La cruauté de la montagne

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    Seonghwa était en train de boire son thé tranquillement en triant le courrier à son bureau quand quelqu'un frappa frénétiquement à la porte. Confus et un peu inquiet à l'idée que quelqu'un ait une urgence après la fermeture du bureau de poste, il alla déverrouiller la porte. Quelle ne fut pas sa surprise en se retrouvant nez à nez avec Hongjoong, absolument trempé, de la boue jusqu'aux genoux indiquant qu'il avait chuté, et une lueur de terreur dans le regard. Immédiatement, son adrénaline monta en flèche.

    "Qu'est-ce que-"

    "J'ai perdu un agneau !" hurla-t-il presque, à bout de souffle. "Je ne le retrouve pas, le chien non plus, et la tempête se lève et la nuit tombe et je ne sais pas quoi faire !!"

    Sa voix se brisa à la fin de sa phrase, la panique et la fatigue faisant monter ses larmes. Le cerveau de Seonghwa se mit à tourner à mille à l'heure. Il avait déjà aidé la vieille bergère à retrouver des moutons perdus. Il connaissait les endroits les plus probables à vérifier en priorité. Il pouvait le faire.  Sans plus réfléchir, il saisit le bras de Hongjoong, le tirant à l'intérieur pour le mettre à l'abri de la pluie battante, et le laissa planté là alors qu'il partait dans l'arrière salle.

    "... Seonghwa ?" entendit-il alors qu'il revenait avec deux imperméables de fonction sous le bras, une lampe torche dans la main et une corde solide sur l'épaule.

    "Met ça", ordonna-t-il en enfilant ses bottes. "Tu sais te tenir à l'arrière d'un vélo ?"

    "Euh, je- je crois ?"

    Seonghwa lui lança un regard sceptique, finissant d'ajuster la visière sur laquelle il allait devoir compter pour protéger ses yeux. Sans plus attendre, il lui prit le poignet pour le tirer à l'extérieur, fermant à clé le bureau derrière lui et retirant la besace de l'arrière du vélo, libérant le porte-bagages. En à peine quelques secondes, il l'avait enfourché, prêt à partir.

    "Monte."

    Hongjoong s'assit sur les barres en métal, hésitant. Seonghwa aurait vraiment aimé pouvoir le rassurer et l'aider à être confortable dans d'autres circonstances, mais avec le tonnerre qui grondait au loin, ils n'avaient pas le temps pour ce genre de luxe. Au lieu de ça, il appuya sur sa pédale, profitant de leur dernier moment de communication pour lui donner des mots qui devraient faire l'affaire pour le moment.

    "Accroche-toi bien. Ça va aller."

    Des bras entourèrent sa taille, un torse se colla à son dos, et il s'élança dans les ruelles du village. Les pavés glissants l'empêchaient d'aller aussi vite qu'il le souhaiterait, mais il avait de son côté l'expérience et la technique. En moins d'une minute, ils étaient déjà sur la route menant à la bergerie. Là, sans maisons pour bloquer la pluie, ils se faisaient fouetter par les éléments, les doigts du facteur déjà meurtris par le froid et l'eau. Hongjoong avait vraiment couru jusqu'ici ? Derrière lui, il sentait une tête pressée contre sa nuque, probablement pour se protéger de la pluie, peut-être aussi pour avoir moins peur des tournants abrupts que prenait son conducteur. Les bras autour de lui le serraient un peu trop fort, mais c'était bien comme ça. Ça l'aidait à penser à autre chose que la course contre la montre qu'ils menaient. Dans un autre univers, ça aurait été un moment qui aurait fait battre son cœur.

    Quand ils arrivèrent enfin au pied du chemin sinueux menant à sa maison, Seonghwa mit le pied à terre, comptant abandonner le vélo pour la route plus difficile. Comme Hongjoong ne le lâchait pas, il lui tapota ses mains liées sur son ventre. La tête dans son dos se redressa enfin, regardant les alentours pour s'orienter. La pression autour de sa taille se relâcha enfin.

    "On est arrivés ?" demanda-t-il, descendant du vélo et dépliant ses bras engourdis.

    "Presque. La route est trop boueuse pour les roues, on va finir à pieds. Est-ce que ça va ?"

[Le Vent de la Montagne] - Hongjoong X Seonghwa Où les histoires vivent. Découvrez maintenant