Chapitre 11 : Le jour de la pêche

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Les jours, ainsi que les mois se suivirent. Tao progressait de façon fulgurante dans les divers domaines qui rythmaient ses journées. La chasse à l'iguane lui permit de développer plus d'aptitudes physiques, notamment à la course. Désormais, il n'eut besoin de ne partir à la chasse et à la cueillette qu'un jour sur deux. Il pouvait, à présent, vaquer à des occupations plus diverses : le garçon termina les réparations de toutes les cabanes de l'arbre. Il commença dès lors à réfléchir à la conception d'une nouvelle cabane annexe. Pour le moment, il commença d'abord à fabriquer une nouvelle pirogue. Il se concentrait énormément lors de sa conception dans le but de rassembler tous ses souvenirs du jour où il avait aidé son père à réparer l'ancienne. Il prit aussi l'habitude de monter tous les soirs au grenier, après mangé, pour continuer à étudier la langue de Mu. Il put donc entretenir tout le savoir que lui avait enseigné sa mère sur l'apprentissage de la langue ainsi que la traduction des écrits. C'était loin d'être une mince affaire. La compréhension des nombreux textes contenus dans la pièce s'avérait plus difficile qu'il ne le pensait. Cela ne l'empêchait pas pour autant de continuer à les travailler avec une vivacité d'esprit exceptionnelle.

Au bout d'un mois d'essaisacharnés, Tao finit par construire une petite pirogue munie d'un flotteur creuxcapable de tenir sur l'eau. Il allait enfin pouvoir pratiquer la pêche en mercomme le faisait son père jadis. Il choisit un temps clément pour effectuer lapremière mise à l'eau de son embarcation neuve. Le ciel était clair etensoleillé. La mer était calme, sans un souffle de vent. Il emporta avec lui dumatériel de pêche fabriqué par ses soins : une nouvelle rame en bois plusadaptée à sa petite taille, un bâton dont une des extrémités était pointue etun panier muni d'un couvercle tressé en feuilles de palmier.
Le jeune garçon commença à ramersur l'eau limpide et azure du vaste océan dont les reflets du soleil lefaisaient scintiller de mille feux. Il s'éloigna petit à petit de la berge. Aubout d'un moment, il s'arrêta de ramer pour regarder le fond de l'eautransparente. C'est alors qu'il vit un banc de poissons passer juste en-dessousde la coque. « Wouah ! Des poissons ! Vite ! Je dois enattraper ! » s'écria-t-il. Tao prit aussitôt son bâton, puis, seleva. Seulement, il se rendit compte que tenir debout sur la pirogue en merétait plus difficile que sur la terre ferme. Il essaya quand même detranspercer un des poissons mais son geste créa un déséquilibre qui le fittomber à l'eau. En remontant la tête à la surface, il s'adressa aux poissonsqui s'étaient immédiatement éloignés de lui en criant : « Hey !Revenez ! ». Mais les poissons continuèrent leur route sans luiprêter attention. Abattu, le garçon récupéra son bâton qui flottait à lasurface, puis, s'agrippa au bord de la pirogue pour y remonter. Une fois àbord, il constata que ses vêtements étaient trempés. Il annonça alors avecdépit ; face à la situation peu rentable qui l'a amené jusqu'ici : « C'estmalin. Je suis tout mouillé maintenant. ». Comme il n'avait pas emmenéd'autres vêtements que ceux qu'il portait, il décida de les garder sur lui. Ilsecoua énergiquement ses cheveux bruns et épais, puis, s'allongea sur lalargeur de l'embarcation tout en croisant ses bras derrière la tête ; letemps de se sécher grâce à la chaleur de l'astre lumineux. Il laissa ses piedsbarboter dans l'eau tout en contemplant les nuages fins qui traversaientlentement le ciel. À cet instant, un groupe de petits nuages suivi d'un petit misà l'écart attira son attention. Une pensée émergea alors en lui :« Je suis sûr que je ne suis pas tout seul sur cette terre. Il doitforcément y exister d'autres personnes comme moi et mes parents. ». Ilrepensa à l'histoire que ses parents lui avaient souvent racontée : Unejeune fille aux yeux noirs viendra ici à un jour précis et c'est elle qui nousconduira vers les terres de l'est. Il conclut donc que c'était impossiblequ'il puisse être tout seul dans le monde. Cela confirmait qu'il existait biend'autres peuples par-delà les océans. Le petit garçon avait aussi un autreprojet en tête : « J'aimerais bien visiter les autres îles où allaitpapa. Là-bas, je pourrais m'y construire une nouvelle cabane... ».
Tout à coup, quelque chose vint luichatouiller ses orteils. Surpris, Tao leva précipitamment ses pieds. L'actionfit jaillir un poisson hors de l'eau salée pour retomber sur la barque. Legarçon plaqua solidement l'animal marin avec ses mains sur le fond de la coqueafin d'éviter qu'il ne s'échappe. Le poisson se débattait de toutes ses forcesmais n'arriva nullement à se défaire de sa poigne. Lorsque les mouvements dupoisson cessèrent, Tao le plaça dans le panier. Tout joyeux, ils'exclama : « J'ai réussi à en attraper un ! ». Au final, ilconstata que sa méthode de pêche dont son père se moquait avait fini par payeret fonctionnait donc à merveille. Durant les heures suivantes, il changeasouvent d'endroit pour, ainsi, augmenter ses chances de trouver plus depoissons.

Au bout de deux heures, l'enfant réussit, au total, à attraper deux autres poissons de la même espèce que le premier. Ce qui est très positif pour une première pêche.

Le soir, Tao prépara son repas avec soin : il planta un pique dans la longueur de chaque poissons puis les mit à cuire au-dessus d'un petit feu à l'aide de deux branches en forme de « y » afin d'y soutenir la préparation. Une fois les poissons bien grillés, le garçon ne mangea que deux poissons sur les trois pour en garder le jour prochain. Son repas était accompagné d'herbes aromatiques et de quelques fruits. Tout en se régalant, il dit d'un ton assuré : « Je suis certain qu'ils auraient adoré mon poisson. Je n'en ai jamais mangé d'aussi bon. ».

Tout doucement, le garçon commençait à s'habituer à sa vie en solitaire sur son île perdue dans l'immensité de l'océan. Pas un seul instant, il ne se doutait de ce que l'avenir lui réservait.

Seul sur son îleWhere stories live. Discover now