Chapitre 8 - Comme un womatou en cage

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Cela faisait bientôt une semaine qu'Avalon résidait au square Grimmauld. Ses journées s'écoulaient, toutes plus semblables les unes que les autres, surtout depuis que Remus Lupin était parti après la pleine lune pour une mission, comme il l'avait expliqué à Avalon. Depuis, Sirius Black semblait déterminé à éviter Avalon au maximum. Ils prenaient leurs repas séparément, et à part les grincements du plancher, aucun autre bruit ne s'échappait des pièces de l'habitation, les deux sorciers se cloîtrant dans leurs chambres respectives.

Durant les trois premiers jours, Avalon avait essayé de fréquenter les autres parties de la maison, espérant amadouer le fameux Sirius Black. Mais leur dernière conversation, froide et piquante, et surtout les commentaires sur Nashoba, restaient présents dans la mémoire d'Avalon. Malgré tout, elle savait qu'entretenir des relations cordiales faciliterait grandement sa vie actuelle. Et puis, comme dit le vieil adage, la vengeance est un plat qui se mange froid. Cependant, elle devait lui parler, son jour de sortie étant le lendemain, elle en avait désespérément besoin. Elle avait l'habitude de prendre l'air régulièrement pour se ressourcer, que ce soit dans les rues sorcières ou moldues, dans les champs ou les marécages. Cette habitude, enracinée depuis son enfance à l'orphelinat, n'avait pas disparu durant ses études. La proximité avec la nature environnante du château lui assurait un réel réconfort.

Elle s'évadait souvent de l'orphelinat afin d'échapper à la maltraitance ne serait-ce que quelques heures. C'est d'ailleurs en fuguant qu'un jour elle avait rencontré une meute de Womatou. Ce félin natif des Appalaches était un animal fantastique, un croisement entre un lion et un puma, doté de six énormes pattes. Rapide comme une flèche, il pouvait également hypnotiser ses proies et lire dans leurs pensées. L'animal n'avait pas été approché par des sorciers depuis de nombreuses années, seuls certains Cherokees connaissaient le secret pour s'en approcher sans être tués. Mais la jeune Avalon, âgée de tout juste sept ans, avait par un miracle inconnu été adoptée par l'animal. Ce dernier avait léché ses plaies et lui avait permis de dormir blottie contre lui, au chaud. Elle avait fini par repartir quelques jours plus tard, probablement hypnotisée par la bête, mais était revenue se ressourcer dans la nature auprès de la meute souvent par la suite. Elle cachait cette rencontre comme un trésor.

C'est pourquoi vivre enfermée depuis une semaine commençait à l'irriter. Ainsi, elle prévoyait de laisser un mot ce soir-là près du repas du soir, sachant que Sirius attendrait qu'elle remonte pour descendre prendre son repas.

"Je sors toute la journée demain. Déposez moi votre liste de courses sur la table de la cuisine en cas de besoin."

Pendant qu'elle se préparait pour une soirée de lecture pyjama avec une bouteille de vin prise dans la réserve de la cuisine, Avalon pensait à tout ce qu'elle prévoyait de faire le lendemain. Elle acceptait de faire les courses, mais elle n'avait pas l'intention de s'attarder. Elle avait hâte de se rendre chez l'apothicaire pour les ingrédients manquants pour ses potions. Elle avait également prévu de vendre deux ou trois poils de womatou. Bien que de tels poils valussent une fortune, Avalon restait discrète sur leur obtention pour ne pas attirer trop de questions. La plupart des poils récoltés étaient utilisés pour la concoction de ses potions.

Avalon était fascinée par cet animal légendaire, et le cœur de sa baguette était composé d'un poil de womatou. Lorsque la baguette l'avait choisie, le vendeur ainsi que le professeur l'accompagnant étaient restés bouche bée face à cette découverte, mais pas elle. Avalon avait appris bien plus tard que très peu de baguettes comme la sienne existaient, et que le poil de womatou indiquait une baguette très offensive, adaptée aux arts sombres.

La tribu de Nashoba vénérait cet animal, mais le savoir permettant de l'approcher se perdait de génération en génération. Nashoba et Avalon avaient découvert que son animagus était un womatou durant leurs années d'études. Grâce à cela, elle pouvait tenir compagnie à Nashoba lors des nuits de pleine lune. 

C'est en pensant à tout cela qu'elle enfila sa robe de nuit bordeaux en satin, mais elle fut ramenée à la réalité par trois coups à sa porte.

"Oui ?"

Sirius Black entra dans la chambre, légèrement gêné lorsqu'il vit la tenue d'Avalon. Il regarda ensuite autour de la pièce et remarqua la bouteille de vin qui l'attendait.

"Du vin, vraiment ? Tu sais que même en Angleterre, tu n'as pas l'âge requis pour en boire ?"

"Oui, mais tu n'es pas mon père", répliqua Avalon avec un léger sourire en coin.

"Je peux prendre un verre avec toi ?"

Avalon fit apparaître un deuxième verre et ils s'assirent chacun dans un fauteuil de la chambre. Après une gorgée appréciée des deux sorciers, Sirius prit la parole.

"On m'a demandé de te convaincre de ne pas sortir demain."

"Pourquoi ? Nous avons pourtant établi un accord, non ?"

"Oui, en effet. C'est pour cela qu'ils veulent que je te convainque de ton plein gré de ne pas sortir."

"Je comprends la nuance, mais pourquoi ne pas vouloir que je sorte ? Tu sais mieux que quiconque que rester enfermée ici tape sur les nerfs. Je ne compte pas attirer l'attention ou faire quoi que ce soit de stupide. Mais comprends moi, Sirius, tu es bien placé pour savoir que rester enfermé est une torture de l'esprit ! J'aime lire et faire des potions, mais je ne suis pas à ce point atteinte pour n'avoir que ça dans la vie. Je n'ai même jamais visité Londres !"

"Je t'assure que je te comprends. Si je pouvais sortir, moi aussi, je n'hésiterais pas. Écoute, pour être parfaitement franc, je ne peux pas dire que je t'apprécie, car comme tout le monde, je vois en toi les mêmes penchants que ton père. À ton âge, il était déjà plongé dans les potions et commençait à s'intéresser aux arts sombres. Quant à ses fréquentations, il vaut mieux ne pas en parler. Un véritable Serpentard ! Tu as le même regard froid, le même penchant pour les potions, et je suis certain que tu n'as pas beaucoup d'amis. Je dois pourtant admettre que si tu avais un ami loup-garou, c'est que tu as plus d'ouverture d'esprit que je ne le pensais, que nous ne le pensions. J'ai du mal à me dire que ton père et Snape... tu as l'air plus..."

"Plus ?"

"Plus humaine. Pourtant, il est évident que tu caches tes émotions tout aussi bien que ton père. Mais quand tu as parlé à Remus, j'ai senti que tu étais sincère sur ta vision de la lycanthropie. C'est rare, tu sais, d'avoir cette ouverture d'esprit, même dans le camp de Dumbledore."

"Son nom était Nashoba... Il venait d'une tribu amérindienne dont la plupart étaient des animagus. Depuis six générations, de père en fils, ils étaient des loups. Mais à cause de la vantardise d'un employé du Macusa, Greyback a mordu Nashoba dans son berceau. Le clan a été dévasté, mais par miracle, il a survécu. Pour cacher cette histoire, le Macusa a offert un passe-droit au clan. Ils n'avaient plus besoin d'autorisation pour être des animagus. Le directeur d'Ilvermorny, le professeur Fontaine, a caché habilement l'état de Nashoba pendant nos années d'études. Je lui ai promis de consacrer ma vie à trouver un remède à la lycanthropie pour que plus personne ne vive ça. Même s'il est mort, je tiens à tenir cette promesse. Écoute, je ne veux pas que tu aies des ennuis à cause de moi, mais j'ai vraiment besoin de sortir pour prendre l'air. Si tu prends du polynectar et m'accompagnes, tu penses que c'est jouable ?"

Pendant un long moment, Sirius observa Avalon derrière ses grands yeux glacés. Il y vit la douleur de revivre ses souvenirs. Il se rappela tout ce que James, Peter et lui avaient fait pour Remus. Contre toute attente, il fut touché, se disant qu'il devait peut-être laisser une chance à Avalon d'être autre chose que la progéniture de Snape.

"D'accord, demain tu sortiras seule. Pour ma part, je ne peux pas, mais je vais essayer de parler à Dumbledore pour les prochaines semaines. Demain soir, mon filleul Harry et ses amies doivent arriver. Ils resteront jusqu'à la rentrée de septembre avec nous. Molly, que tu as déjà rencontrée, nous préparera un bon repas. Rejoins nous."

C'était la première fois depuis son arrivée en Angleterre qu'on l'invitait à partager un repas convivial. Et Avalon ne sut pas si c'était le vin, le regard plus doux de Sirius ou simplement l'idée de pouvoir sortir, mais une sensation de bonheur commença à naître en elle. Petite mais réel. 

"Merci, Sirius. "

Avalon Pendragon - fille de Severus SnapeWhere stories live. Discover now