Seul sur son île

Chapitre 5 : Décision

La lumière rougeâtre s'élargissait. Les traits de visage des deux adultes s'assombrirent. Tao, intrigué, finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres : « Papa, maman, vous savez ce que c'est ? ». Le silence régna durant un court laps de temps. Enfin, son père le brisa en annonçant d'une voix tremblotante :

« - Elle ... elle approche.

- Vite ! dit sa femme, il faut éteindre toutes les lumières avant que cette chose ne nous aperçoive !

- J'y vais, répondit l'homme. Toi, reste avec Tao. Je reviens tout de suite lorsque je les aurai toutes éteintes. »

Puis, Tawoé descendit aussitôt, laissant sa femme et son fils au grenier.

Moa souffla sur la petite flamme dela lampe à huile du garçon. La légère brise provoquée par son soufflel'éteignit tout doucement. Ils seretrouvèrent tous les deux dans l'obscurité, n'ayant que pour seule source delumière les quelques étoiles encore visible, la lune et l'étrange lumièrerouge. Au fur et à mesure que celle-ci s'approchait, une forme sombrecommençait à se dessiner autour. Il s'agissait d'un objet volant. Tao seblottit dans les bras de sa mère pour se réchauffer. Elle serra fortement sonenfant contre son corps pour le tenir bien au chaud. En observant la lueurrouge, elle se dit à elle-même d'un air grave : « Si seulement on arrivaità trouver le bateau de nos ancêtres, on pourrait s'enfuir de l'île s'ils nousattaquent. ». Tao ne comprit pas le sens pas le sens de sa phrase ;il se contenta donc d'un bâillement de fatigue.

À l'instant, l'étrange artéfact volant se posa juste en face de l'île au niveau de la baie où l'eau y est peu profonde. Une barque sortit de l'engin par une ouverture en forme de bouche. Et avança vers l'île. La mère de Tao, affolée, se releva en s'écriant : « Oh non ! Il ne faut pas qu'ils sachent qu'on est là ! Et encore moins notre héritage ! ». Elle se pencha vers la trappe du grenier et appela son compagnon de vive voix. Aucune réponse ne se fit entendre. Une pensée lui traversa alors, l'esprit : « Et s'il était descendu surveiller l'étrange machine ? ». Son visage s'assombrit. Elle commença à imaginer le pire qui pourrait se produire. Elle revint à elle au moment où son fils tira sur sa tunique pour lui demander de l'attention. Il dit : « Maman, est-ce que c'est dangereux ? Si c'est dangereux, il faut aller chercher papa. ». Tao regardait inquiet, en direction de l'endroit où la barque se dirigeait. À cet instant, Moa comprit directement ce qu'elle devait faire. Elle prit sa décision et l'annonça à son fils :

« - Tao, surtout ne bouge pas d'ici. Tu vas rester à la maison et moi, je vais chercher papa.

- Pas question ! Je veuxvenir ! Je veux t'aider ! rétorqua le garçon ; sa voix tremblaità moitié.

- Tao, j'ai besoin que tu veilles sur notre chez nous. Tu es grand maintenant, alors je peux te confier ce rôle. Et puis, regarde au loin, il y a des nuages annonciateurs de pluie. Tu ne voudrais pas être tout mouillé, sinon, tu seras obligé de prendre un bain. Expliqua sa mère de sa voix douce.

- Ah non ! Pas un bain ! surpris par la menace. Bon, d'accord. Je garde l'arbre-maison. dit-il en reniant son idée. »

En entendant ces mots, un léger sourire se dessina sur le visage de la jeune femme ; marquant l'apaisement de son cœur angoissé. Elle se dirigea alors vers la trappe pour quitter la pièce. Tao, voyant sa mère s'apprêter à disparaître devant lui, se précipita vers elle pour l'enlacer encore une fois. Il leva la tête pour la regarder et dit : « - Promet-moi que tu vas vite rentrer avec papa.

- Je te le promets, lui répondit sa mère tout en s'agenouillant pour lui parler en face. Quant à toi, attend bien sagement ici, à l'abri. Tu es un descendant de Mu, ne l'oublie jamais. Je t'aime très fort.

- Moi aussi, maman. »

Puis, Moa descendit. En refermant la trappe derrière elle, quelques larmes coulèrent sur ses joues. Elle ne comprit pas pourquoi cette émotion l'envahissait tout à coup. Elle s'empressa de les essuyer et dévala les chemins de rondins de bois pour arriver jusqu'en bas de l'arbre.

De son côté, Tao se rassit sur le balcon etattendit longuement le retour de ses parents.