Chapitre 20: Nysa

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L'infirmière accouru et emmena Wyllie en le faisant flotter, comme elle l'avait fait avec Benoni. Terrifiée par ce que je venais d'engendrer, je me dépêchai d'aller me coucher. J'ouvris la porte à la volée et voulus pleurer, mais je vis le visage angélique de Margaux, dormant paisiblement dans son lit. Je me radoucis aussitôt pour ne pas la réveiller et posai mon oreiller sur mon visage pour étouffer le bruit de mes sanglots. Que se passait-il donc ? Toute la nuit, des questions résonnèrent inlassablement dans ma tête.

Le lendemain après mes cours élémentaires, je me rendis à la serre, où d'autres élèves attendaient déjà. Les loups-garous me regardaient d'un drôle d'œil, comme ils avaient pris l'habitude de le faire depuis la mort de Maria. Luca arriva, les cheveux épars et regardant sa montre d'un air dépité.

« Excusez-moi pour ce retard, j'ai à nouveau trop papoté avec Mme Hynora... vous savez à quel point les sirènes – et d'autant plus les métamorphes sirènes – sont pipelettes, rigola-t-il en ouvrant la porte de la serre.

Luca feuilleta son grimoire à toute vitesse avant de reporter son attention sur la classe qui se calmait peu à peu.

- Nous avons déjà étudié la majeure partie des thèmes à aborder cette année. Voulez-vous travailler sur un thème en particulier ?

La classe s'anima et des sujets flambaient de tous les côtés. Certains voulaient travailler sur les loups-garous, d'autres au contraire, voulaient travailler sur les vampires et une infime partie souhaitaient travailler sur l'organisation politique du monde de la magie à l'échelle internationale – ce qui provoqua bien évidemment une hué de la part des autres. Pendant que mes camarades réfléchissaient de leur côté, je dardai du regard la liste d'ingrédients nécessaires à la production du sérum pour Améthyste. Une fille se jeta sur moi, les yeux envoutants et me demanda d'une voix tout aussi envoutante :

- Dis voir, Ella... C'est quoi cette feuille ? Qu'est-il écris dessus ?

- C'est... c'est... dis-je charmée

- Oui ? m'incita-t-elle

- Iridia ! cria Luca. Combien de fois dois-je te répéter de ne pas usage de ton pouvoir en cours ? pour la peine, ce sera Eléonore qui choisira le thème d'aujourd'hui.

Je me défaisais peu à peu des yeux hypnotisants d'Iridia avec un mal de tête intense. Iridia était une jeune fée et comme beaucoup de fée, elle avait le pouvoir d'hypnotiser chaque personne qu'elle regardait.

La classe tout entière me fixait et attendait mon verdict, espérant que je ne fisse pas partie de ceux qui souhaitaient étudier la politique. Je ne pris pars d'aucun sujet évoqué et proposai d'une voix timide ;

- Et... hum... Pourquoi ne pas étudier les sirènes ? Vous en parliez tout à l'heure et... hum... ça a l'air d'être un thème très intéressant.

- Très bon choix, Eléonore ! approuva le professeur en un clin d'œil »

Je le remerciai rapidement avec un sourire embarrassé, avant de darder à nouveau la liste des ingrédients, espérant que ce cours m'apprît d'avantage sur la fameuse « lumière de sirène ».

Luca plaça son émeraude dans sa paume, ferma les yeux et quand il les rouvrit, plus aucune lumière n'entrait dans la classe et l'on semblait être immergés dans les profondeurs marines. Je ne savais pas s'il s'agissait de mon imagination ou non, mais je percevais le bruit de la mer dans la serre. Tout était devenu bleu, vert et violet et les yeux de Luca devinrent blancs phosphorescents. Il entama alors d'une voix forte :

« Il y a de cela des années auparavant, des sœurs jumelles trouvèrent une mer inconnue. Nysarise, la plus réfléchie et posée des deux, souhaitait déclarer cette mer nouvelle aux autorités, tandis que la seconde, Nysagale, la plus ambitieuse et la plus rêveuse, désirait la garder pour elles seules. Après quelques semaines de réflexion commune, Nysagale eut raison, leur mer resta secrète et pris le nom de la Mer de Nysa. Tous les jours, elles se retrouvaient au bord de mer et tous les jours, elles appréhendaient les mystères de l'eau. Si bien qu'un jour, alors qu'elles mouvaient leurs mains gracieusement dans l'eau claire, deux perles de nacres apparurent dans leurs mains. Nysarise reçut une perle d'un blanc pur et Nysagale reçut une perle d'un noir profond. Nysarise pria sa sœur de ne pas céder à la tentation et par ce fait, de laisser les perles à la mer. Nysagale accepta à contrecœur et elles rentrèrent chez elles.

