Chapitre 33 - Une sortie fatale.

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Sunday, June 17th

9h45

Brampton, Banlieue de Toronto.

Nous venons d'atterrir à Brampton, la ville de naissance de Maggie. Sur le tarmac, un véhicule sombre aux vitres teintées nous attend. Sans perdre de temps, nous nous y engouffrons. Marcus, Heather et Charly prenne place au milieu du break, derrière le chauffeur, quant à moi, je m'installe au fond entre mes deux garde du corps. L'automobile se met en route, et nous partons vers le lieu de la cérémonie. Le trajet se fait en silence, enfin presque, seule la radio et le bruit du moteur se font entendre. Personne semble avoir envie de parler, du moins, je pense que tous ont compris que je n'étais pas d'humeur à discuter. J'ai à peine parlé depuis mon réveil.

Malgré mes soupçons, je n'ai pu que me résoudre à accepter les faits. Mon harceleur n'y est pour rien dans le décès de mon amie. Il n'y a aucun doute. Il n'y a pas non plus de doute sur ses intentions. La surdose de produit n'était pas accidentelle mais bien volontaire.

Dans le milieu du show-business, les substances sont facilement accessibles, ça se distribue comme des chewing-gum. Souvent sans aucune discrétion. C'est devenu banal. Normal. Les personnalités clean, n'ayant jamais touché aucune drogue, je ne sais même pas si on peut les compter sur les doigts de la main. J'en ai vu tellement le faire sous mon nez. La dernière, c'était Maggie…

Je ne la blâme pas pour autant. Il suffit d'une baisse de moral, d'énergie, de curiosité et la première dose est ingérée. J'aurais très bien pu céder à la tentation moi aussi, j'y ai eu accès quand je vivais dans la rue et d'autant plus quand je suis devenu célèbre.  C'est facile de céder quand tout va mal, j'en aurais eu des occasions. Mais j'ai tenu parce que je voulais viscéralement, prendre ma revanche envers mes parents. Une fois le succès rencontré, ce qui m'a écarté de tout ça, y compris ces derniers temps, c'est mon équipe. Si je blâme quelqu'un pour le décès de mon amie, c'est bien son entourage. Ils auraient dû la protéger d'elle-même, lui faire faire une cure de désintox, mais arrêter de la laisser s'enfoncer.

Certains journalistes disent déjà qu'elle n'a pas eu les épaules pour faire face à la perte de son rôle, mais ils n'en savent rien. Qui sait quelles autres souffrances elle portait en elle. Personne. La drogue brouille les idées, accroit la tristesse, la détresse. C'est cette merde qui l'a tuée, à petit feu.

Perdu dans mes pensées, je refais surface, lorsque Dustin m'interpelle. Alors que tout le monde est descendu de voiture, je suis toujours sur mon siège.

— Chéri, on est arrivé.

Un léger sourire s'esquisse sur mon visage alors que je descend du véhicule. En cette journée particulièrement triste, il n'y a que les mots doux de mon homme qui me réchauffe le cœur. 

Nous nous dirigeons vers l'église où s'entassent de nombreuses personnes. J'en reconnais quelques unes, comme son agente ou bien des célébrités. En revanche, sur les tout premiers banc, je ne vois que des inconnus. Sa famille proche sans aucun doute. Et je n'ai pas tord, car un quart d'heure plus tard, les uns après les autres, ils lisent tant bien que mal, une éloge.

C'est ébranlé que je ressors de la bâtisse, comme toutes les personnes autour de moi. Au milieu de cette foule qui s'apprête à suivre le corbillard, je repère un individu que je ne m'attendais pas à voir. Je m'avance vers lui, collé au train par mon équipe, et le salue.

— Riley, bonjour.

— Oh Jayden. Bonjour. Toutes mes condoléances, je sais que tu connaissais bien Maggie.

— Bien, c'est un grand mot, mais oui, je la côtoyais.

— C'est une question idiote mais comment ça va ?

— Pas terrible. C'est déjà compliqué ma vie en ce moment, cette tragédie ne fait qu'en rajouter une couche. C'est un jour difficile. Excuse-moi de te demander ça, mais comment ça se fait que tu sois ici ? Tu ne connaissais pas Maggie ?

— En fait si un peu. Tu te souviens de cette soirée sur le roof top où on s'est rencontré ?

— Absolument, celle où tu as fait enrager mon futur mec en me draguant, et où je t'ai gentiment stoppé.

— Exact.

— Bien tu m'avais vaguement parler d'elle, en me l'a montrant. Ensuite, il se trouve que je l'ai revu dans le cadre professionnel. Je tenais le deuxième rôle principal dans le film où elle devait jouer.  J'étais son partenaire à l'écran...puis malheureusement il lui ont retiré sa place comme tu le sais. Une grosse connerie, parce qu'elle était douée.

— Ça je suis bien d'accord.

— J'ai laissé la prod en plan dès que j'ai su pour son décès brutal. J'ai refusé le rôle. Je n'avais pas envie de tourner avec quelqu'un d'autre, alors me voilà ici. Pour lui dire au revoir. J'ai pas eu le temps de la découvrir mais c'était une bonne personne.

