A la nuit tombée

Chapitre 17 : Ne pars pas

L'ambiance sur le chemin du retour est maussade. Maddy roule à une vitesse, pourtant j'ai l'impression que le temps est au ralenti. Les images du paysage défilant comme un rêve - cauchemars-, ou les détails de chaque arbre est plus net, pourtant, ce ne sont que des arbres et ils se ressemblent tous. Je n'arrive pas à dire un mot durant le trajet du retour mais a chaque fois que Sarah me parle, j'affiche un semi sourire figée pour lui répondre, mais la vérité, c'est que ce sourire n'est que façade, à l'intérieure de moi, j'ai envie de hurler et de frapper quelques choses. J'ouvre la fenêtre dans l'attente que l'air frais de la nuit apaise un peu mon âme, libérant les émotions négatives hors du véhicule et de ma tête pleine de questions mais en voyant mes mains qui tremblent, j'ai bien peur que ça ne suffise pas. Maddy se gare devant la porte d'entrée et coupe le moteur. Le silence s'installe dans l'habitacle.

—Tu es sûr que ça va ? Finit par me dit Maddy.

—Oui, ne t'en fais pas, lui dis-je doucement, puis je me tourne vers elle et d'une voix plus claire, je lui dis : merci pour le trajet.

Je sors avec Sarah hors de la voiture mais je sens le regard lourd de Maddy dans mon dos. Aussitôt dehors, Maddy baisse la vitre de sa Volvo.

—Tu ne veux pas m'en parler ? Elle pince ses lèvres d'un air inquiet et continue : C'est parce que j'ai des sentiments pour Mason ?

Je suis surprise par ces mots, je ne m'attendais pas à ça. Je ressens de la culpabilité. Je m'approche d'elle. Ce n'est pas totalement vrai mais comment lui dire que je suis actrice dans une malédiction avec un fantôme et que Mason, pour une raison que j'ignore, en veut à Logan et mon pendentif.

—Non, c'est juste que je préfère plus tard. Je lui fais un signe de tête en direction de Sarah, espérant faire passer le message.

Ce n'est pas la vraie raison mais j'espère lui faire comprendre que je lui en parlerai plus tard. J'aurais le temps d'inventer une version de la réalité.

—Je vois, pas de soucis ! Alors à lundi !

Je lui fais un signe de la main, tandis qu'elle repart à bord de sa Volvo. Sarah et moi rentrons dans un manoir plonger dans le noir et le silence. En même temps, il est minuit passé, Patrick doit dormir et Logan a dû se transformer mais lui par contre, ne doit pas encore dormir. Sur le palier, je me tourne vers Sarah et lui tends nos sacs à dos.

—Sarah va te changer et au lit, il est tard ! Lui dis-je en chuchotant.

—Bonne nuit Hannah ! Elle commence à partir mais s'arrête et se tourne vers moi : Tu sais, il m'a fait peur ton ami, ce n'est pas quelqu'un de gentil ?

—Ne t'inquiète pas, tu ne le reverras plus ! Maintenant va te coucher.

Je la regarde partir en priant d'avoir dit la vérité et qu'elle ne le reverra jamais. Quant à moi, je dois parler à Logan. Il faut que je lui parle de Mason et de ses yeux qui changent de couleur. Il faut qu'il sache que Mason a voulu me prendre mon pendentif.

Je comprends que je me suis agrippée aux derniers filaments de lucidité. Rien n'arrive par hasard. Je suis sûr que tout a un lien ! Ce n'est pas une coïncidence ! Maria, Mason et la malédiction, c'est forcément lié. Je prends la direction de l'ail Ouest, à la recherche de Logan. Je traverse les longs couloirs, jusqu'à l'entrée en bois qui donne sur la chambre de Logan. Je frappe quelques coups sur la grande porte et attends, hésitante. La dernière fois que je suis venue, c'est quand j'ai découvert la bête.

—Logan, c'est moi, Hannah ! Il faut que je te parle, lui dis-je de l'autre côté de la porte.

Aucune réponse, je pousse la porte et rentre dans la chambre de Logan. J'émerge doucement dans les débris de cette pièce au couleur d'un autre temps. Les meubles sont toujours renversés et de nombreuses affaires jonchent le sol. J'avance tout doucement, les souvenirs de la dernière fois que je suis venue apparaissent dans mon esprit. Je cherche des yeux Logan mais aucune trace de lui. L'air frais me fait frissonner, au fond je vois la fenêtre qui donne sur la terrasse ouverte. Est-ce qu'il est sorti ? Je m'approche de la fenêtre quand j'entends soudain un bruit sur le côté, puis une ombre passe devant moi, sur la terrasse. Je sors doucement en poussant le rideau en lambeau.