Le lendemain, comme à leur habitude, les sœurs Nysa se rendirent au bord de l'eau. Au bout de quelques instants, les perles revinrent. Très vite, elles comprirent que rien ne se passait par hasard. A cette époque, le polythéisme était de vigueur et toutes deux crurent que le Dieu Poséidon les appelait. Alors, les deux sœurs cherchèrent à tirer le meilleure des ces perles, par tous les moyens.

Un jour, alors qu'elles voulaient capituler le mystère des perles, Nysarise arriva avec sa harpe sur la plage. Ignorant le regard étonné de Nysagale, elle plongea avec sa harpe, attendit que la nacre apparût, la plaça sur sa poitrine et commença à jouer sous l'eau une musique douce. Nysagale arrondit ses yeux toujours plus grands, quand elle vit naître une queue de poisson d'un blanc soyeux autour des jambes de sa sœur. Nysarise sortit finalement sa tête de sous l'eau, et sa beauté en fut décuplée. Fascinée par ce phénomène étrange, la plus ambitieuse des sœurs chercha le lendemain sa flûte traversière et reproduisit les faits et gestes de sa sœur. Ses jambes se changèrent en queue de poisson d'un noir éblouissant et sa beauté s'épanouit fortement.

« Des mois plus tard, elles unirent leurs pouvoirs afin de rester à jamais – ce qu'elles appelaient jusqu'alors – des mi-femme, mi-poisson. Afin d'assurer la protection de ce qu'elles étaient devenues, les sœurs Nysa allièrent leurs perles et créèrent les première sirènes. Celles-ci se développent dans une perle de nacre, qui une fois l'enfant né, s'incrustent sur leur peau au niveau de la poitrine. Chaque sirène possède sa propre nacre, d'une couleur différente en fonction de leur caractère – ce qui équivaut pratiquement au système de diamant chez nous, les virtuoses, précisa Luca. Au bout de leur vie, qu'on estime à deux-cents-quatre-vingt ans,...

- C'est que ça conserve l'eau salée ! plaisanta un de mes camarades

L'atmosphère grésilla quelque peut avant de revenir elle-même.

- C'est une hypothèse fortement probable, mais ne reste pas trop longtemps dans l'eau au soleil ! cela aura un effet contraire sur toi, ainsi que sur tous les humains, rigola à son tour Luca avant de reprendre. Donc... je disais ? Ah oui ! Après leur deux-cent-quatre-vingtième année, leur perle se sépare de leur corps et donnera ensuite une prochaine sirène.

Actuellement, les sirènes vivent au Sud-est de notre monde et a une frontière commune aux terres mortes. Cela a causé un bon nombre de problème et d'affront. D'ailleurs, une de leur guerre a failli causer la perte de notre monde – et d'une grande partie du monde non-fantastique.

- Comment ça ? m'ôta les mots de la bouche, une fille de la classe

- Nous y reviendrons plus précisément lorsque nous parlerons des guerres et révolutions chez les sirènes, lui dit-il en faisant une œillade. Bon, notre heure de théorie sur les espèces fantastiques se termine, allez faire une pause.

Alors que tout le monde sortait de la serre, je me dirigeai vers le professeur et lui demandai de but en blanc :

- Veuillez excuser mon intervention, mais qu'est-ce qu'une lumière de sirène ?

- Où en as-tu entendu parler ?

- Je l'ai lu dans un livre de la bibliothèque et cela a titillé mon esprit, si je puis dire, mentis-je

- C'est une question très pertinente, en effet. Eh bien, on appelle ainsi la perle de chaque sirène.

- Et, hum, j'ai encore une question à ce sujet ; Peut-on prélever une perle à une sirène ?

- Oui, c'est certain. Cependant cela provoquerait sa mort à coup sûr. Quel livre lis-tu m'as-tu dit ?

- Je, hum, ... »

A ce moment-là, la sonnerie retentit et le brouhaha résonna dans toute la serre, j'en profitai pour bouger rapidement les lèvres, signifiant que j'avais répondu à Luca, avant de me rassoir à ma place.

------ Bulle :)

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