Leo ~flashback~ : I am not here, I did not die

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PS : OK, je l'avoue, j'ai potentiellement procrastiné à propos de l'écriture du prochain chapitre de Mitch "Loss". Dans mon processus, j'ai écrit ce bb chapitre, qui est un simple flashback à "l'ère secondaire". Ça risque de chambouler un peu les points de vue, mais prenez ça comme un bonus, en sachant que Mitch sera là demain sans faute. Mais de toute façon c'est ma fiction je fais ce que je veux, nan mais ho ! Appréciez.
P.S 2 : 500 vues. *respiration sifflante* mon Dieu.

-La Chine, la Corée du Nord ainsi que trois organisations terroristes seraient effectivement en train de former une alliance pour entreprendre une frappe nucléaire contre les États-Unis et l'Europe, dit un porte-paroles des Nations Unies. Le président assure cependant que...
Devant Leo, un passager se tortilla sur son siège. C'était visiblement un père, et ce genre de choses ne semblait pas le rassurer sur l'avenir promis à sa famille. Au bout de deux minutes, il se leva et alla voir le conducteur ;
-Excusez-moi, est-ce que vous pourriez changer de station, s'il vous plaît ?
-Non.
Le père de famille tiqua et se mit à tapoter nerveusement des doigts sur sa cuisse.
-Et pourquoi ça ?
-C'est notre devoir de citoyen de rester informé. Si ça vous gêne, je peux vous déposer tout de suite.
-Non, ça ira, je...je vais me rasseoir.
-Comme vous voulez.
Le père de famille reprit sa place. L'arrêt suivant était celui de Leo.
À cause des plans anti-attentat, les cours avaient été annulés pour une durée indéterminée, mais le groupe avait quand même décidé de maintenir les répétitions. Leo se demandait vaguement pourquoi ils tenaient autant à jouer Macbeth, mais s'en fichait. Elle aimait faire ça, de toute façon.
Ils avaient réservé la salle du Smithsonian loin de celles où ils s'exerçaient d'habitude avec l'aide du prof, qui n'avait réussi à leur avoir que celle-çi. C'était mieux que rien, avaient-ils tous dit. Quand elle entra dans la pièce, seulement Blake et Anya étaient déjà là. Leo les salua tous les deux, en remarquant avec agacement que l'un d'entre eux avaient allumé la télé sur la chaîne d'info. Une blondasse présentait les mêmes menaces terroristes que d'habitude à bas volume.
-Je vois pas pourquoi on s'embête à y prêter attention, dit Blake en remarquant sa grimace. On est au courant qu'ils vont nous péter la gueule un jour ou l'autre, non ?
-Oui, mais les gens ne pensaient pas être là quand ça arriverait, expliqua Leo.
-Les gens sont cons.
Les autres arrivèrent au compte-gouttes. Après une relecture du script que le prof avait entièrement réécrit pour en faire une pièce contemporaine, ils entrèrent dans le vif du sujet, la pièce à proprement parler.
Au bout d'une demi-heure, au beau milieu d'un silence qui était là pour le théâtral, la troupe entendit distinctement une bonne centaine de gens hurler. Leo frissonna et s'avança vers le poste de télé pour obtenir des informations. Elle appuya sur le bouton power plusieurs fois, sans obtenir de réponse de l'appareil. La voix d'Anya s'éleva dans le silence ;
-C'est en train d'arriver.
Personne ne réagit.
-Faut qu'on descende, dit soudainement Blake. Dans les étages des archives. Peut-être que ce serait assez enfoncé dans le sol pour que...
-Pour que quoi ? On puisse survivre pour crever des possibles radiations après ? rétorqua Adler.
-On va mourir, murmura Anya.
-Sans blague, dit Leo.
Elle attrapa une chaise et s'assit, craignant de tomber tant elle tremblait.
-Ça peut prendre combien de temps ? demanda Blake.
-Je sais pas, répondit Adler à la place de Leo, qui était incapable de parler. Deux-trois minutes. Ça dépend d'où atterrit la bombe.
-On est en train de mourir, donc, rectifia Anya. Mon Dieu.
Elle dût prendre une chaise à son tour. Les cris devenaient plus étouffés ; peut-être qu'ils s'y habituaient.
-Peut-être qu'on pourrait monter, dans ce cas-là ? proposa-t-elle. Pour mourir plus rapidement.
-Fais comme tu veux, Anya, dit Leo d'une voix inaudible.
-D'accord, j'y vais. Qui vient avec moi ?
Tous excepté Blake et Leo levèrent la main. Leo ne put s'empêcher de les traiter dans sa tête de lâches. Trente secondes de négociations plus tard, tous sortirent, en fermant respectueusement la porte derrière eux comme s'ils sortaient d'un musée.
-J'ai la trouille, dit immédiatement Blake.
-J'ai soif, fit Leo en écho.
Malgré la situation funeste, il lâcha un rire. Leo se leva mais ses jambes ne répondirent pas et elle manqua de tomber. Blake la rattrapa.
Les cris se firent d'un coup plus pressant. Pour une dernière fois, Leo prit Blake dans ses bras. Elle s'y sentait misérablement en sécurité.
-OK, j'ai peut-être un peu peur, finalement, murmura-t-elle, une larme roulant sur sa joue.
-D'accord...faisons bon usage de ces trente dernières secondes, non ?
-On devrait sûrement en profiter pour sauver nos âmes ou ce genre de conneries.
-Tu connais une prière ?
-Pas beaucoup, laisse-moi réfléchir...
-Je t'en prie, c'est vrai qu'on a l'éternité devant nous.
Leo ignora sa pique.
-"N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
je ne suis pas là, je ne vous ai pas laissé,
je suis les mille vents qui soufflent,
je suis..."
Une secousse fit trembler le plafond au-dessus d'eux, et les lumières claquèrent. Leo décida qu'elle pouvait bien se laisser pleurer pour cette fois.
-"Je suis le scintillement des cristaux de neige,
je suis la lumière qui traverse les champs de blé,
je suis la douce pluie d'automne,
je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,
je suis l'étoile qui brille dans la nuit..."
Un autre tremblement fit se taire les cris qui déchiraient l'air depuis de longues minutes. Dans la pénombre, Leo resserra sa main sur le tissu du t-shirt de Blake. En réponse, il la serra si fort qu'il aurait aussi bien pu directement la soulever du sol. Leo prit une dernière inspiration.
-"n'allez pas sur ma tombe pour pleurer,
je ne suis pas là, jamais je ne vous ai quitté."
Une ultime secousse marqua la fin de sa tirade.

The After (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant