Chapitre 4 : La lueur rouge

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Au fil des jours, les deux parents regardèrent leur enfant s'épanouir. Plus le temps passait, plus ils sentirent que leur tranquillité n'allait pas durer. Ils ne savaient comment expliquer ce sentiment d'inquiétude qui résidait au fond d'eux-mêmes. Tawoé emmena plus fréquemment son enfant à la chasse et à la pêche avec lui. Il lui apprit à concevoir des pièges pour les rongeurs et autres petits animaux. Le garçon pris l'habitude d'observer attentivement les mouvements de son père et de la façon de comment pister un animal. Sa mère lui enseigna comment distinguer les bons fruits et les herbes qui sont comestibles. Elle lui montra également comment préparer la viande.

Cependant, Tao avait beau accumuler toutes ces connaissances liées à la survie, il n'arrêtait pas de penser à l'héritage qui avait été légué par leurs ancêtres. Il voulait en apprendre davantage sur cette civilisation qui était, aujourd'hui disparue. Il continua l'apprentissage de la langue de Mu avec sa mère. Après quelques mois de travail, il put commencer à déchiffrer quelques extraits de textes inscrits sur les parchemins qui se trouvaient au grenier.

Un jour, Moa lui montra un longrouleau de parchemin représentant une frise sur laquelle était inscrit deschiffres et des symboles Mu décrivant le cycle du temps. « Regarde, Tao.Ici, c'est le jour où nous sommes. », dit-elle en pointant du bout de sondoigt fin un des caractères qui étaient consignés sur le papier. Ellecontinua : « On barre les jours passés, ce qui permet de nous situer dansle temps. Tu vois ces grandes lignes qui séparent certains jours ? Ehbien, elles symbolisent les mois. Tu verras, le dernier indiqué se trouveici ». En constatant l'épaisseur du rouleau, il dit :

« - Il en reste plein des jours à attendre avant le dernier !

- Oui, c'est vrai. Cela va demander beaucoup de patience. Mais il en restera encore beaucoup d'autres même après que ce parchemin ne soit terminé. Et je suis sûre que tu accompliras de grandes choses, lui répondit sa mère avec un grand sourire. Mais pour l'heure, allons préparer les poissons que ton père a pêchés ce matin. »

Une atmosphère chaleureuse planait au cours du repas. Tawoé racontait la drôle de méthode de Tao pour pêcher les poissons. Il aimait beaucoup taquiner son fils. Ce qui avait le don d'énerver celui-ci. Il finissait toujours par bouder. Mais son air grimacé faisait encore plus rire les deux adultes. Le bonheur de cette famille rendait presque le monde plus doux qu'il ne l'est vraiment.

Le soir, Tao grimpa au grenier, unelampe à huile à la main. Il farfouilla dans les affaires et retrouva la friseque sa mère lui avait montré plutôt. Il la déroula en pensant, d'un airdépité : « C'est long d'attendre. Il y a encore plein de jours entrecelui-ci et le dernier... Il y en a encore plus entre maintenant et lorsque jeserai grand comme papa et maman. ». Une fois l'avoir bien observée, legarçon la redéposa dans la malle puis, alla s'asseoir sur le ponton pourcontempler le ciel nocturne. Il regarda le scintillement des quelques étoilesqui n'étaient pas cachées par les nuages sombres. De temps en temps, on pouvaitdistinguer le croissant de lune se faufiler entre eux. « La lune forme uncroissant comme notre île. », dit-il à voix basse. Il resta là pendant unlong moment à réfléchir à propos de l'étrange héritage que lui avaient laisséses ancêtres, tout en fixant les astres lumineux dans le ciel.Soudain, son regard se dirigea vers une lueurrouge qui était apparue dans l'obscurité. Elle grossissait au fur et à mesure.Impressionné par le phénomène, Tao alla rapidement chercher ses parents. Puis,ils regardèrent tous les trois l'étrange lumière aux creux de la nuit.

Seul sur son îleWhere stories live. Discover now