— Oui. Vraiment.

— Sinon, t'es toujours harcelé ?

— Hum, mais l'enquête avance. Je suis désolé de la merde que ça à déclenché dans ta vie.

— C'est vrai que ça m'a mis en mauvaise posture mais au final, c'est un mal pour un bien. Je n'aurais plus à avoir peur qu'on me grille avec un mec. Tu avais raison, cacher ma bisexualité toute ma vie, ça me l'aurait pourrie et j'ai réalisé que même si ça plantais ma carrière, je m'en foutais. Le plus important dans le fond, c'est d'être heureux, pas d'être célèbre. On voit bien en ce jour triste, que la célébrité et l'argent, ne fait pas forcément le bonheur.

— Comme tu dis. Et tu as fais des rencontres intéressantes ?

— Des découvertes sur certaines personnalités, mais comme moi avant, frileux d'être eux-mêmes, alors j'ai pas cherché à voir plus loin. Mais il y a quand même un mec qui à attiré mon attention.

— Et qui est-ce?

— Quelqu'un que je côtoie depuis longtemps mais avec qui j'avais toujours réfréner mes ardeurs. Un homme de mon entourage. Mon maquilleur attitré. Le souci, maintenant, c'est que c'est plus compliqué de rester sérieux quand on est en loge.

— J'imagine bien.

— En tout cas, les rumeurs sur nous deux ont fini par se tasser.

— Oui, ton intervention pour rétablir la vérité, à été entendu visiblement.

— D'ailleurs, désolé encore d'avoir été un peu rude avec toi, après la diffusion de la photo. Tu n'y étais pour rien, et cette situation c'est surtout moi qui l'ai cherché. Le coup de la mèche de cheveux, c'était intéressé.

— Je le savais bien, murmure Dustin dans mon dos.

— Sans rancune, j'ai pas pu m'en empêcher, il est beaucoup trop canon  ton mec.

— J'avais remarqué oui. C'est bon, ça va. Je t'excuse. On en parle plus.

Riley nous souris brièvement et nous faisons à nouveau silence. Lentement, on suit le véhicule funéraire qui vient de se mettre en route.

Le cortège finit par s'arrêter à peine deux cent mètres plus loin, à proximité de l'emplacement où va reposer Maggie. Les minutes qui suivent sont ponctués de larmes, de reniflement et de hoquet de la part de l'assemblée réunie, alors qu'elle est mise en terre. Après un discours de l'homme de foi, tour à tour, les gens commencent à déposer des roses blanches. Certains accompagne leur geste de quelques mots.

C'est presque mon tour de m'avancer quand j'entends Dustin sussurer tout bas.

— Travis, reste près de James et sois aux aguets. J'ai cru voir quelques chose, faut que je vérifie. Ne vous éloignez pas du groupe. Et faites comme si de rien n'était.

— Entendu.

Soudainement inquiet, j'interroge :

— Pourquoi, tu as vu quoi?

Il ne me répond pas et s'éloigne en toute discrétion de l'assemblée. Je suis prêt à me retourner pour regarder où il va, mais mon meilleur ami m'en empêche.

— Il te faut rester tranquille.

— J'aime pas du tout ça, il avait le visage grave, très sérieux.

— Comme nous tous, c'est de circonstances. C'est sûrement rien ok.

— Si c'était rien, il ne t'aurais pas fait ces recommandations.

Travis m'appuie légèrement dans le dos. C'est à moi de m'avancer auprès de la tombe. Je m'approche, suivi de très près par mon ami.

Pendant, un court instant, je murmure quelques mots dans ma tête, puis mes doigts se desserent de la tige épineuse. À la seconde où la rose aux pétales immaculée touche le bois du cercueil, mon coeur fait un bon. Je sursaute, tout comme tout les gens autour de moi. Certains court, d'autres se couchent à terre, paniqué.  Un coup de feu vient de retentir. Mon meilleur ami, ainsi que mon équipe commence à faire bloc autour de moi et tente de m'emmener en sécurité rapidement.

Mais je ne me laisse pas faire, le regard scannant les environs, à sa recherche. Lorsque mes yeux le captent enfin, je m'extirpe des griffes des bras qui me retiennent, et court à grandes foulées en direction de Dustin. Je n'écoute pas les voix qui m'interpellent, je ne vois que mon homme étendu au sol et ce type pointant une arme sur sa tête.

J'hurle pour attirer son attention et son pistolet se pointe vers moi. La peur au ventre, je continue tout de même à courir vers lui, jusqu'à arriver à leur hauteur.

— Je t'en prie, ne...ne fais pas ça !

Mon homme est allongé dans l'herbe, au pied d'un arbre. Sa main pleine de sang est posée contre sa poitrine. Elle tente de canaliser le flux d'hémoglobine qui s'écoule de son corps, imbibant sa chemise blanche. Il croise mon regard et s'exclame :

— James, putain....qu'est-ce que tu... fous-là! Va-t-en...Dégage!

