

Nous emboîtons le pas du grand Dragon, n'ayant pas vraiment d'autres choix. Je reste sur mes gardes, sentant bien la baguette dans ma poche. Je ne sais pas vraiment quel est son pouvoir, mais je n'hésiterai pas à l'utiliser pour garantir ma survie.

Je remarque alors que Louise n'arrête pas de me regarder, comme si elle attendait quelque chose de ma part. Peut-être qu'elle se doute de quelque chose. Je sais que tout cela est ridicule, pourtant, ce regard en coin m'horripile au plus haut point. N'en pouvant plus je lui lance, agressive :

- Quoi ?

- Rien, désolée Diane, dit-elle, avec un ton froid qui me glace le sang.

Entre nous règne une tension que je n'aime pas, pourtant, je l'ai bien provoquée. Nous frôlons la dispute, c'est une sorte de guerre froide que Suzainia ne va pas aimer. Tout est de ma faute, mais je n'arrive pas à rattraper les choses. Je me sens coupable. Elle s'éloigne, tandis qu'un froid gagne mon cœur.

Je vérifie nerveusement beaucoup de fois que ma baguette est bien dans ma poche.

- Que fais-tu ? me demande Alexios, qui a à nouveau remarqué.

- Rien, juste un tic, je mens encore une fois.

Il me dévisage et je devine qu'il est de plus en plus suspicieux. Je vais difficilement pouvoir garder le secret plus longtemps... Nous arrivons devant la porte de la prison.

- Qu'est-ce que... grommelle le Dragon.

Son ton est annonciateur de sérieux problèmes, qui ne me disent rien qui vaille. Je vois alors la porte, qui se dresse de toute sa hauteur.

- Je l'avais pourtant laissée ouverte... Ouvrez !

Le Dragon frappe avec sa queue de puissants coups, mais personne ne vient l'ouvrir.

- Que se passe-t-il ? demande Valerio, inquiet à son tour.

- Je crois qu'ils sont au courant pour ma rébellion... Cette porte est infranchissable autrement qu'en l'activant de l'autre côté.

- Et qu'est-ce que c'est que ça ? dis-je, remarquant un petit trou, entouré de symboles familiers.

- Nul ne le sait : c'est là depuis très longtemps.

Des voix pénètrent soudainement ma tête, sans crier gare. De voix suraiguës, horribles. Elles hurlent et répètent quelque chose. J'ai l'impression que ma tête va exploser. Je la prends dans mes main et m'assoit, sous le choc. Elles continuent à hurler, sans que je ne comprenne quel message elles veulent me faire passer. Je supplie qu'elles s'arrêtent et me mets à pleurer, sans plus sentir ce qui se passe autour de moi, entièrement obnubilée par cette douleur affreuse. Je parviens cependant à distinguer certains mots : Enfoncer, baguette et sphère. Les voix cessent petit à petit tandis que je tente de me remettre, une effroyable migraine à présent. Une intuition me dit que tout ça provient de la baguette. Quand j'ai enfin retrouvé mes esprits, je vois que tout le monde me dévisage. Ils attendent des réponses, évidemment. Je crois que je vais devoir leur révéler plus vite que je ne le pensais.

* * *

MagkarWhere stories live. Discover now