Chapitre 6 : le monologue

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Les jours défilèrent comme des perles sur un fil et le weekend arriva, significatif du retour à l'orphelinat. J'étais encore indécise sur le sujet de la proposition de Wyllie. Devais-je le retrouver à la roseraie ? Devais-je lui poser un lapin ? Et si j'y allais, que se passerait-il ? Toutes ces questions me hantaient depuis quelques jours.

Alors que je me dirigeai vers l'orphelinat, une idée me vint en tête ; et si je demandais conseil à Maya ? Depuis son arrivée à l'orphelinat, elle était devenue assez proche de moi. Elle faisait régulièrement des cauchemars et venait se réfugier chez moi, quand j'étais présente. L'idée était étrange, mais j'étais que seulement parler de mes problèmes à une personne de confiance allait m'aider à prendre ma décision.

Je passai la porte de l'orphelinat d'un pas joyeux. Je fis un signe de main à Mme Baranove, qui me le rendit sans lever les yeux de son tricot. Je montai les escaliers quatre par quatre et toquai la porte du dortoir de Maya. Un chœur de voix fluettes m'indiqua que j'avais la permission d'entrer. La petite fille que je voulais voir était assise en tailleur sur son lit en hauteur avec sa poupée – Dana – dans ses mains. Je saluai les autres petites filles, leur fit la bise ou une accolade. Je pris Maya dans mes bras et la portai vers ma chambre. Elle ne me posa aucune question et mastiquais son pouce. Sa tête reposait sur mon épaule et se jambes entouraient ma taille. Je n'avais jamais eu de 'chouchoute' mais Maya était l'exception de la règle. J'avais l'impression que je de vais la protéger, l'aimer et la consoler à chaque moment de ma vie. Peut-être était-ce cela le fameux instinct maternel. Je lui caressais les cheveux de ma main libre et nous emmenai vers ma chambre. Je la posai délicatement sur mon lit et m'assit à côté d'elle.

« Tu as un problème Eléonore ? me demanda-t-elle de sa petite voix enfantine

- Euh... oui, en quelque sorte, bégayai-je

- Tu veux m'en parler ?

- Oui, enfin je voudrais surtout avoir un conseil, s'il-te-plaît.

- Raconte-moi ce qui se passe, je n'aime pas voir ma grande sœur aux bords des larmes.

- Eh bien... Ca peut-être un peu long, Maya. Je pense pouvoir abréger mes pensées pour toi.

- D'accord, mais évite les mots trop compliqués, sinon je ne suivrai plus, rigola-t-elle en détendant l'atmosphère »

Elle venait de m'appeler grande sœur... grande sœur... Sans s'en rendre compte, elle venait de me mettre du baume au cœur. Je savais que je pouvais me confier à elle. Je savais que je pouvais tout lui dire. J'avais une confiance aveugle en elle. Mais en même temps, je savais que je ne pouvais pas tout lui dire. Le monde de la virtuosité devait rester secret. Je lui racontai alors ma rentrée en évitant scrupuleusement de parler de virtuosité – et aussi les mots difficiles. Je lui narrai alors mon altercation avec Wyllie et la proposition qu'il m'avait faite. Elle me regardait avec des yeux remplis attentions. Parfois, elle fronçait les sourcils, signe d'incompréhension. Alors je lui expliquais un peu plus simplement. Maya m'incitait régulièrement à continuer mon récit avec des petites interjections. Elle n'eut pas le temps de prononcer un mot que je m'exclamai :

« Bon... Je pense qu'il faut quand même que j'y aille, parce qu'il me très bien me faire renvoyer de l'école. Tu penses que j'ai pris le bon choix, Maya?

- Je n'ai rien compris, Eléonore. Mais tu prends toujours les bons choix.

- D'accord, rigolai-je. Et toi ? Comment s'est passée ta première semaine ?

- Elle était très bien. J'ai une nouvelle maîtresse très sympathique. Et je me suis déjà fait une amie. Elle m'a même dit qu'elle trouvait Dana très belle tu sais! ... »

Ꭼ́ᎷᎬᎡᎪႮᎠᎬWhere stories live. Discover now