Chapitre 5: Les 3 promesses

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Le lendemain, après un cours plutôt ennuyant, Margaux et moi nous dirigeâmes vers la salle de musique qui se trouvait à l'étage supérieur. Nous trouvâmes une place et allâmes s'assoir. Je n'aimais pas les cours de musique ; je trouvais que c'était une perte de temps. Après tout, on ne m'avait jamais demandé d'analyser la chanson que je voulais écouter sur internet, alors à quoi cela servait-t-il ?

Une femme arriva, peu de temps après que je sortisse mon carnet de dessin. Elle n'était pas grande, avait des cheveux noirs en dreadlocks, des yeux marrons et portait un sarouel beige avec un chandail à manches bouffantes. Autour de son cou se trouvaient une grande quantité de colliers avec des perles toutes plus grandes les unes que les autres.

« Assoyez-vous s'il-vous-plaît, ordonna-t-elle calmement. Voilà. C'est la rentrée, on a tous encore la tête en vacances. Nonobstant, je dois vous faire cours de musique. C'est pourquoi nous allons faire quelque chose d'assez ludique. Nous allons entendre des morceaux de solo d'instrument. Ceux qui veulent dessiner pendant le cours, je vous l'autorise. Mais seulement aujourd'hui. Pour les prochains cours, je souhaiterai que vous soyez attentifs. Voilà. Si un instrument vous plait, notez-le et vous viendrez vous inscrire, si vous le souhaitez, à un cours instrumental. Les cours sont totalement gratuits dans notre établissement scolaire, ainsi que les instruments. Ils vous seront prêtés et vous devrez les rendre lorsque vous arrêterez d'en jouer. Cependant, toutes casses devront être payées. Voilà. Maintenant que je vous aie expliqué le cours, vous êtes libres de faire ce que vous souhaitez, tant que vous restez calmes. »

Cette professeure m'avait l'air d'être géniale. Je repris mon dessin et écoutai la musique. Soudain, j'entendis une des plus belles mélodies. Je ne la connaissais pas, mais elle était juste magnifique. Il n'y avait même de mots assez forts pour décrire la beauté de cette musique. Elle était tellement douce, mais tellement puissante, pleine de rebondissements, mais pourtant très calme. Elle était si grave, si attendrissante, comme la voix d'un père qui parle à son enfant. A cette pensée, j'eu les larmes aux yeux. Je m'imaginer dans une clairière, au milieu d'une forêt féerique. Deux branches d'arbres se rejoignaient et s'entremêlaient de façon à dessiner une balançoire. Je m'asseyais sur la balançoire, me laissais bercer par la musique. C'était une si jolie forêt, avec des fleurs et des oiseaux chanteurs par millier. Oh, si cette forêt pouvait exister... Je n'avais encore jamais eu cette sensation, mais je me promis de l'avoir encore et toujours. La sensation que j'eusse était comme celle de l'amour. Je ressentais des milliers de papillons qui volaient dans mon ventre, mon cœur battait à tout rompre et un sourire se dessinait sur mes lèvres. J'étais 'amoureuse' de cet instrument, en quelque sorte. C'était tellement merveilleux comme moment, que je voulus que la musique durât une éternité. Et même plus encore si c'était possible. Mais la mélodie ralentie, devint moins forte et finalement se termina sur un dernier coup d'archet du maître. La professeure dit alors de sa même voix calme que c'était un morceau de violoncelle. Violoncelle... n'est-ce-pas un si jolie mot ? N'était-ce-pas déjà une mélodie à lui tout seul ?

Mme Caput, ma professeure de musique, nous montra alors une image d'un violoncelle dans les mains de son musicien. Le musicien était assis sur une chaise, son violoncelle était légèrement reposé sur son épaule, le corps et la pique du violoncelle était ente ses jambes. L'instrument et le musicien ne faisaient qu'un. Le violoncelle appartenait au musicien, mais le musicien appartenait tout autant au violocelle. C'était si beau à voir. C'était comme voir un couple qui se tenait amoureusement la main... Je voulais aussi avoir cette complicité avec un instrument. Alors, à la fin du cours je me dirigeai vers la feuille d'inscription pour le cours de violoncelle. La feuille d'inscription était faite en papier de sable, une invention d'un virtuose. Le papier de sable est un papier ou l'encre disparaît une fois sur la feuille. Cependant, la personne qui détient le papier de sable peut faire réapparaître lorsqu'il le souhaite et peut laisser son encre visible. Le papier de sable est très souvent utilisé pour des contrats chez les virtuoses. Ce papier ne peut se déchirer et, si quelqu'un tentait de le faire, le papier démangerait les mains de celui-ci. La sonnerie résonna dans toute la salle sans l'élégance des mélodies précédentes.

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