[Le Vent de la Montagne] - Hongjoong X Seonghwa

Un nouveau départ

-(Par KUKIHIME !)-

Puisque c'est comme ça, je me barre.

    Sa décision de quitter la grande ville qui l'avait vu grandir avait presque été prise sur un coup de tête. Presque. Hongjoong avait toujours été un étudiant brillant, en qui ses parents avaient placé de grands espoirs. Seulement voilà, Hongjoong avait toujours été cet éternel rêveur, qui inspirait à découvrir son pays dans son intégralité, amoureux de la nature, et surtout, surtout, qui ne supportait plus la vie dans les grandes villes. Il aimait avoir tout ce qu'il souhaitait sous la main, oui. Il aimait avoir le choix d'une vingtaine de restaurants dans son propre quartier, oui. Il aimait pouvoir se rendre d'un point A à un point B sans le moindre effort avec un bus ou un métro. Mais quelque chose de précieux manquait dans sa vie : la sérénité.

Il avait toujours passé sa vie à travailler comme un forcené, sans prendre une véritable minute pour lui. Il se pliait aux désirs de ses parents, tous les deux travaillant pour la même entreprise qui leur assurait une vie sympathique, à l'abri de tout danger financier. Mais Hongjoong, qui venait de finir un premier cycle de ses études supérieures en avait décrété autrement le jour où son père lui avait fait comprendre que désormais, il allait devoir envisager de travailler dans la même boîte qu'eux.

Il refusait une vie de bureau, morne et rythmée uniquement par des quotas à remplir, un boss exigeant, des employés qui se mesuraient tous les uns aux autres...

Alors un soir, il était rentré dans son petit appartement, et avait fait quelques recherches sur le net. Et il était tombé amoureux d'un endroit dans les montagnes, complètement au hasard. Hongjoong avait passé des heures sur son écran, à regarder avec ses yeux brillants les beaux paysages qui défilaient sous ses yeux. Et ce fut un « et si » qui enclencha sa toute nouvelle folie. Il s'imagina là-bas, dans une petite maison éloignée de tout. Un petit village, des gens chaleureux, une ambiance radicalement différente, de l'air frais, de la nature... C'était de ça dont il avait besoin.

Ses parents n'avaient pas compris. Ils l'avaient regardé tout claquer, en prenant ses économies avec lui. Sa mère avait pleuré, en essayant de le retenir, en lui disant que cette vie n'était pas faite pour lui. Où allait-il trouver un travail convenable ? Qu'allait-il faire là-bas ? Allait-il pouvoir s'assurer un avenir convenable ? Son père, obsédé par la famille et sa propre descendance, lui avait hurlé que ce n'était pas raisonnable, qu'il ne méritait pas une fille des champs comme épouse, et qu'il devait redescendre les pieds sur terre. Hongjoong avait levé un sourcil, agacé, et avait réalisé la chose suivante : Ils s'en étaient toujours fait pour leur image, non pour lui. Et cela avait achevé de le convaincre. Il tournait le dos à ses idées vieilles comme le monde, à ses objectifs de vie qu'il n'avait jamais voulus.

Il voulu vivre pour lui. Et cela commençait maintenant.

    Il avait acheté une vieille bergerie à une vielle femme qui avait rejoint ses petits enfants à l'autre bout du pays. La vieille femme lui avait assuré qu'il n'aurait aucun mal à trouver des bêtes pas chères dans le coin, ni à faire fonctionner son commerce auprès des villages voisins : elle était la seule bergère du coin. Alors Hongjoong s'était senti confiant. Il partait de rien, mais avait envie de pousser son rêve d'aventure et de liberté aussi loin.

La bergerie était belle. À retaper, mais belle. Il tomba immédiatement amoureux de l'endroit. Le village dont il était le plus « proche » aussi était beau, mais il ne fit que passer devant en bus, avant de terminer son trajet à pied, avec pour seuls bagages ses deux énormes valises qu'il eut bien du mal à transporter. Le soir même de son arrivée, il se rua dehors, dans son nouveau « jardin », la montagne, et leva le nez vers les étoiles. Jamais il n'avait vu le ciel aussi clair et brillant et cela lui fit monter les larmes aux yeux. Ce soir-là, il se jura de faire de cet endroit le plus bel endroit du monde à ses yeux.

    Et le lendemain, déjà, il avait eu sa première visite. Il ne s'y attendait pas réellement, mais il accueillit le nouveau venu avec un petit sourire, un peu timide. Le type traînait un vélo à ses côtés, et semblait bien fatigué de sa montée pour venir le voir. Il avait semblé déstabilisé de le voir ici, et Hongjoong avait porté par réflexe une main au chapeau noir qu'il portait ce jour là. Sans doute devait-il trouver sa couleur de cheveux douteuse – il voulait bien croire que les cheveux décolorés ou quoi ne courrait pas les chemins de montagnes – ou bien peut-être se demandait-il tout simplement ce que quelqu'un d'aussi jeune faisait dans une bergerie, perdu dans les montagnes. Cela dit-, le bleuté fut tout aussi surpris de réaliser que ce type, aussi jeune que lui, était le facteur du coin. Quelle drôle de vocation. Ils s'étaient présenté, Hongjoong lui avait décroché un sourire immense avant de lui souhaiter bonne chance pour le retour.

    Et puis, le manège s'était répété plusieurs fois, à mesure que les jours passaient et que Hongjoong mettait de l'ordre dans son local nouvellement acheté. La première semaine il dépoussiéra intégralement, et fit le tri des affaires à garder, puis de celles à jeter. Seul, ce n'était pas aisé, mais la plénitude qu'il ressentait en faisait tout cela était si bonne que jamais il n'aurait souhaité échanger ces moments contre quelque chose d'autre. Et le facteur passait, lui apportant des lettres. De ses parents au départ, inquiet de sa condition. Puis juste de son père qui le menaçait de venir le chercher par la peau des fesses s'il ne cessait pas cette folie. Et puis, à mesure que les jours passaient, que les courriers de ses parents inquiets arrivaient, Hongjoong mettait un point d'honneur à essayer de se faire un nouvel ami : le facteur.

Il n'avait pas encore osé descendre dans la vallée pour rencontrer les autres habitants, se contentant d'aller faire ses courses loin, très loin, en évitant soigneusement le regard des gens. Mais le facteur, lui, lui paraissait enclin à bien vouloir lui parler et faire connaissance.

"J'ai de nouveaux courriers aujourd'hui ?" Il l'accueillait toujours avec un sourire immense, sans cesser de le détailler de ses petits yeux curieux.

"Lettres personnelles et le nouveau menu du restaurant de Joëlle !" Il sortit les papiers de sa besace, souriant.

"Est-ce que je pourrais vous demander un service ?" Il fouilla un instant dans la chemise cartonnée qu'il tenait entre ses bras. "J'ai des petites annonces à déposer en ville, dans les boîtes aux lettres des gens... Vous pourriez... m'aider ?"

Il n'osait pas vraiment le tutoyer, après tout, ils ne se connaissaient pas plus que cela. Et Hongjoong était bien trop timide pour faire le premier pas.