Chapitre 7: La roseraie

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Ce lundi était passé à une vitesse folle. Je regardai l'horloge dans la salle de vie qui indiquait dix-sept heure quarante-cinq. Il me restait quinze minutes avant mon rendez-vous avec Wyllie. Pour justifier mon absence auprès de Margaux en prétendant que j'avais oublié un classeur dans mon casier. Elle me demanda si je ne voulais pas plutôt qu'elle me donne une feuille, mais je refusai. Margaux haussa ses épaules et se replongea directement dans ses devoirs.

Je m'orientai vers la roseraie, en espérant avoir un peu d'avance pour visiter le lieu. Alors que je passais l'arche de roses, j'entendis des voix. Instinctivement, je m'abaissai et me cachai dans les buissons – certes piquants, mais à l'abri des regards. J'écoutai les voix pour savoir s'il s'agissait d'un surveillant ou de simples élèves. Un cri résonna, puis plus un bruit. Je vis alors Adèle sortir de la roseraie en courant. Wyllie la suivait, quand il s'arrêta devant l'arche. Il passa sa main dans ses cheveux, souffla bruyamment et dit :

« Qu'avez-vous entendu ? à ces mots, je sors de ma cachette

- Que lui avez-vous fait ? Pourquoi vouliez-vous que vienne vous rejoindre ici ?

- Une question à la fois, s'il-vous-plaît. Veuillez me suivre. »

Je ne refusai pas. Je n'en avais pas le droit. Une femme ne devait pas désobéir à un homme. Il marchait devant moi et m'emmena vers un banc.

« Voulez-vous bien vous assoir, s'il-vous-plaît, ma chère ? me demanda-t-il en me désignant le banc

- Oui, évidemment. De quoi souhaitiez-vous me parler ? lui demandai-je, en faisait bien attention que ma longue robe ne se salisse pas en touchant le sol

- J'aimerais passer un marché avec vous, si vous le désirer.

- De quoi parle le marché ?

- J'aimerais que vous arrêtiez votre relation amicale avec Adèle, dit-il de but en blanc

- Pourquoi voulez-vous que je n'entretienne plus ma relation ?

- J'ai mes raisons, dit-il en détournant le regard. »

Il m'avait répondu exactement la même chose le premier jour de la rentrée, quand je lui avais demandé la raison pour laquelle il battait Adèle. Il resta debout, face à moi, pendant un long moment. Puis, il me tendit la main pour le suivre. Je ne pouvais pas refuser, alors j'attrapai sa main. Mais, je dus l'enlever aussitôt. Il avait la main brulante. On aurait dit que je touchais une bouilloire en métal, qui était en train de chauffer. Je lui lançai un regard apeuré et lui me regardait avec incompréhension. Wyllie avait sa main sur sa gorge, comme s'il essayait de reprendre sa respiration. Que venait-il de se passer ?

Les fleurs étaient tout bonnement magnifique. Des milliers de roses cohabitaient ensemble pour faire de ce lieu, une roseraie magnifique. Les roses rouges, blanches, et jaunes s'assemblaient gracieusement. Voir une telle diversité de roses ensembles me fit penser que l'être humain était bien. Si nous arrêtions de nous juger inlassablement, à cause de notre classe sociale, de nos origines ou encore de notre sexe, nous pourrions nous fondre les uns aux autres avec la même élégance que ces fleurs à épines. Nous pourrions faire de l'humain sur Terre, une peinture sur toile. Je restais pensive, admirant les fleurs et oubliant presque la présence du garçon à côté de moi. Je repensai au moment où il m'avait pris la main. Pourquoi ma main avait brulé à son contact ? Je regardai alors ma main, pensivement, quand sa voix m'interrompit :

« Qu'avez-vous à la main ?

- Je... je ne sais pas. Quand vous m'avez touché la paume, j'ai senti une brûlure. Elle est désormais rouge et ma peau pelle... balbutiai-je. Et vous ? Avez-vous aussi ressenti cette brûlure ?

- Non..., il réfléchit quelques instants et continua ; Non, je n'ai pas ressenti de brûlure. Pour ma part, j'avais l'impression que vous m'étouffiez. C'est très étrange...

- Puis-je repartir ?

- A une condition : nous passons un marché.

- Quel marché ? demandai-je en espérant que ce ne soit pas le même qu'avant

- Vous n'approchez plus Adèle. Vous pouvez toujours vous lier d'amitié avec la fille à la peau noire...

- Margaux. Pas 'la fille à la peau noire', le coupai-je

- Comme vous le voulez. Vous pouvez être amie avec Margaux.

- Et Adèle ? Enfin, je veux dire... Pensez-vous qu'elle puisse se refaire de nouveaux amis ?

- Avec des cheveux comme ça ? Jamais. J'ai d'ailleurs été étonné que vous lui veniez en aide.

- Si elle ne peut pas se faire d'ami, pace qu'elle est rousse. Alors, je change ma partie du contrat ; je ne serai amie ni avec Adèle, ni avec Margaux. Hors de questions que c'est deux là soient séparées. Elles ont besoin l'une de l'autre, répondis-je fermement. Quelle est votre partie du marché ? je ne veux pas être la seule à faire des sacrifices. Un marché n'est pas à sens unique, selon moi. Enfin, si vous m'autorisez à donner mon avis, rajoutai-je

- Je vous autorise à donner votre avis, mademoiselle. Et pour répondre à votre question, ma partie du contrat est un peu similaire à la vôtre. Je ne m'approcherai plus d'Adèle. Je ne lui ferais aucun mal, je vous le promets sur mon honneur.

- Si je résume : Je ne contacte plus ni Adèle, ni Margaux et vous faites de même ?

- Exactement, me dit-il en en me tendant la main. »

Je mis mes gants et serra la main de Wyllie. Ce geste ne dura que quelques secondes, car mon gant commençait à fondre sous ses doigts.

Je sortis alors de la roseraie, la tête pleine de questions. J'étais venue pour des réponses, je reparti avec un plus grand nombre d'interrogations.

Une interrogation résonnait encore plus fort dans mon crâne : Comment allai-je expliquer à Margaux et Adèle mon incapacité à être encore amie avec elle ?

Arrivée dans ma chambre, je vis Margaux, endormie paisiblement dans son lit. Comment pouvais-je lui faire ça ? Dormirait-elle aussi calmement si elle savait ce qu'il était en train de se tramer ? ce soir-là, je ne dormis que très peu, obnubilée par les évènement de la soirée.

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Hello !

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Je sais qu'il n'est pas très grand et qu'il y a bcp de dialogue. Mais c'est un passage cruciale du roman. ^^

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