Chapitre 12

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Adelba

Je soupire de soulagement en m'essuyant le front recouvert de perles de sueur. Enfin, j'ai soigné Ira. Elle ne craint plus rien. Elle vole tout autour de moi, sa bonne humeur et son énergie retrouvées. Comme d'habitude, je la ressens également et souris. Je me demande quoi faire à présent.

La réalité me frappe alors de plein fouet ; je ne sers plus à rien maintenant que les Jumeaux sont partis. Je me tape le front avec un soupir. Encore une fois, je me suis comportée de manière égocentrique, sans réfléchir, en étant obnubilée par Ira. Et maintenant, ils sont seuls, dans une nature hostile avec des Magkars cupides, malhonnêtes et mauvais partout, surtout s'ils vont chez Chronos... Je ne sais pas ce qui m'a pris. Laenys m'engueulerait si elle savait, et à raison. J'étais censée être là pour eux, et non les abandonner à la première épreuve venue, en les laissant seuls... Abattue, je reste assise longuement, ayant honte de moi-même.

Ira volette vers moi, sentant mon chagrin. Elle me tapote l'épaule et je la regarde. Elle tente de me communiquer de l'encouragement, mais je reste d'abord fermée face à ses tentatives. Elle est bien plus puissante que moi et finit par, peu à peu, me communiquer sa détermination, qui s'empare de moi et me fait relever la tête. Une idée me traverse alors l'esprit : je peux tenter le tout pour le tout. Tenter de sauver leurs parents. Je refuse de rester à rien faire. Je dois agir sinon je vais devenir folle. En plus, je ne sais pas où aller d'autre. Tant pis si c'est un échec, j'aurais toujours tenté. Un frisson d'excitation me parcourt. De l'aventure !

Ira sent mon changement de comportement, ce qui la ravit. Je lui expose mon plan et elle frétille partout, tout en s'écriant :

- Je te suis !

- Non, c'est beaucoup trop dangereux et tu ne me feras pas changer d'avis. Tu es encore faible, tu as été trop exposée au danger ces derniers temps. Et puis, nous en avons discuté : il faut que tu te retires. Bien que j'aie fait de mon mieux pour te soigner, cette blessure ne me dit rien qui vaille. Pour l'instant, tu rentres à ton village et tu te reposes, compris ? Ils sauront mieux te guérir que moi.

- Très bien, grommelle-t-elle, visiblement très déçue mais devinant que je ne cèderai pas.

J'ajoute d'une voix douce :

- Je tiens beaucoup à toi et je préfère qu'il ne t'arrive rien. Fais attention pendant la route. J'espère que je te reverrais...

- Pourquoi tu dis ça murmure-t-elle, larmes aux yeux, tu n'as pas le droit de mourir, de m'abandonner. Tu feras tout pour vivre hein ?

- Bien sûr ! je l'assure, néanmoins mal à l'aise, ne t'inquiète pas. Va, maintenant.

Elle me regarde, indécise. Puis, elle se blottit contre moi et s'en va, d'un faible battement d'ailes qui me serre le cœur. Elle saura trouver son chemin et revenir à son village où elle sera en sécurité. Je tente de m'en convaincre, pour repousser les remords. Je ne veux plus me faire distraire par autre chose, et mettre Ira en danger.

Je dors ce soir-là d'un sommeil agité. Je vois les Jumeaux se faire attaquer, capturer et torturer mais je ne peux rien faire, même pas parler. Puis, c'est au tour d'Ira de se faire blesser par des ennemis bien trop nombreux, contre lesquels je ne peux rien non plus, dans l'obscurité où je suis emprisonnée. Je me réveille en sursaut, le matin, le cœur battant, la respiration accélérée. Je mets un manteau et sors prendre l'air, sur un coup de tête, encore affolée par ce rêve qui me semblait bien trop réaliste. Je me rassure du mieux que je peux : Ira est sûrement près de chez elle à cette heure-ci. Je m'allonge sur le dos, dans l'herbe abondante. Les oiseaux pépient dans les arbres. Une petite brise souffle. Je regarde le ciel du matin aux belles couleurs orangées, jaunes et roses même.

MagkarWo Geschichten leben. Entdecke jetzt