💍 CHAPITRE 48 💍

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Attendant impatiemment devant les imposantes portes du Palais, Joséphine fit les cent pas. Voilà bien vingt-minutes que le médecin de la Cour qu'un garde a été expressément réquisitionné s'était enfermé derrière elles en compagnie de sa sœur bouleversée. Colère. Frustration. Anxiété. Exaspération. Joséphine voulait des réponses et elle les voulait maintenant. Que s'était-il passé dans les jardins ? Comment allait sa sœur ? Le neveu du Comte lui avait-il fait quoique ce soit ? Et tandis que toutes ces questions ne cessaient de la tourmenter, se tenait non loin d'elle de l'autre côté du couloir, l'observant du coin de l'œil, un Duc inquiet. Il n'avait osé l'approcher, ne sachant quoi lui dire ni comment se comporter avec elle. Avait-il eu raison d'empêcher son geste ? Probablement. Mais il est fort à parier que s'ils avaient été seuls tous les trois, Jonah aurait alors détourné les yeux, laissant Joséphine accomplir sa vengeance. Peut-être même l'aurait-il aidé ? Qui sait ?

Alors respectant l'intimité du moment, il se contente de rester à distance. Ni trop loin, mais ni trop près non plus.

Au bout de minutes semblant interminable, les portes finirent par s'ouvrir et le médecin sortit. Assurant Joséphine que sa sœur ne souffrait d'aucun mal si ce n'est un traumatisme, cette dernière ne put s'empêcher de se sentir soulager. Il ne l'avait pas touché et même si cela la rassura, rien sur l'instant ne put dissiper sa culpabilité. Si elle ne l'avait pas expressément emmenée, rien de tout cela ne lui serait arrivée et alors Ambre n'aurait pas eu à souffrir d'une quelconque manière que ce soit.

Cette brutale constatation rappela à Joséphine tous les écarts qu'elle s'était permise d'avoir ces derniers jours. Elle avait négligé l'éducation de Thomas pour le confier de plus en plus souvent à Ninon. Elle avait oublié le besoin constant de Ambre de se sentir entourée et d'autant plus depuis le départ de Bartolomé. Laissant ses cadets derrière elle, la jeune femme s'était perdue dans sa folle course aux affaires. Dans ses rêves se tenant pour la première fois à sa portée. Elle s'était laissée allée à croire que son idylle avec le Duc de Varsox pouvait se concrétiser. Il l'aimait. Du moins, c'était ce qu'il lui avait dit. Cela lui été soudain, mais plaisant car Jonah avait été une partie intégrante de sa vie depuis quelques temps maintenant. Il ne se passait pas une semaine sans qu'ils ne trouvaient un moyen de se voir ou même de se croiser. Puis des semaines sont devenus des jours. Plus le temps passait et plus le jeune homme marquait sa présence dans la vie de Joséphine. Alors la jeune femme prit un certain plaisir à le voir graviter autour d'elle.

- Peut-être devriez-vous ramener votre sœur chez vous. Elle a besoin de repos. Je peux demander à un garde de préparer une voiture et de vous escorter si vous le désirez, souffle le médecin voyant l'état de Joséphine toute aussi épuisée

- Cela ne sera pas nécessaire, je m'en occupe, intervient Jonah.

Ils arrivent à sa hauteur et Joséphine se tourne délicatement vers lui tandis qu'il n'a pour elle que tendresse et compassion. Le médecin se retirant, le visage de Joséphine éclate tel un miroir brisé. De lourds sanglots résonnent dans le couloir tandis que le Duc, impuissant et silencieux, ne peut que l'accueillir dans le creux de ses bras.

Ce n'est pas le genre de soirée à laquelle il s'attendait même si elle s'annonçait éprouvante. Les mots de sa tante résonnaient encore en lui, mais alors qu'il tenait Joséphine, ces derniers semblaient disparaître petit à petit.

Le voyage retour se fit dans le plus grand des silences. Ambre, endormie, se reposait sur les genoux de sa sœur tandis que cette dernière n'avait d'intérêt que pour le paysage extérieur défilant sous ses yeux. Jonah quant à lui, ne quitta aucune des deux non plus. Il s'était installé en face d'elles, posant tantôt ses yeux sur l'aînée visiblement épuisée et tantôt sur la cadette qui semblait être dans un monde bien à elle. Il aurait aimé lui dire qu'il était désolé et qu'il n'aurait pas dû répondre aux provocations de sa tante. Il n'aurait pas dû la laisser derrière lui. Cela aurait-il changé quoique ce soit ? Hélas, il ne trouva aucunement le moment pour lui dire.

JoséphineWhere stories live. Discover now