[Le Vent de la Montagne] - Hongjoong X Seonghwa

La beauté de la montagne

Seonghwa tira le bras de son petit ami, l'aidant à franchir le dernier rocher les séparant de leur destination.

"Comment tu te sens ?" sourit-il gaiement, alors que Hongjoong se pliait en deux pour retrouver son souffle.

"Super bien, je, me porte, comme un charme", haleta-t-il désespérément.

"Toujours pas de regrets d'avoir voulu faire un détour par le ruisseau avant de venir ici malgré mes mises en garde ?"

Hongjoong se redressa difficilement avec ses poings sur ses hanches, tentant de projeter une autorité qu'il n'avait pas, avant de se dégonfler comme un vieux ballon de baudruche et tomber sur ses genoux.

"Okay, juste une pause", gémit-il devant les rires à peine atténués de son partenaire.

"D'accord, mais pas trop longtemps. Il ne faudrait pas rater le spectacle."

Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour se redresser, et péniblement parcourir les derniers mètres. Avec un sourire fier, Seonghwa le mena sur le promontoire en pierre qui surplombait la vallée. Le ciel, rayé de nuages rose vif et orange intense, était teinté de jaune pour le coucher de soleil. Il regarda Hongjoong s'avancer au bord du rocher, ses yeux luisants, sa peau à présent bronzée frappée par la lumière dorée.

"Oh, wow", expira-t-il devant la vue, s'asseyant au bord du gouffre, ses jambes battant dans le vide.

Seonghwa s'installa à ses côtés en silence, prenant sa main instinctivement. Le paysage était incroyable, et jamais il ne pourrait s'habituer à sa beauté, mais ses yeux ne pouvaient pas quitter son partenaire. Un jour, il y a peu de temps, ou une éternité, il avait vu ses cheveux et les avait comparé au ciel. Aujourd'hui, il voyait sa peau, et le ciel se mariait encore une fois si bien avec. Il aurait aimé trouver comment le dire, mais les mots lui échappaient. Peut-être pourrait-il essayer de le coucher sur papier plus tard. Trouver les mots pour lui dire qu'il était un point de pivot dans sa façon de voir le monde. Qu'il lui faisait découvrir un nouveau pan de sa vie. Que pour lui, il était comme le crépuscule.

Ils restèrent là sans parler jusqu'à ce que le soleil disparaisse, englouti par le col des montagnes voisines, que le ciel passe d'un bleu acide à un violet sombre, que la brise les pousse à se rapprocher l'un de l'autre, qu'ils soient allongés ensemble à regarder les constellations dans le ciel.

"Tu ne devais pas en voir autant, en ville", nota Seonghwa, sa bouche formant un petit nuage de buée.

"Une ou deux, si j'avais de la chance... Mais la plupart du temps c'était probablement des avions ou des hélicoptères."

"Est-ce que ça ne te manque pas, parfois ?"

"De ne pas voir les étoiles ?" rit Hongjoong, incrédule.

"Non, juste... La ville. Je ne sais pas, tout le monde est parti là-bas. Il doit y avoir une raison. Toi aussi tu pourrais avoir la tienne."

Hongjoong secoua la tête en souriant, des yeux parcourant toujours la trace élusive de la voie lactée.

"Je suis heureux ici. Pourquoi je voudrais rentrer quand tout ce que j'aime est ici ?"

Seonghwa humma faiblement, sentant sa main presser ses doigts. Tout ce qu'il aime.

"Je t'aime, Hongjoong."

Il rougit brusquement, pris d'une crise de gloussements avant de frapper son épaule.

"Pourquoi tu me prends par surprise ?!"

"Tu devrais t'y habituer !" protesta-t-il, faussement vexé.

"Tu veux juste me voir paniquer", grogna-t-il en se replaçant contre lui.

"Peut-être bien."

Quelques minutes passèrent, le temps que Seonghwa rassemble son courage avant qu'il reprenne la parole.

"Je me posais une question", suggéra-t-il à voix basse.

"Mmh ?"

"Est-ce que... Tu serais vraiment opposé à rencontrer mes parents un jour ou l'autre ? Je leur parle tout le temps de toi. Ils veulent faire ta connaissance."

"Oh, euh-"

"Ne panique pas, c'est rien d'officiel, c'est juste... Pour que ma famille sache qui compte autant pour moi, tu comprends ? Et j'aimerais que tu puisses les voir, aussi. Ils sont très gentils."

Hongjoong rumina en silence, tentant de calmer sa panique.

"Ils ne vont pas... tu sais... avoir un problème avec moi ?"

"Un problème ? Pourquoi ?" fit Seonghwa, fonçant les sourcils.

"Parce que... Je... ne suis pas une demoiselle ?"

"Oh, Hongjoong, après avoir passé toute ma scolarité sans ramener la moindre fille, ils se doutent bien que je n'allais pas courtiser une dame", rit-il légèrement.

De nouveau un silence. Pensif, Hongjoong jouait avec ses doigts.

"Mes parents n'approuveraient pas", dit-il finalement, la voix faible.

"Ils n'ont pas besoin d'approuver. Tu tiens une bergerie sans leur approbation, pourquoi ils devraient savoir avec qui tu prends le thé le soir ?"

"J'avais juste peur... Je sais pas, que tu sois déçu."

"Mes parents approuveront pour deux. Je leur ai déjà vendu toute ton histoire, laisse-toi juste être apprécié !"

Le berger se recroquevilla sur lui, blottissant le haut de son crâne au creux de son cou. Instinctivement, il passa un bras autour de lui.

"D'accord. Je veux bien les rencontrer, mais juste pour un moment", accepta-t-il, toujours un peu nerveux.

"Merci."

Et il ne lui aurait jamais dit, mais au fond de lui, il espérait que "sa famille" veuille aussi dire Hongjoong quand le moment sera venu. Parce que de la même façon qu'il avait toujours su que sa vie serait dédiée à la vallée, il savait qu'il voulait explorer et admirer le garçon lové contre lui sans fin. Il avait la tranquillité de la certitude, et alors qu'il se penchait pour embrasser ses cheveux décolorés, il sentit son destin finir de se lier au sien.

Seonghwa aimait la vallée.

Il aimait Hongjoong.

Et à ce moment, il était sûr d'être l'homme le plus heureux sur terre.