[Le Vent de la Montagne] - Hongjoong X Seonghwa

Une décision

Seonghwa fixait le plafond avec une intensité qu'il pensait jusque-là impossible. Tout son être, chaque cellule de son corps était focalisé sur la petite fissure qu'on aurait pu prendre pour un cheveu errant. Ne pas admettre ce qui était en train de se passer demandait une concentration dépassant tout ce qu'il avait connu. Sur son torse, Hongjoong marmonna des syllabes aléatoires en se repositionnant, et l'invité serra ses dents un peu plus fort.

    Il avait dormi. Un peu. Pas assez profondément pour ignorer les ronflements et les coups de coude qui pleuvaient sur lui. Mais il n'allait pas se plaindre, la pluie martelait toujours le toit et les volets, et il était généreux de lui offrir son hospitalité. Quand il avait commencé à lui grimper dessus, il avait fait de son mieux pour se plaquer contre le mur et repousser délicatement ses bras et jambes inquisiteurs. C'était peine perdue. Pour chaque membre éloigné, deux autres prenaient sa place. Alors il avait abandonné, et avait simplement décidé d'attendre. Attendre que ça passe, qu'il n'ait plus à gérer les sentiments qui lui faisaient tourner la tête dans cette position, qu'il n'ait plus à penser à ce qu'il lui avait dit la veille.

    Seonghwa roula violemment des yeux, retenant de justesse une inspiration irritée. Il avait vraiment essayé d'en discuter avec lui. Il avait même commencé à hausser la voix pour qu'ils aient cette discussion maintenant. Mais en deux secondes, Hongjoong était devenu aussi réactif qu'un tronc. Un tronc avec beaucoup de branches pour le gifler. Qui lâchait ce genre de bombe pour basiquement s'évanouir juste après ? Est-ce qu'il avait la moindre idée d'à quel point cette affaire le travaillait ?! Certes, il avait probablement été très fatigué après avoir couru jusqu'au village et cherché l'agneau dans les bois. Mais tout de même !

    Déjà, est-ce que ça voulait dire qu'il était réceptif à ses avances ? Au moins il n'avait pas jeté ses lettres vu qu'elles étaient sur son lit. Est-ce qu'il les relisait ? Sur son lit ? Seonghwa sentit un autre vertige arriver, et se concentra à nouveau sur la fissure du plafond. Une fissure plutôt commune. Il en avait vu plein des comme ça. En fait, même parmi les fissures habituelles qu'il avait vu, celle-ci était remarquablement ennuyeuse. Rien de particulier n'aurait pu la décrire. Certainement, une fissure de la ville ne serait pas intéressée.

    Seonghwa sentit les muscles de son cou se contracter dans son effort d'étouffer son cri de frustration. S'il avait été seul, dans son lit, il aurait roulé dans tous les sens, se cognant la tête contre le coussin et battant des jambes. Ici, il ne pouvait même pas extérioriser. Sa solution de secours, fuir sur le canapé et s'effondrer émotionnellement là-bas, était morte au moment où l'objet de son trouble l'avait coincé dans une espèce de prise de catch bloquant tout mouvement. Alors il ferma à nouveau les yeux, respira profondément, et se pria de reprendre ses esprits.

    Il pensait avoir atteint un état quasi méditatif quand Hongjoong se propulsa en-dehors du lit en criant, ses excuses se multipliant alors qu'il s'inclinait profusément au-dessus de sa couverture, depuis longtemps réduite à une boule sur le sol. Encore sous l'effet de ses efforts de dissociation, Seonghwa se redressa lentement, sentant son sang recirculer dans un de ses bras. Il le regarda en silence une seconde avant de retrouver la parole.

    "Hum... Bonjour."

    Hongjoong se figea, clairement mort de honte. Malgré tout, il réussit à forcer un :

    "Bon... Bonjour ?"

    "Laisse-moi juste quelques secondes", grimaça-t-il en entendant claquer sa hanche.

    Il avait à peine réussi à s'asseoir confortablement que la limite de Hongjoong fut clairement dépassée.

    "Je vais préparer le petit déjeuner", cria-t-il à moitié en disparaissant par la porte.