Je ne porte guère d'intérêt à ce qu'il m'ordonne et fixe mon ennemi dans les yeux. Le visage défiguré par la rage, il place de nouveau son flingue vers mon bodyguard.

— Attend s'il te plaît. Écoute-moi! Laisse-moi te parler. On peut discuter tous les deux.

— Lâche ton arme! Crie Travis, brandissant la sienne, en arrivant à nos côtés.

L'individu sort un deuxième revolver, celui de Dustin que je reconnais et vise Tray. À présent, les deux hommes que j'aime le plus au monde, ont un canon dirigé vers leur crâne.

— On se calme, tout va bien aller. Dis-je n'en étant absolument pas convaincu. Hey...écoute...

Il tourne le regard vers moi, tout en gardant un oeil sur Travis.

— Ne leur fais pas de mal, s'il te plaît. C'est moi que tu veux, alors on va partir ensemble. Je vais te suivre mais uniquement si tu leur fais plus de mal.

— C'est des conneries! Tu vas me l'a faire à l'envers.

— Non. Je t'assure. J'attendais que ça de pouvoir te revoir. Tu as beau avoir changé ton physique, rasé ta barbe, teint tes cheveux, mis des lentilles, ce regard qui m'a captivé, je pourrais jamais l'oublier. C'est toi qui m'a interpellé après mon premier concert pour me remettre une lettre, Vince, je me trompe pas.


— Oui, c'est moi. Tu as aimé ma lettre ?

— Bien sûr, je l'ai adoré. Puis tu es venu à la scéance de dédicace.

— Tu te souviens vraiment de moi ?

— Comment veux-tu que je t'oublie, personne ne m'a jamais regardé comme tu l'as fait. Ça m'a frappé en plein coeur.

— Il est où le bracelet et la casquette ?

— La casquette est dans notre demeure provisoire mais le bracelet, je ne l'ai plus.  Les enquêteurs ont découvert le traceur à l'intérieur. Ils pensent que tu es mauvais pour moi, dangereux mais moi je suis certain que non. T'es pas un garçon méchant. Tu voulais juste me voir parce que tu m'aimes...Il n'y a rien de mal à ça.

— Mais toi tu l'aimes lui! Je t'ai vu sur la photo, tu l'embrassais, je sais que c'était lui. Dit-il tremblant de rage.

J'entends le cliquetis de l'arme qu'il déverrouille. Le canon est à seulement quelques centimètres de mon chéri, qui ne réagit plus, à présent inconscient. J'ai envie d'hurler, de me jeter contre ce sale type, mais je me raisonne et réplique, paniqué.

— C'est lui...lui qui m'a embrassé et je l'ai repoussé très vite après ça. Ça c'est arrêté là. Je lui ai expliqué que mon coeur était épris de toi depuis que j'avais croisé ton regard, et je voulais te le dire mais j'avais aucun moyen pour te trouver. La police te cherchait après l'histoire du traceur et je me disais que ce serait un moyen de te rencontrer, mais ils ont rien trouvé sur toi. Rien du tout. Tu peux pas savoir comme je suis heureux de te voir enfin...

— C'est vrai, tu voulais vraiment me revoir ?

— Évidemment, je me suis même dit qu'en créant le questionnaire que j'ai fait récemment, je pourrais te retrouver avec ton prénom et te contacter pour te retrouver. Mais j'ai été triste de voir que tu n'y avait pas participé...

— Si, je l'ai fait. Mais j'ai pas mis mon  nom et c'est pas moi qui l'ait remplit. Je suis pas assez con pour donner mes coordonnées. Je sais que la police est à mes trousses.

— C'est vrai, tu es bien plus fort qu'eux, et plus malin. Mais, on doit vraiment prendre la fuite maintenant. C'est certain qu'ils ont été prévenus après ton coup de feu et tu as blessé quelqu'un. Il faut partir sinon tu vas finir en prison. Je veux pas que ça arrive et toi non plus, t'as pas envie qu'on soit séparé. S'il te plaît Vince...

Il semble réfléchir un instant, puis reprends ses esprits alors que non loin derrière nous des portes de voitures claquent. Les forces de l'ordre rappliquent. D'un geste vif, mon harceleur m'attrape et pointe son arme dans ma nuque.

— N'approchez pas sinon je le tue!

Les hommes en uniforme, le braquent, revolver en main et tente de l'amadouer. À terre, Travis, s'enquiert de l'état de Dustin, alors qu'au loin les sirènes d'ambulance retentissent. 

— Je vais reculer jusqu'à ma bagnole et me casser avec lui. Vous allez nous laisser partir, sans nous suivre. Si vous essayez, je le descend ! J'hésiterai pas!

Je me sens entraîner malgré moi et suit le mouvement impuissant, tout comme l'équipe d'intervention. Quelques secondes plus tard, je me retrouve forcé de monter dans son véhicule, qui très vite prend la route.














































Entre ombre et lumièreWhere stories live. Discover now